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Fête de Noël – 25 décembre 2020
Évangile de Luc 2, 1-20

Voici ton Sauveur qui vient

Fête de Noël – 25 décembre 2020 – Évangile de Luc 2, 1-20
Fra Angelico, dominicain.

Dieu parmi nous


« La gloire de l’homme, c’est Dieu ...Le Christ a appelé l’homme à lui devenir semblable.
Il lui donne donc pour mission d’être imitateur de Dieu.

Telle est la mission du Verbe de Dieu qui a fait sa demeure chez l’homme et s’est fait fils d’homme pour accoutumer l’homme à saisir Dieu, et pour accoutumer Dieu à habiter dans l’homme...

Isaïe a dit : « Prenez courage, cœurs pusillanimes ...Voici que Dieu viendra nous sauver ».
Ainsi ce n’est pas de nous, mais du secours de Dieu que nous devons attendre le salut ».

Saint Irénée (mort en 202)

Fête de Noël – 25 décembre 2020
Évangile de Luc 2, 1-20

Voici ton Sauveur qui vient

(Isaïe 62)

La sinistre pandémie n’a pu être endiguée à temps pour nous permettre de déployer tous les fastes de ce que l’on appelle maintenant « la magie de Noël ». Lourdes peines pour les aînés privés de visites, tristesse pour les familles empêchées de se réjouir à la même table, gros soucis financiers pour les commerçants obligés à la fermeture, désarroi des artistes dans des salles vides. Toute crise bouscule, cause des dégâts mais donne aussi l’occasion de réfléchir. Il ne faut pas se tromper de fête.

Puisque « Noël » dérive du mot latin « natalis - dies », jour de la naissance, de qui donc nos villes en pleine effervescence fêtaient-elles l’arrivée dans le monde ? La réponse est flagrante : au fil des dernières années, on a vu peu à peu se vider les églises et disparaître les crèches représentant la scène de Bethléem pour voir surgir l’omniprésent, le rubicond, le jovial, le cocacolagène « père Noël ». C’est lui le bien-venu.

Le gros malin a réussi à s’attribuer le nom de la fête. L’Évangile nous racontait la naissance d’un fils : le monde préfère un père, et même un brave vieux grand-père. Que Dieu vienne dans l’être le plus fragile, le plus vulnérable, le monde repousse ce qu’il appelle un « mythe » et il accueille un vieux richard, au nez rouge, qui surgit et distribue les cadeaux les plus mirifiques. A condition d’avoir des fonds !

L’Évangile nous faisait le plus merveilleux cadeau : un Dieu qui se fait la faiblesse incarnée pour que nous devenions adultes et empoignions nos responsabilités pour le laisser grandir et le sauver de l’oubli. Les hommes ont préféré rester des enfants aux yeux écarquillés par les étalages, éblouis devant un sapin illuminé, manipulés par la pub’, enchantés de recevoir de nouveaux jouets.

L’Évangile nous montrait un jeune couple fraîchement marié, un artisan de village et une jeune femme enceinte. Au lieu d’attendre l’heureux événement au milieu de leurs parents, un édit impérial les avait obligés à prendre la route, à descendre en Judée, à plus de 100 km. Et le moment venu, par manque d’argent, Marie avait dû accoucher dans une étable, comme d’ailleurs beaucoup de misérables.

Des migrants, des pauvres sans ressources qu’il va falloir accueillir et aider : la scène est poétique quand elle se joue avec des santons peinturlurés mais dans le réel ? Le monde ne supporte pas que des émigrés, des affamés lui gâchent sa fête de Noël : les braiments du bourricot pourraient gâcher la mélodie sirupeuse de « White Christmas ».

Garder et méditer les événements

Marie, épuisée, contemple son enfant enveloppé d’un linge, endormi sur la paille d’une mangeoire. Et elle a la surprise d’avoir la visite de quelques gamins pouilleux, des gardiens de moutons. L’étable devient le lieu des veilleurs, des vigilants, de ceux qui sont au centre de l’histoire tandis que tout autour, aveuglés par la cupidité, l’ambition, la violence, la folie des divertissements et des voyages, les hommes continuent à jouer la comédie humaine. Il n’y a rien de magique dans le véritable Noêl.

Tout s’est passé tellement vite. Marie se rappelle : le mariage, l’annonce de l’ange, la visite chez Élisabeth, le dur voyage. « Tu auras un fils, il aura le trône de David, il sera roi pour toujours, on l’appellera fils de Dieu ». Cette promesse semble tellement démentie par la situation : le déracinement, une étable, la paille…Mais mon enfant est né dans le village de David ; à Bethléem, qui signifie « la maison du pain » ; et il dort dans une « mangeoire ». Que signifie tout cela ? « Je suis la servante du Seigneur. Que tout m’arrive selon ta parole ».

