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33ème dimanche – Année A – 15 novembre 2020

Évangile de Matthieu 25, 14-30

Le Rendement de la Foi

33ème Dimanche – Année A – 15 novembre 2020 – Évangile de Matthieu 25, 14-30

L’Église dans le monde de ce temps


Saisi d’admiration devant ses propres découvertes et son propre pouvoir, le genre humain s’interroge, souvent avec angoisse, sur l’évolution présente du monde, sur la place et le rôle de l’homme dans l’univers, sur le sens de ses efforts, sur la destinée ultime de l’humanité...
C’est l’homme qu’il s’agit de sauver, la société humaine qu’il faut renouveler...

Le Concile offre au genre humain la collaboration sincère de l’Église pour l’instauration d’une fraternité universelle qui réponde à cette vocation. Aucune ambition terrestre ne pousse l’Église. Elle ne vise qu’un seul but : continuer sous l’impulsion de l’Esprit, l’œuvre même du Christ venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condamner, pour servir non pour être servi...

Le message chrétien ne détourne pas les hommes de la construction du monde et ne les incite pas à se désintéresser du sort de leurs semblables : il leur en fait au contraire un devoir plus pressant...
La voie de l’amour est offerte à tous les hommes et l’effort qui tend à instaurer une fraternité universelle n’est pas vain...Cette charité ne doit pas seulement s’exercer dans des actions d’éclat mais, avant tout, dans le quotidien de la vie...

L’attente de la terre nouvelle, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller.

Évangile de Matthieu 25, 14-30

Le Rendement de la Foi

Comme de coutume en cette fin d’année, des voyantes extra-lucides (diplômées) vont booster les ventes de la presse people grâce à leurs prévisions certifiées véridiques pour 2021. Les chrétiens ne tomberont pas dans ce piège à gogos puisque leur Seigneur, depuis longtemps, leur a révélé l’essentiel à savoir sur l’avenir. Ils méditeront les chapitres 24 et 25 de l’évangile de Matthieu qui rapportent l’ultime enseignement de Jésus à ses disciples et ils reliront les Actes des Apôtres et leurs lettres pour mieux comprendre comment les premières générations de disciples ont vécu ce temps d’espérance que nous avons à vivre aujourd’hui encore.

La parabole des dix jeunes filles nous mettait en garde contre la tentation de la lassitude et nous pressait d’avoir une bonne provision de vigilance afin de garder la flamme de la foi. En effet croire que nous ne nous enfonçons pas dans les ténèbres du néant mais que nous marchons vers l’aurore est une flamme exposée à tous les dangers, à tous les vents qui tentent de l’éteindre. Mais si nous perdons la certitude de la victoire finale de la justice et de l’amour (la venue de l’Époux), nous nous résignons à une histoire absurde et nous capitulons devant le règne inéluctable de la mort.

Cette vigilance ne se réduit pas à une opinion pieuse sans impact sur la vie, elle oblige à des prises de position, à des engagements immédiats : c’est ce que nous enseigne la parabole suivante.

Le Seigneur nous confie son œuvre


Jésus parlait à ses disciples de sa venue et il disait encore : « Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens. A l’un 5 talents, à un autre 2, au troisième 1 – à chacun selon ses capacités. Puis il partit ».


Il faut d’abord faire très attention sur le changement de sens du mot « talent ». Dans l’antiquité, il est l’unité de monnaie la plus forte et sa valeur a varié : 25 kg ou même plus d’argent ou d’or. Aujourd’hui le mot désigne une « aptitude particulière à une activité...notamment dans le domaine intellectuel ou artistique ... Un écrivain de grand talent.» (Dictionnaire).

Dans notre parabole, il ne s’agit donc absolument pas d’une qualité innée qui provoque l’admiration de ceux qui n’ont pas ce privilège. Ici c’est le Christ Seigneur qui offre à chacun de ses disciples une force particulière. Il les aime, il leur fait confiance, il compte sur eux pour qu’ils utilisent ce don merveilleux de la foi et travaillent à faire advenir le droit et la justice, à endiguer le mal et à répandre l’Évangile.

