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32ème dimanche – Année A – 8 novembre 2020

Évangile de Matthieu 25, 1-13

Tenir dans la Durée

32ème Dimanche – Année A – 8 novembre 2020 – Évangile de Matthieu 25, 1-13

2ème Lettre attribuée à saint Pierre (sans doute du 2ème s.)


Il y a une chose que vous ne devez pas oublier :
pour le Seigneur un seul jour est comme mille ans
et mille ans comme un jour.

Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse,
alors que certains prétendent qu’il a du retard.
Mais il fait preuve de patience envers vous,
il ne veut pas que quelques-uns périssent
mais que tous parviennent à la conversion.

Le Jour du Seigneur viendra comme un voleur.

Puisque tout doit se dissoudre,
quels hommes vous devez être !
Quelle sainteté de vie ! Quel respect de Dieu !

Vous qui attendez, vous hâtez la venue du Jour de Dieu.
Dans cette attente, faites effort
pour qu’il vous trouve dans la paix, nets et irréprochables.

Vous êtes prévenus : tenez-vous sur vos gardes.
Ne vous laissez pas arracher votre espérance.

Évangile de Matthieu 25, 1-13

Tenir dans la Durée


La fête de la Toussaint a ravivé notre espérance : la sainteté est notre accomplissement, elle est accessible à tous dans le quotidien le plus simple, en marchant sur le chemin des béatitudes. Mais avouons que cette espérance ne va pas de soi : tant de malheurs dans l’humanité, tant de menaces sur le monde, tant d’échecs dans notre vie ! D’où notre intérêt de reprendre la suite de l’évangile de Matthieu qui, en ces trois derniers dimanches de l’année liturgique, nous apprend à tenir dans la durée. Resituons la scène.

Pendant plusieurs jours, sur l’esplanade du temple, Jésus a enseigné, répété son message. La foule l’écoutait mais ne demandait que la santé et guettait une révélation fulgurante du messie ; les responsables religieux le criblaient de questions sans parvenir à le prendre en tort ; les Romains sur le qui-vive se tenaient prêts à réprimer dans le sang toute insurrection de cette ville surpeuplée.

Deux jours avant la Pâque, Jésus sort du temple : c’est fini, sa parole a échoué et il est triste : « Ah Jérusalem, que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants et vous n’avez pas voulu ! ». Et comme ses disciples béent d’admiration devant la splendeur de l’édifice sacré, il les emmène au mont des Oliviers afin de leur livrer son ultime enseignement. C’est son 5ème grand discours dans les chapitres 24 et 25 de Matthieu, son testament, car tout de suite après, le mécanisme de la passion va se déclencher.

Que dit-il ? Ses ennemis vont obtenir sa mort mais l’histoire va se poursuivre : des faux messies apparaîtront, des catastrophes surviendront, les disciples seront persécutés, un jour Jérusalem et son temple seront ravagés. En effet, après plus de 100 ans d’occupation romaine, la révolte éclatera et tout finira dans les ruines en l’an 70. (Matthieu peut le raconter puisqu’il rédige son évangile dans les années 80).

Toutefois le monde ne divaguera pas dans l’absurde jusqu’à son effondrement : le Messie venu en humilité et rejeté sur la croix viendra dans la gloire. La prophétie de Daniel (7, 13) s’accomplira : « Le Fils de l’homme viendra dans la gloire, comme un éclair, il rassemblera les élus et un tri sera effectué». Quand viendra-t-il ? Personne ne le sait. Le jour et l’heure restent à jamais inconnus.

C’est pourquoi Jésus nous exhorte à l’attitude essentielle qui nous permettra de tenir : la vigilance : « Veillez ! Tenez-vous prêts ». C’est l’ultime facette de son enseignement et elle est impérieusement requise. Qu’est-ce donc que cette vigilance chrétienne ? Jésus nous l’explique par plusieurs paraboles. Voici la 3ème.

La Parabole des dix jeunes filles


Alors il en ira du Royaume de Dieu comme de dix jeunes filles qui sortirent à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insensées : elles n’avaient pas emporté d’huile. Cinq étaient avisées : avec leurs lampes elles avaient pris de l’huile dans des fioles. Comme l’époux tardait, toutes s’assoupirent et s’endormirent.


« Alors » désigne donc le mystérieux moment de la fin, lorsque le Royaume inauguré sur terre par Jésus et sa Pâque aura atteint la plénitude de son développement. « Alors » l’union de Dieu dans le corps humain de Jésus aboutira à l’union du Fils dans le corps de l’humanité - union amoureuse telle qu’on peut la comparer à un mariage. Mais quand donc sonnera cet « alors » ?

