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28ème dimanche – Année A – 11 octobre 2020

Évangile de Matthieu 22, 1-14

Nouvelle Encyclique du Pape François

Tous Frères

28ème Dimanche – Année A – 11 octobre 2020 – Évangile de Matthieu 22, 1-14

Pape François : Tous Frères. (extraits)

§ 6. Les pages qui suivent n’entendent pas
résumer la doctrine sur l’amour fraternel,
mais se focaliser sur sa dimension universelle,
sur son ouverture à toutes les personnes.

Je livre cette encyclique sociale comme une modeste contribution à la réflexion
pour que, face aux manières diverses et actuelles
d’éliminer ou d’ignorer les autres,
nous soyons capables de réagir
par un nouveau rêve de fraternité et d’amitié sociale
qui ne se cantonne pas aux mots.

Bien que je l’aie écrite à partir de mes convictions chrétiennes
qui me soutiennent et me nourrissent,
j’ai essayé de le faire de telle sorte
que la réflexion s’ouvre au dialogue avec toutes les personnes de bonne volonté.



§ 32. Une tragédie mondiale comme la pandémie de Covid-19
a réveillé un moment la conscience que nous constituons
une communauté mondiale qui navigue dans le même bateau,
où le mal de l’un porte préjudice à tout le monde.
Nous nous sommes rappelés que personne ne se sauve tout seul,
qu’il n’est possible de se sauver qu’ensemble.

Évangile de Matthieu 22, 1-14

Les Invités aux Noces du Fils


Avant de terminer sur la proclamation triomphale de « Jésus est Roi, Jésus est Seigneur du monde », l’année liturgique ne consacre pas moins de 8 dimanches à évoquer l’ultime séjour de Jésus à Jérusalem. Pourquoi son attitude et son enseignement ont-ils de plus en plus irrité les hauts responsables religieux jusqu’à les conduire à le condamner ? Comment Jésus a-t-il vécu cet étau qui se refermait inexorablement sur lui ? Comment percevoir cette histoire dont nous sommes aujourd’hui les acteurs ?

Tout s’est passé au Temple. Lieu le plus saint du monde mais que Jésus juge profané. La vente d’animaux n’y a pas place, pas plus que les trafics financiers : on n’y vient pas pour acheter la grâce mais pour la demander dans la prière, en compagnie des pauvres, des handicapés et des enfants. Et Jésus s’installe sur l’esplanade et il parle, il enseigne le peuple. Car on vient d’abord au Temple pour écouter la Parole de Dieu, comprendre comment son Règne, avec Jésus, s’approche et comment le projet de Dieu se réalise.

Évidemment ce comportement et cette prédication sont intolérables pour les Autorités. Chaque jour Jésus est harcelé, criblé de questions mais, à la grande joie du peuple, il contre-attaque. D’abord par trois paraboles polémiques. Dans la première, il accusait ces hiérarques de n’avoir qu’une religion des lèvres. Dans la deuxième, il les décrivait comme des vignerons qui ne font pas produire le fruit que Dieu attend : la justice, la compassion, le droit. En conséquence le Royaume sera confié à d’autres, mais Jésus sera relevé par son Père et deviendra la pierre angulaire du nouveau temple fait de personnes vivantes et qui s’édifiera à travers le monde entier. La 3ème parabole lue aujourd’hui continue l’histoire à travers un autre thème biblique : les noces.

Le Festin des Noces du Fils


Le Royaume de Dieu est comparable à un Roi qui célébrait les noces de son fils.


S’ils ont une vague connaissance de son œuvre, beaucoup de gens considèrent Jésus comme un prophète, un utopiste qui espérait changer le monde, un martyr assassiné par les puissants, un fondateur de religion. Ces opinions peuvent paraître respectueuses mais elles demeurent superficielles.

Les premiers apôtres, par la Résurrection et le don de l’Esprit, ont perçu l’abîme entre les prophètes et Jésus. Les prophètes parlent au nom de Dieu, dénoncent les péchés, appellent au repentir mais ils restent des enseignants - comme les parents, les professeurs et tous ceux qui détiennent de l’autorité : ils rappellent les lois, conseillent, indiquent le bon chemin. Ils n’ont d’autre force que leur conviction et leur sincérité.