Les disciples ne sont pas des robots attelés à la même tâche : le Seigneur connaît chacun et lui donne « selon ses capacités ». 5, 3 ou 1 : ne demandons pas pourquoi cette disparité et plutôt unissons-nous pour exercer notre responsabilité sans jalousie ni concurrence. Et que le disciple qui n’a reçu qu’un unique talent se rende compte de la valeur extraordinaire de ce don représenté par une telle somme d’argent : un trésor !

« Et le maître s’en va » sans préciser ce que les serviteurs doivent faire ni à quel moment il reviendra. Mais il les a équipés. Notre temps est celui de notre responsabilité. Magnifique respect du Seigneur pour la liberté de ses serviteurs : il se repose sur eux pour poursuivre son œuvre, il n’impose pas de programme. La foi libère pour inventer l’avenir.

Il faudra rendre compte


Longtemps après, leur maître revient et leur demande des comptes. Le 1er serviteur s’avance : « Seigneur, tu m’avais confié 5 talents, j’en ai gagné 5 autres. – Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup. Entre dans la joie de ton maître ». Le 2ème dit de même : « Tu m’as confié 2 talents, j’en ai gagné 2 autres ... ». Le maître lui fait une réponse similaire.


Le maître n’a pas précisé la date de son retour et il ne donne aucun signe pour alerter. Tout à coup l’heure sonne d’évaluer la vie.

Les dons du Seigneur ne sont pas un dépôt inerte, la foi ne se limite pas à une opinion privée, à l’observance de rites, à une morale d’honnête homme, elle n’est pas une gerbe d’idées à accumuler. Le talent est une nouvelle capacité qui doit passer à l’action, Chaque croyant en l’Évangile est appelé à devenir son acteur : il faut contrer la puissance du mal qui ravage l’humanité, panser les plaies, faire connaître et appliquer l’œuvre de Jésus, développer sa communauté.

La foi persévère en fidélité qui rend le serviteur « bon ». Non qu’il soit tenu de réaliser des merveilles, d’accomplir des miracles. Tous les Saints que l’on félicite pour leur œuvre se récrient en estimant que c’était si peu de choses. A la fin du magnifique film qui lui était consacré, Monsieur Vincent, l’extraordinaire Vincent de Paul, près de la mort, se lamentait d’avoir si peu fait. Et comme une grande dame s’étonnait: « Mais que vouliez-vous donc faire, Monsieur ? », il murmure doucement : « Davantage, Madame ».

L’engagement chrétien n’est pas facile, il faut prendre un chemin ardu, porter sa croix. Mais au but, quelle récompense nous attend: « Entre dans la joie de ton Maître » ! Joie indicible de la victoire sur la mort, de la communion fraternelle. Saint Paul, en prison, pressentant son exécution prochaine, écrivait : « J’ai le désir de m’en aller et d’être avec le Christ ... Réjouissez-vous» (Phil 1, 23). Et un de mes frères, sur son lit de mort, confiait : « Je vais enfin voir celui dont j’ai tant parlé ».

Un chrétien de nom


« Celui qui avait reçu un talent s’avança : « Seigneur, je savais que tu es un homme dur...J’ai eu peur et j’ai enfoui ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient ». Son maître répliqua : « Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé...Alors il fallait placer mon argent à la banque et à mon retour je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui son talent et donnez-le à celui qui en a 10. Car celui qui n’a rien se fera enlever ce qu’il a ; celui qui a recevra encore et sera dans l’abondance. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres où il y aura pleurs et grincements de dents ».