L’évangéliste Luc spécifie l’activité capitale de Marie : « Elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ». Celui qui s’engage à servir Dieu n’exige pas de programme : au jour le jour il sert, il se donne tout entier à la réalisation de la volonté de Dieu. Il peut être surpris, anxieux, désarçonné : qu’il cherche à interpréter les événements qui se succèdent. Qu’il sache que Jésus est né dans. son cœur, qu’il ne doit pas l’abandonner, que sa mission est d’apporter le Sauveur à un monde terrifié par les guerres, le réchauffement climatique, l’expansion du covid.

La foi chrétienne n’est pas une impression volatile, une piété avide de merveilleux, un souci du ciel qui entraîne à la résignation en ce monde. Elle est marche inlassable sur un sentier ardu, barque dans la tempête. Mais elle comble de la joie d’être un homme libre, un enfant né du vrai Père.

Frère Raphaël Devillers, dominicain

Fête de la Sainte Famille - Année B – 27 décembre 2020
Évangile de Luc 2, 22-40

Jésus un Signe Contesté

Moment solennel. Au 40ème jour, les parents apportent leur nouveau-né au Temple pour accomplir les deux rites prescrits par la Loi, la purification rituelle de la mère et le rachat du premier-né. Curieusement Luc ne raconte pas la cérémonie : le prêtre anonyme désigné ce jour-là n’a rien remarqué de spécial et il a accompli son service avec piété pour un couple qui ressemblait à tous les autres et qu’il a salué avant de recevoir le suivant.

Dès le départ il y a là comme un présage de ce qui va se produire quelques années plus tard : les autorités du Temple, les prêtres sadducéens ne reconnaîtront pas Jésus. Ils vont l’accuser d’être un perturbateur, un blasphémateur et ils finiront par obtenir sa condamnation. Mais 40 jours après la renaissance de sa résurrection, il « montera » au ciel. Puisque le temple terrestre de pierres l’a rejeté, son Père accueillera son Fils dans sa demeure céleste. L’amour jusqu’à la mort ouvre à l’Amour sans mort.

Avertissement majeur de l’Évangile : malgré la splendeur de ses édifices et la solennité de ses cérémonies, le système religieux peut méconnaître les envoyés de Dieu. Engoncé dans ses traditions, figé dans son cérémonial, rétif à toute réforme, il risque de rester aveugle aux signes des temps, sourds aux appels des prophètes qui, avant lui, voient l’avenir.

Les vieux qui voient

Luc s’attarde beaucoup plus longuement sur l’événement qui précède les rites. Alors que le jeune couple traversait l’immense esplanade pour atteindre le local prévu, tout à coup un vieux monsieur vint à leur rencontre. Il s’appelait Syméon et était rempli de l’Esprit-Saint. Sa piété n’était pas seulement rituelle, routinière mais son cœur brûlait de l’attente du Messie annoncé par les Écritures. Il souffrait vraiment du malheur de son peuple opprimé et il avait l’intuition qu’il ne mourrait pas sans avoir vu apparaître ce Messie.

Comment a-t-il su ? Comment a-t-il été attiré par ce couple que rien ne distinguait, par ce bébé semblable à tant d’autres ? Tout ému il demande à Marie de lui confier son enfant et il éclate en prière :
Maintenant, Seigneur, tu peux laisser partir ton serviteur dans la joie. Car j’ai vu ton salut que tu as préparé pour tous les peuples. Il est la Lumière pour éclairer les nations païennes et sera la Gloire de ton peuple Israël ». Le père et la mère étaient tout étonnés.


Dieu révèle son projet de façon progressive au fur et à mesure que les croyants lui obéissent. Marie a suivi le message de son annonciation lui promettant un enfant, à présent, à l’occasion d’une rencontre impromptue elle apprend tout à coup que Jésus, le messie glorieux d’Israël, sera également le Messie qui sauvera toute l’humanité. L’envoyé de Dieu n’est plus un Ange mais un brave vieux qu’elle n’a jamais vu. Elle et Joseph sont tout surpris d’entendre telle nouvelle. Mais la suite va les faire frissonner.

Un Messie souffrant


Syméon les bénit et dit à Marie : « Ton fils provoquera la chute et le relèvement des gens en Israël. Il sera un signe de division. Et toi, ton cœur sera transpercé par une épée ! Mais ainsi les pensées secrètes des hommes seront dévoilées ».