Les apôtres avaient d’abord suivi un prophète, un maître mais après Pâques, ils ont fait l’expérience que Jésus les habitait. L’homme de Nazareth était « le Fils » de Dieu. Croire en lui c’est se laisser habiter par Lui. Sa Parole est portée par la puissance de l’Esprit de Dieu et elle change les cœurs. Elle ne parle pas seulement d’amour : elle le donne. On commença à comprendre ce qu’avaient pressenti le prophète Osée et le 2ème Isaïe : la Nouvelle Alliance n’était plus seulement un contrat dont il faut observer les clauses écrites dans la Loi mais elle est une authentique « Alliance conjugale », une union amoureuse. « La pierre d’angle » est l’Époux et la communauté des croyants est comme l’Épouse.

La Mission en Israël


Le Roi envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs : « Mon repas est prêt ; mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt ; venez au repas de noces ». Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent.


Bouleversés par cette découverte, les premiers disciples ont compris qu’il n’y avait rien de plus important sur la terre que d’annoncer cette Bonne Nouvelle : « Allez : dans toutes les nations faites des disciples, apprenez-leur... ». Le souffle de l’Esprit emporta les disciples pour dire : « Pas de condition préliminaire, pas d’exigence de perfection morale, de culture : crois que tu es aimé ».

L’Église ne cherche pas à recruter des membres, elle ne fait pas de compétition avec les autres religions et les idéologies. Elle annonce la stupéfiante nouvelle : sur la croix, Jésus mourait pour que nous vivions, pour que nous soyons non un organisme religieux mais la communauté pardonnée et unie à son Époux qui s’est donné pour elle. On en arrivera vite à dire : « Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église et s’est livré pour elle. Ce mystère concerne le Christ et l’Église » (Eph 5, 25-32).

Mais le drame éclate : les invités refusent l’invitation. Ils seraient fiers d’être invités chez une personnalité puissante ou célèbre, ils consentiraient des dépenses folles pour se montrer « dignes » de cet honneur. Mais lorsqu’on leur offre l’amour gratuit de Dieu, « ils n’en tiennent pas compte ». Ce qui importe, c’est le travail, les affaires et les divertissements. Pire encore les porteurs de l’Évangile paraissent insupportables, dangereux : ils sont dénoncés, traduits au tribunal, emprisonnés et même condamnés. Mais le Maître les avait prévenus : « Vous serez haïs de tous à cause de moi ».

Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville.


En effet lorsque Jérusalem et son Temple furent détruis par les Romains en 70, des milieux chrétiens interprétèrent la catastrophe comme le châtiment de Dieu pour avoir refusé et mis à mort le Messie. Mais il faut faire très attention sur ce point. Ce n’est pas Israël qui a méconnu le Christ mais certains responsables. Et ce sont les résistants juifs qui ont soulevé l’insurrection. Dieu n’envoie pas les guerres ou les épidémies. Mais celui qui sort l’épée, qui préfère Barabbas (la violence) à Jésus (les Béatitudes), périra par l’épée.

La mission est universelle


Le Roi dit à ses serviteurs : « Le repas de noces est prêt mais les invités n’en étaient pas dignes (càd. ils n’ont pas jugé digne d’y répondre). Allez aux carrefours des routes : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noces. Les serviteurs allèrent, rassemblèrent tous ceux qu’ils rencontraient, les mauvais comme les bons, et la salle de noces fut remplie.


Dans les « Actes », Luc raconte avec allégresse la stupéfiante rapidité d’expansion de l’Évangile qui a bondi hors des frontières d’Israël pour se répandre dans les pays limitrophes jusqu’à Rome, capitale de l’Empire. Cela n’alla pas sans grands débats avec Israël (qu’en allait-il de la circoncision, du sabbat, de la nourriture casher ?...) mais le refus des premiers appelés provoqua la diffusion universelle de la miséricorde de Dieu (Rom 9-11). « O profondeur de la sagesse de Dieu ! Ses projets sont insondables » s’émerveille Paul (Rom 11, 33).

Si grands pécheurs soient les hommes, ils sont donc désormais tous appelés à entrer dans la salle de noces. Mais alors l’Évangile serait-il un blanc-seing sur tout comportement ? Suffirait-il d’avoir un certificat de baptême? La finale de l’histoire rappelle les exigences de la foi authentique

Porter l’habit de noces


Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noces : « Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir le vêtement de noces ? ». L’homme garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : « Jetez-le dehors dans les ténèbres où il y aura pleurs et grincements de dents ».