Cet homme avait reçu le don de la foi, elle lui paraissait importante mais il avait peur : peur de la perdre, peur d’un Dieu qu’il imaginait tel un juge implacable. C’est pourquoi il a caché sa conviction au fond de son cœur sans qu’elle lui inspire projets, décisions, initiatives. Grave erreur car la foi évangélique ne se garde que si l’on s’en sert : elle n’est pas un trésor que l’on enfouit dans sa propre intériorité mais un outil que l’on emploie pour appliquer les enseignements du Seigneur. Donc pour aimer. Exposée aux tempêtes des épreuves, aux insinuations sceptiques, elle se purifie de son infantilisme, elle se renforce. Préservée en cachette, demeurée une formule stérile, elle n’a aucune valeur devant le Seigneur. Elle n’était qu’un vague sentiment religieux, une impression de sacré. Ce pseudo-croyant était « paresseux, bon à rien ». Au lieu d’ «entrer dans la joie éternelle », il reste confiné dans la zone de la vacuité. Celui qui ne lutte pas âprement pour apporter un peu de lumière aux hommes, reste avec eux dans les ténèbres.

Travailler maintenant

Les filles de la parabole précédente nous apprenaient à veiller, à ne pas oublier le terme de la vie ; les garçons de celle-ci nous poussent à nous mettre au travail sans attendre. Les talents sont confiés pour produire des effets immédiats dans l’histoire. Lorsque Pierre et Jean, Paul et Barnabé ont été rejetés par leurs compatriotes et, au risque de leur vie, se sont élancés au cœur d’Athènes et de Rome, ce n’était ni pour enseigner la maîtrise de soi ni pour instiller la peur de l’enfer ni pour augmenter les effectifs de l’Église mais pour apprendre à tous comment vivre. Le Ressuscité avait donné comme mission : « Allez dans le monde entier : apprenez-leur ce que je vous ai enseigné ». Ce qui ne confine pas dans le domaine religieux.

La valeur unique de tout être humain qui est une personne, la valeur de la femme qui n’est pas un objet, du pauvre qui n’est pas un déchet, le refus de tout racisme, le projet d’unir tous les peuples dans une communauté universelle, l’importance du travail pour améliorer les conditions de vie, le respect de la nature qui est un don de Dieu, l’obligation du repos hebdomadaire afin d’endiguer la cupidité... : on n’en finirait pas de détailler l’apport de la foi évangélique – même s’il faut aussi reconnaître les erreurs et les crimes de l’Église.

Quand une petite communauté chrétienne d’une vingtaine de personnes naissait dans la ville débauchée de Corinthe, Paul savait qu’il leur avait révélé l’essentiel : le don de l’Esprit, l’amour infini du Christ leur offraient « les talents » pour s’aimer et de se pardonner. La conversion était la plus profonde des révolutions.

Aujourd’hui nous voici devant la crise imprévisible et dramatique : la pandémie, le désastre économique, la chute des multitudes dans la misère, le ravage de la terre, le réchauffement climatique...Allons-nous garder notre petit talent sous le matelas ou bien, avec un dynamisme inébranlable, allons-nous unir tous nos talents pour réveiller l’Église somnolente ? Nous passerons moins d’heures devant la tv débile, nous serons moins matraqués par la pub’ ensorcelante, nous ne céderons plus aux achats compulsifs. Mais même si nous n’avons aucun talent artistique, musical, oratoire ou financier, nous aimerons. On dira : « Quel talent ils ont, ces chrétiens ! »



Frère Raphaël Devillers, dominicain

Et si vous preniez le temps de (re)découvrir la Parole de Dieu ?

Et si vous preniez le temps de (re)découvrir la Parole de Dieu ?

Père Pierre Vivarès – Publié dans Aleteia le 06/11/20

Pourquoi ne pas profiter de ce temps de confinement pour partir à la rencontre d’un livre, ou d’une série de livres bibliques ? Méditer l’Écriture, c’est prendre le temps d’écouter Dieu nous parler.

Un nouveau temps de confinement s’ouvre à nous. Pour beaucoup, le travail même à distance, les enfants à entourer, la vie quotidienne à assurer va demander toujours beaucoup de travail. Cependant l’absence de sorties amicales, culturelles et hélas même religieuses va naturellement libérer du temps que l’on peut occuper intelligemment, plus intelligemment que sur des plateformes de séries ou des chaînes d’informations anxiogènes.