Après la résurrection, certains disciples croyaient que le Seigneur allait revenir assez rapidement mais il leur fallut vite déchanter. Les années passaient, les persécutions se poursuivaient : il fallut admettre que l’échéance était reportée pour un temps indéfini. Beaucoup étaient « avisés », ils comprenaient que la mission allait durer pendant des siècles, ils tenaient bon, ils s’accrochaient à l’espérance. Hélas certains se lassaient d’attendre, leur patience s’étiolait, ils se laissaient reprendre par les occupations ordinaires, par les soucis du quotidien et la foi devenait un souvenir de jeunesse sans influence sur leur façon de vivre. Ces « insensés » n’avaient plus le sens de la vigilance : la flamme de l’espérance était éteinte.

La fin du sermon sur la montagne avait déjà évoqué ces deux catégories de disciples. D’un côté « les avisés » qui écoutent l’enseignement de Jésus et se décident à le mettre en pratique ; et de l’autre côté les « insensés » qui écoutent la Parole et même qui l’admirent mais sans qu’elle inspire leurs décisions ni qu’elle marque leur style de vie. Les premiers, sages, sont comme des hommes qui bâtissent une maison sur le roc donc qui résiste aux tempêtes ; les seconds, fous, bâtissent sur le sable et les épreuves abattent leur construction (7, 24).

Au milieu de la nuit, un cri retentit : « Voici l’époux : sortez à sa rencontre ».
Toutes les filles se réveillèrent et apprêtèrent leurs lampes. Les insensées dirent aux autres : « Donnez-nous de votre huile car nos lampes s’éteignent ». Les avisées répondirent : « Certes pas, il n’y en aurait pas assez pour nous et pour vous. Allez plutôt en acheter chez les marchands ». Pendant qu’elles partaient, l’époux arriva : les avisées qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle de noces et l’on ferma la porte.
Finalement les autres revinrent et dirent : « Seigneur, Seigneur ouvre-nous ! ». Mais il répondit : « En vérité, je vous le déclare, je ne vous connais pas ».
Veillez donc car vous ne savez ni le jour ni l’heure.


Jésus n’a pas menti, les apôtres ne nous ont pas leurré en nous promettant le retour glorieux du Christ. Ce n’est pas son caprice, c’est la résistance terrible du péché et notre manque d’élan missionnaire qui ont provoqué ce « retard ». Mais à coup sûr il viendra. « En pleine nuit » c.à.d. lorsque la nuit sur l’humanité sera la plus opaque, alors que les tentatives gigantesques de nos sciences et de nos techniques ne seront pas parvenues à nous apporter la lumière de la vérité. « Un cri » soudain. Remarquons qu’ici, comme dans toutes les paraboles sur la vigilance, aucun signe ne sera donné pour nous alerter, pour nous permettre de réajuster les failles de notre vie, pour prendre les décisions que nous reportions pour « plus tard ». Maintenant c’est trop tard. Il n’y a plus de temps, plus de délai.

C’est ce que signifie sans doute ce dur refus des filles avisées qui nous scandalisent en ne voulant pas partager leurs provisions. Le temps du partage, des exhortations, des décisions, de la conversion n’est plus. Nous sommes ce que nous avons accepté de devenir. Ceux et celles qui restaient ouverts à un avenir de grâce, qui continuaient d’attendre le Messie sauveur. Et ceux et celles qui s’étaient enfermés en eux-mêmes, qui n’espéraient plus que le Seigneur apporte la guérison de leurs fautes, la vérité dans leurs ténèbres.

Heureux ceux qui attendent, qui ne se résignent pas à la dégradation du monde. Comme tout le monde, « ils s’endorment » souvent, ils se laissent dériver par la mentalité ambiante, ils ne parviennent pas à chasser la nuit de leurs péchés. Mais au fond ils restent sûrs que le Messie viendra, ils maintiennent « une provision d’huile » afin de rallumer la flamme de leur cœur éteinte par les vents du monde pervers.


Conclusions

La promesse de la venue du Seigneur Jésus résonne comme une affirmation essentielle de la foi.

Elle nous affirme que l’histoire ne se réduit pas à une succession d’événements guidés par le hasard et la nécessité.

Rendus forts par la foi, animés par l’amour, blessés par nos fautes, nous sommes portés par l’espérance.