L’appel au Royaume est gratuit et le péché n’est jamais un obstacle rédhibitoire. Mais il est évident que la grâce entraîne une conversion, si lente et si difficile soit-elle. Paul lui-même, qui a fait l’expérience de la gratuité de l’appel et qui martèle que la foi nouvelle nous libère de la Loi, assure qu’il lutte comme un athlète pour en vivre les conséquences. Dans toutes ses lettres, il multiplie les exhortations à rectifier les comportements concrets. Tu es aimé et pardonné : aime et pardonne. Le Sermon sur la montagne offre le bonheur mais se termine par une très forte insistance à ne pas se contenter d’admirer cet enseignement mais à le mettre en pratique : « Il ne suffit pas de me dire « Seigneur, Seigneur » pour entrer dans le Royaume de Dieu : il faut faire la volonté de mon Père » (7, 21). Aussi l’histoire se termine-t-elle par un avertissement qui montre la gravité de la conversion.

Certes la multitude des hommes est appelée mais les élus sont peu nombreux.


Est-ce Matthieu, toujours soucieux du jugement et constatant le laxisme de certains baptisés, qui a ajouté cette finale ? Il ne chanterait certainement pas « Nous irons tous au paradis , mais pas question en tout cas de calculer des pourcentages et de tomber dans les scrupules et l’angoisse. Il s’agit d’une mise en garde sévère qui nous rappelle le sérieux de la foi et nous incite à poursuivre nos efforts. Non pour être aimés (puisque nous le sommes) mais parce que nous le sommes. Et de quelle manière : l’Époux nous a aimés jusqu’à donner sa vie. Comment ne pas tout faire pour partager la joie de cette foi aux foules qui n’ont pas entendu l’appel ou l’ont délaissé ? Mais ne rêvons jamais d’une Église majoritaire et admirée.

L’Eucharistie du dimanche est le signe et la réalisation de ce repas joyeux d’une communauté ravie d’être appelée, d’écouter son Époux lui dire son amour et de partager sa vie. Venez : tout est prêt. L’événement le plus essentiel de l’histoire du monde a eu lieu. N’attendez rien ni personne d’autre.



Frère Raphaël Devillers, dominicain

Le dernier A-Dieu de Michael Lonsdale

Le dernier A-Dieu de Michael Lonsdale

Décédé le 21 septembre 2020 à l’âge de 89 ans, le comédien Michael Lonsdale, qui a profondément marqué le cinéma et le théâtre français, n’a jamais cessé de témoigner de sa foi catholique.

« La petite veilleuse qui diminuait ces derniers temps a fini par s’éteindre dans la paix de Dieu, dans la brise légère du matin, dans la douceur du jour, à l’heure de l’Angélus. » C’est par ces mots qu’Anne Facérias, a choisi de partager les derniers instants sur terre de Michael Lonsdale, dont elle était une amie proche et qu’elle a accompagné ces dernières années. « Il est parti en silence sur la pointe des pieds, laissant derrière lui la trace d’un prophète. Sa fin de vie a été une action de grâce ».

Homme de scène et homme du Ciel, Michael Lonsdale s’est éteint le 21 septembre 2020 à l’âge de 89 ans, après avoir reçu les derniers sacrements de la main de Mgr Philippe Barbarin, au soir d’une vie riche. Professionnellement d’abord : il aura tourné au total dans 130 films sur près de 65 ans,

Et puis il y a eu ce rôle, celui même qui valut un César et a profondément bouleversé des centaines de milliers de spectateurs : celui de frère Luc dans Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois (2010).

La scène où le vieux moine explique à une jeune musulmane, Rabbia, en confidence, en quoi consiste l’amour restera gravé dans les mémoires. Le réalisateur expliquera par la suite avec émotion auprès du Figaro qu’il s’agissait d’une scène totalement improvisée : « Sans qu’il y réfléchisse, on a tourné cette scène pour laquelle je n’avais rien écrit. Il m’a sorti un truc merveilleux, comme ça, en deux secondes. C’était tellement beau que je n’ai pas fait d’autre prise. »

Ami proche de Michael Lonsdale, l’éditeur et journaliste Michel Cool a raconté l’amitié qui les unissait :« Michael a déversé dans le cœur de ses amis un océan de bonté qu’ils n’ont pas fini de contempler et de méditer… ».

Michael Lonsdale fut aussi – et surtout – « un étonnant et authentique « homme spirituel » qui marchait, jouait, parlait, se taisait sous l’emprise quasi constante de l’Esprit saint », se souvient encore Michel Cool. « Il aimait rappeler qu’il était né le jour de la Pentecôte. Son culte de l’Esprit saint lui fit faire des merveilles parmi les humains de son temps Ami de Marguerite Duras et de Thérèse de Lisieux, il demeure un témoin radical et authentique de ce que l’attachement passionné à l’Évangile peut susciter de foncièrement libre et créatif chez un homme dont la vie ne fut pas toujours un long fleuve tranquille ».