Comment Dieu parle à son peuple

Il y 73 livres dans la Bible catholique : chacun de ces livres est d’un genre littéraire particulier (livre d’histoire, de prophétie, lettres, médiations, chants, évangiles …), a été écrit pour des destinataires particuliers, dans une langue d’écriture particulière (hébreu ou grec), à une époque de rédaction propre. Chaque livre biblique raconte déjà sa propre histoire et manifeste comment Dieu parle à son peuple. Les textes bibliques, inspirés par Dieu à des hommes, ne descendent pas du ciel en l’état et doivent être étudiés, questionnés, mis en perspective, comparés à d’autres.

Dieu n’a pas peur que nous étudiions sa parole, au contraire même il s’en réjouit, comme l’on se réjouit qu’un être aimé conserve, lise et relise les lettres qu’on lui adresse.

La tradition chrétienne a toujours mis en valeur la lectio divina, la lecture aimante de l’Écriture pour la méditer, la connaître et connaître ainsi ce que Dieu dit à son peuple. La critique textuelle des exégètes a questionné les sources, les influences, les couches rédactionnelles. Dieu n’a pas peur que nous étudiions sa parole, au contraire même il s’en réjouit, comme l’on se réjouit qu’un être aimé conserve, lise et relise les lettres qu’on lui adresse.

Malgré le renouveau biblique du XXe siècle et les études approfondies réalisées depuis plus de cinquante ans afin de permettre au plus grand nombre de connaître l’Écriture, les catholiques sont encore très défaillants dans leur connaissance de la Bible. Pourquoi ne pas profiter de ce temps de confinement pour partir à la rencontre d’un livre, ou d’une série de livres bibliques ?

Laisser le texte nous interroger

Dans chaque bible catholique, il y a un texte d’introduction qu’il est utile de lire. Il y a aussi des notes de bas de page qui éclairent ponctuellement telle ou telle difficulté. Ensuite il faut prendre le temps de lire le texte lentement, éventuellement en soulignant, entourant de différentes couleurs le texte, car, oui, nous pouvons travailler sur le texte dont le support en papier n’est pas sacré. C’est la parole qui est divine et non le papier sur lequel elle est inscrite.

Petit à petit, livre après livre, l’univers de la Bible deviendra comme une ville que l’on connaît, dans laquelle on sait se retrouver sans se perdre.

Après avoir fait cette première lecture accueillante, remplie de questions, reprendre une étude plus poussée, grâce en particulier à des sites Internet comme celui de la Conférence des évêques de France qui donnent des explications claires sur chaque livre et permettent d’en expliquer le contenu, le sens, l’auteur, l’époque. Libérés de questions qui ont des réponses, nous serons alors libres de laisser le texte nous interroger spirituellement, de laisser l’Esprit saint faire son œuvre en nous et nous conduire dans une méditation amoureuse, une alliance avec le Seigneur.

Petit à petit, livre après livre, l’univers de la Bible deviendra comme une ville que l’on connaît, dans laquelle on sait se retrouver sans se perdre. Lors des célébrations, la lecture de tel ou tel passage s’en trouvera plus facile. Nous comprendrons mieux aussi l’Évangile et les enseignements du Christ et des apôtres qui plongent leurs racines dans l’Ancien Testament. La cohérence de l’histoire d’Alliance entre Dieu et les hommes sera plus éclatante. Et surtout nous laisserons Dieu nous parler alors que nous l’accusons sans cesse de se taire et d’être distant. Le souvenir de ces confinements ne sera pas le souvenir de privations, d’une absence de vie, mais le souvenir de la découverte plus profonde de l’œuvre de Dieu dans notre histoire.

ThéoDom
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Nous espérons vous retrouver après Noël. Bon temps de l'avent ! Accueillons notre Seigneur qui vient !

frère Emmanuel Dumont
Responsable des formations en ligne ThéoDom


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