Tous les calculs, toutes les suppositions pour prédire la fin des temps sont perte de temps.

L’invitation aux noces de l’agneau est la certitude de la victoire finale de l’amour

La vigilance chrétienne n’est pas anxiété, peur apocalyptique, angoisse, panique. Certitude de la victoire de la lumière et de la vérité, elle est confiance.

Elle n’est pas résignation, dédain de la réalité, mépris du monde dans l’attente du Royaume mais elle est dévouement, service, sollicitude pour travailler au salut du monde que Dieu aime tant (Jean 3, 16)

Elle est ouverture de la porte du cœur à Dieu et aux démunis dans l’espérance de la porte ouverte des Noces.

La Bible s’achève avec le magnifique Livre de l’Apocalypse – qui ne signifie pas catastrophe et terreur mais « Révélation ». Et son mot ultime est un cri : « Viens Seigneur Jésus ! ».

Et à chaque Eucharistie, devant la présence sacramentelle du Messie, nous chantons :

« Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus ;
Nous célébrons ta Résurrection ;
Nous attendons ton Retour dans la Gloire »


Frère Raphaël Devillers, dominicain

« J’appelle les chrétiens à se battre pour conserver leur identité »

« J’appelle les chrétiens à se battre pour conserver leur identité »

Mgr Najeeb, dominicain, évêque de Mossoul, Irak.


Monseigneur Najeeb, religieux dominicain et évêque de Mossoul depuis décembre 2018, a connu l’horreur de l’occupation islamiste entre 2014 et 2017 en Irak, persécution qui a valu un exode massif des chrétiens d’Orient.

Le père Najeeb avait alors sauvé de la furie islamique, des centaines de manuscrits, trésors de la spiritualité chrétienne datés du XIIIème au XIXème siècle. Il sera aussi un grand soutien pour les chrétiens persécutés et sauvera de nombreuses vies.

Depuis, il multiplie les visites en France et en Europe pour mobiliser une aide internationale en soutien des chrétiens d’Orient. Lors de ses tournées, il espère « faire comprendre que l’exil des chrétiens d’Orient n’est pas une solution. Cela signifierait la fin de la présence chrétienne au Proche-Orient, ce qui serait dramatique.

Dans une interview accordée à Valeurs actuelles, Mgr Najeeb revient sur la situation des chrétiens en Irak et sur le combat qu'il mène pour leur survie ».

Il commence par décrire le principal ennemi : l’organisation État islamique, avec son « idéologie totalitaire salafiste » et « le recours au terrorisme pour s'affirmer ».

« Son objectif était d’organiser une société de chaos pour fragiliser les structures de l’État, puis de remplacer ces dernières en s’accaparant tous les pouvoirs régaliens. Une fois le califat islamique instauré, il s’agissait de mettre en place une société calquée sur les versets les plus rigoureux du Coran. La terreur et la discrimination des non musulmans faisaient partie intégrante du projet ; elles n’étaient ni exceptionnelles ni temporaires », explique-t-il.

De même, « La destruction du patrimoine culturel et spirituel (…), est l’un des fondements de l’Islam radical qui veut faire table rase du passé antéislamique, considérant comme impie ou inutile tout ce qui a précédé l’instauration de l’islam sur un territoire donné. »

Le prélat donne ici un détail glaçant : « Pour les icônes, ils avaient pour habitude de crever les yeux et de percer le cœur des saints représentés, pensant ainsi faire mourir leur présence réelle. »

En abordant le thème de l'importance des racines et de la culture, Mgr Najeeb partage ses craintes pour la France : « Je suis bien sûr très inquiet pour la France et pour l’Europe. Partout où la culture et les racines reculent, c’est la civilisation qui est menacée. Ceux qui croient obtenir des avancées sociétales en luttant contre l’ordre naturel se font les alliés inconscients de projets totalitaires, dont ils pourraient bien être les premières victimes.