A. Pinard Legry – in Aleteia – 30 09 20

Michael Lonsdale :
“L’Esprit saint m’a sauvé la vie”



Dans son livre « Viens, Esprit saint, en nos cœurs », Michael Lonsdale offre une anthologie personnelle de textes consacrés à la troisième personne de la Trinité..

Interview par Alexia Vidot publiée le 05/06/2019 dans La Vie



Comment avez-vous rencontré l’Esprit saint, à qui vous consacrez votre dernier livre ?

Tout d’abord, je suis né un jour de Pentecôte (rires). Mais surtout l’Esprit saint m’a sauvé la vie lorsque j’avais 40 ans. J’avais perdu, en une année, des êtres très chers, dont ma mère et ma tante avec lesquelles je vivais. J’ai alors plongé dans une sorte de désert de tristesse, de désespoir. Le monde s’était écroulé pour moi, je priais, suppliais, hurlais, intérieurement et extérieurement : « Seigneur, sauve-moi, je ne sais pas si je vais continuer à vivre ! »

La réponse du Seigneur a été apportée par mon parrain, par hasard de passage à Paris, qui m’emmena un jour à l’église Saint-François-Xavier où se rassemblait un groupe de prière du Renouveau charismatique. Ces 300 personnes qui chantaient, levaient les mains, priaient en langues, animées d’une foi extraordinaire, m’ont transmis la grâce de l’Esprit saint. Depuis, elle ne m’a plus quitté, ne cessant d’agir en moi, me remplissant d’une joie inouïe au quotidien.

De la Trinité, il est la personne la plus méconnue. Esprit, qui es-tu ?

Pour nous chrétiens, l’Esprit est très important dans l’histoire de l’incarnation du Sauveur….Et il intervient dans nos vies à tous maintenant, en silence et discrètement, mais avec puissance. On a ainsi dit de lui qu’il est un « collaborateur efficace ». À chaque instant il nous « donne la vie », c’est-à-dire la vraie vie, la vie spirituelle, la vie de l’Amour. N’hésitons pas à lui demander des tas de choses ! Je lui demande ainsi de veiller, d’aider, d’être présent dans mes paroles, mes décisions.

Quelle est votre relation à l’Esprit saint aujourd’hui ?

Je le rencontre dans des circonstances multiples : messes, retraites, prières, sessions à la communauté de l’Emmanuel où on le prie beaucoup. Mais aussi dans mon métier, J’aime réciter chaque jour sa prière : « Viens, Esprit saint, par la puissante intercession du cœurs immaculé de Marie, ton épouse bien-aimée. »

Quels conseils donneriez-vous pour vivre dans l’Esprit saint ?

Les liens avec Lui sont très simples, il ne faut pas s’imaginer de grandes envolées impressionnantes. C’est très confidentiel, très intérieur et très secret. Laissons-le agir, offrons-lui juste toute notre confiance. Il s’agit d’être spontané, libre, sincère dans ses élans, ses confidences, ses prières, ne pas hésiter à lui exprimer ses joies comme ses tristesses. C’est le meilleur de nos amis, il ne nous laissera jamais tomber. Et, de plus, il nous mène vers Dieu et vers le Christ.

Parmi les nombreux textes sur l’Esprit saint que vous avez reproduits dans votre livre, lequel préférez-vous ?

Je les aime tous : les textes de l’Ancien Testament, Isaïe par exemple, ceux du Nouveau, des écrits de saints ou de théologiens, comme Cyrille de Jérusalem, les deux Thérèse ou Maître Eckhart, les apophtegmes des Pères du désert.

Quels fruits pouvons-nous tirer de votre anthologie personnelle ?

Lire ces paroles essentielles, les méditer dans notre cœur nous fait entrer en profondeur dans le mystère de la Trinité, nous met en présence de l’énergie de l’Esprit saint, grâce auquel nous accédons à la lumière et l’Amour de Dieu.

« Ô Roi du ciel, Consolateur, Esprit de vérité, toi qui es partout présent et qui remplis tout, Trésor de biens et Donateur de vie, viens et demeure en nous, purifie-nous de toute souillure et sauve nos âmes, toi qui es bonté ». » Invocation de l’Esprit saint dans la liturgie byzantine.

Viens, Esprit saint, en nos cœurs.
Michael Lonsdale, éditions Philippe Rey, 18€.

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