Israël attendait un Messie, un Roi tout-puissant à qui nul ne résisterait, qui anéantirait le mal et ferait triompher le bien. Le vieil inspiré prévient Marie : Attention ! Ton fils ne fera jamais l’unanimité. Certains le reconnaîtront mais d’autres, beaucoup d’autres, le soupçonneront de mensonge, critiqueront son programme, le couvriront d’injures. Il restera un signe, c.à.d. un Messie humble devant lequel la liberté doit se décider. Beaucoup le contesteront, le détesteront, certains voudront même sa mort. Devant cette scission de ton peuple, devant ce déferlement de haine, toi, la maman, tu seras épouvantée. Le déchirement de ton peuple déchirera ton cœur.

Mais c’est de la sorte que, devant ton Fils et son message, apparaîtra la vérité profonde des êtres. Grandes tenues, titres ronflants, blasons, orgueil et ambition, renommées et exploits, les masques tomberont et la vérité de chacun se révèlera. Devant la crèche et la croix, ce n’est pas Dieu qui juge : l’homme se juge lui-même.

Une femme aussi peut être prophète : voilà que surgit également Anne, une veuve très âgée. Luc la présente comme le modèle des vieux qui, animés par l’Esprit, continuent à prier et à faire pénitence pour que vienne le salut. En outre, elle devient évangélisatrice car il faut annoncer la Bonne Nouvelle.

Elle servait Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance d’Israël.

Les années obscures


Après avoir bien accompli tout ce que prescrivait la Loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.


Sauf l’épisode de la fugue de Jésus à 12 ans, plus rien ne sera dit sur cette trentaine d’années dans le village ignoré de Nazareth. Il ne reste à Marie et Joseph qu’à élever cet enfant, en gardant tout ce qu’ils ont appris de lui. Il ne faut pas anticiper le dessein de Dieu mais paisiblement, patiemment, vivre la banalité du quotidien. Ce temps ordinaire nous apprend à vivre le nôtre : silencieux, le Messie est là. Nous le gardons et il nous garde.

Frère Raphaël Devillers, dominicain

La dignité de la personne âgée et sa mission dans l’Église et dans le monde

La dignité de la personne âgée et sa mission dans l’Église et dans le monde

Le Pape François, dans le cycle de ses catéchèses sur la famille, s’est arrêté plusieurs fois pour réfléchir sur le sujet de la personne âgée et de la vocation contenue dans cet âge de la vie. « Les personnes âgées sont une richesse, on ne peut pas les ignorer », a dit le Saint-Père, en dénonçant encore une fois cette culture du rebut qui dans nos sociétés touche aussi les personnes âgées, considérées comme un poids. « Les personnes âgées sont des hommes et des femmes, des pères et des mères qui sont passés avant nous sur notre même route, dans notre même maison, dans notre bataille quotidienne pour une vie digne. Ce sont des hommes et des femmes dont nous avons beaucoup reçu. La personne âgée n’est pas un extra-terrestre. La personne âgée, c’est nous, dans peu de temps, dans longtemps, mais cependant inévitablement, même si nous n’y pensons pas. Et si nous apprenons à bien traiter les personnes âgées, nous serons traités de la même manière ».

Le Pape a ensuite conclu en faisant appel à notre conscience pour renouveler le choix de la proximité et de la gratuité envers les personnes âgées : « Nous, les personnes âgées, sommes un peu toutes fragiles. Certaines, cependant, sont particulièrement faibles, beaucoup sont seules, et frappées par la maladie. Certaines dépendent de soins indispensables et de l’attention des autres. Ferons-nous pour cela un pas en arrière ? Les abandonnerons-nous à leur destin ? Une société sans proximité, où la gratuité et l’affection sans contrepartie, même entre étrangers, disparaissent, est une société perverse.

L’Église, fidèle à la Parole de Dieu, ne peut pas tolérer cette dégénérescence. Une communauté chrétienne où proximité et gratuité ne seraient plus considérées comme indispensables, perdrait son âme avec celles-ci. Là où on ne fait pas honneur aux personnes âgées, il n’y a pas d’avenir pour les jeunes ».

Le Conseil Pontifical pour les Laïcs a publié un document sur les personnes âgées : “Dignité et mission des personnes âgées dans l’Église et dans le monde (lien à cliquer).

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Un Livre superbe - Un magnifique cadeau

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Mille questions abordées sans tabou :
Que s’est-il passé après la mort de Jésus ? – Les premiers chrétiens ont-ils considéré Jésus comme étant « Dieu » ? – Paul était-il misogyne ? – Y a-t-il eu un enseignement secret de Jésus ? – Les rapports avec Israël – La gnose – Les Pères de l’Église- etc....

704 pages – 49 euros – Éditeur Albin Michel
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