En conclusion, Mgr Najeeb lance un vibrant appel aux chrétiens de France : « J’appelle les chrétiens à se battre pour conserver leur identité et défendre les valeurs chrétiennes d’amour, de paix et de dignité humaine. Ils doivent avoir le courage de témoigner avec fierté de l’Évangile dans une société souvent laxiste et somnolente. Vivre sa foi et ses valeurs suppose de défendre la vérité face à ceux qui veulent la défigurer. (…) La France ne pourra se relever que si elle retrouve sa foi et revient à ses racines de fille aînée de l’Église. »

NATHALIE BURCKHARDT - 28 OCTOBRE 2020
Source : https://www.valeursactuelles.com/

Sur la pandémie de coronavirus

« Chaque événement a une dimension d’événement de vérité.
Quand l’Homme essaye de maîtriser la vie au sens où le monde est façonné
à l’image du besoin de la consommation humaine,
où il n’y a plus d’indisponibilité de la vie,
où il n’y a plus de lignes de fuites spirituelles, poétiques, divines dans la vie
et qu’elle est instrumentalisée comme centre d’exploitation
pour le divertissement universel à consommation universelle,
alors la vie se venge. »

Raphaël SADIN, rabbin, sur Radio J
Pape François

Pape François - Angélus

Place Saint-Pierre. Dimanche 12 novembre 2017.
Chers frères et sœurs, bonjour!

En ce dimanche, l’Evangile (cf. Mt 25, 1-13) nous indique la condition pour entrer dans le Royaume des cieux, et il le fait grâce à la parabole des dix vierges: il s’agit de ces jeunes filles qui étaient chargées d’accueillir et d’accompagner l’époux à la cérémonie des noces, et comme à l’époque l’usage était de les célébrer la nuit, les jeunes filles étaient dotées de lampes.

La parabole dit que cinq de ces vierges sont sages et cinq sottes: en effet, les sages ont apporté avec elles de l’huile pour les lampes, alors que les sottes ne l’ont pas apportée. L’époux tarde à arriver et elles s’endorment toutes. A minuit, on annonce l’arrivée de l’époux, alors les vierges sottes s’aperçoivent qu’elles n’ont pas d’huile pour leurs lampes, et elles en demandent aux sages. Mais celles-ci répondent qu’elles ne peuvent pas leur en donner parce qu’il n’y en aurait pas assez pour toutes. Ainsi, alors que les sottes vont chercher de l’huile, l’époux arrive; les vierges sages entrent avec lui dans la salle du banquet et la porte est refermée. Les cinq sottes reviennent trop tard, frappent à la porte, mais la réponse est: «Je ne vous connais pas» (v. 12) et elles restent dehors.

Qu’est-ce que Jésus veut nous enseigner par cette parabole? Il nous rappelle que nous devons nous tenir prêts à la rencontre avec Lui. Très souvent, dans l’Evangile, Jésus exhorte à veiller, et il le fait aussi à la fin de ce récit. Il dit ainsi: «Veillez donc, parce que vous ne savez ni le jour ni l’heure» (v. 13). Mais par cette parabole, il nous dit que veiller ne signifie pas seulement ne pas dormir, mais être préparés; en effet, toutes les vierges dorment avant l’arrivée de l’époux, mais au réveil, certaines sont prêtes et d’autres non. Voilà donc ce que signifie être sages et prudents: il ne s’agit pas d’attendre le dernier moment de notre vie pour collaborer avec la grâce de Dieu, mais de le faire dès à présent. Il serait bon de réfléchir un peu: un jour, ce sera le dernier. Si c’était aujourd’hui, comment suis-je préparé, préparée? Mais je dois faire ceci et cela… Se préparer comme si c’était le dernier jour: cela fait du bien.

La lampe est le symbole de la foi qui éclaire notre vie, alors que l’huile est le symbole de la charité qui nourrit, rend féconde et crédible la lumière de la foi. La condition pour être prêts à la rencontre avec le Seigneur n’est pas seulement la foi, mais une vie chrétienne riche en amour et en charité pour son prochain. Si nous nous laissons guider par ce qui semble le plus commode, par la recherche de nos intérêts, notre vie devient stérile, incapable de donner la vie aux autres, et nous ne faisons aucune provision d’huile pour la lampe de notre foi; et celle-ci — la foi — s’éteindra au moment de la venue du Seigneur, ou même avant. Si, en revanche, nous sommes vigilants et que nous cherchons à faire le bien, à travers des gestes d’amour, de partage, de service au prochain en difficulté, nous pouvons être tranquilles tandis que nous attendons la venue de l’époux: le Seigneur pourra venir à n’importe quel moment, et pas même le sommeil de la mort ne nous effraye, parce que nous avons une réserve d’huile, accumulée par les bonnes œuvres de chaque jour. La foi inspire la charité et la charité conserve la foi.

Que la Vierge Marie nous aide à rendre notre foi toujours plus active au moyen de la charité; afin que notre lampe puisse déjà resplendir ici, au cours de notre chemin terrestre, et ensuite pour toujours, à la fête des noces, au paradis.
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