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27ème dimanche – Année A – 27 septembre 2020

Évangile de Matthieu 21, 33-43

4 Octobre : Fête de St François d’Assise

27ème Dimanche – Année A – 4 octobre 2020 – Évangile de Matthieu 21, 33-43

Cantique des Créatures

Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
et spécialement messire frère soleil,
qui fait le jour et par qui tu nous illumines.
Il est beau, rayonnant avec grande splendeur.
De Toi, Très Haut, il est le symbole.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur lune et les étoiles :
Dans le ciel tu les as formées claires, précieuses et belles.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère vent et pour l’air et les nuages,
pour l’azur calme et tous les temps :
par eux tu donnes vie à tes créatures.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre,
qui nous porte et nous nourrit :
Elle produit la diversité des fruits avec les fleurs et les herbes.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour ceux qui pardonnent par amour pour Toi,
et supportent maladies et tribulations :
heureux sont-ils s’ils se maintiennent dans la paix.

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Laudato si’, mi’Signore : chantait François d’Assise.
Il nous rappelait que notre maison commune est aussi comme une sœur avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts.
Cette sœur crie en raison des dégâts que nous lui causons
par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle.

Début de la Lettre du Pape François sur l’écologie : LAUDATO SI

Évangile de Matthieu 21, 33-43

Parabole des Vignerons infidèles


Entré à Jérusalem pour y mener à terme sa mission, Jésus ne déclenche pas une déflagration cosmique (parce que le Messie ne finit pas l’histoire mais la redresse), il ne lance pas le signal de l’insurrection contre l’occupant romain (parce que le problème n’est pas politique), il ne jette pas l’anathème contre les grands pécheurs (parce que le problème n’est pas moral), il ne guérit pas tous les malades (parce que le problème n’est pas sanitaire).

Il surgit dans le Temple parce que le problème essentiel est celui de l’équilibre exact entre le lien à Dieu et les rapports entre les hommes. D’abord il en chasse les animaux, renverse les caisses d’argent parce que le culte n’est pas un trafic et que l’on n’achète pas la grâce. Et il est outré parce que le faste du temple, la pompe des cérémonies, la solennité des célébrants échouent à établir leur mission.

Et que fait-il ? Il enseigne. Du matin au soir, il raconte sa vocation près du prophète Jean-Baptiste, il explique comment être heureux en vivant les Béatitudes, il commente ses paraboles, il apprend à prier Dieu comme un Père, il exhorte à vivre le pardon, la solidarité avec les pauvres, la paix avec tous.

Le petit peuple se plaît à l’écouter car on n’a jamais entendu aussi bel enseignement. Mais les responsables furieux ressentent une hostilité de plus en plus forte contre ce perturbateur sans vergogne, ils l’assaillent de questions, tentent de le discréditer. Jésus leur répond par des paraboles polémiques dont nous avons écouté la première dimanche dernier : « Vous dites oui à Dieu des lèvres mais non par des actes ». Voici la deuxième où Jésus montre comment il perçoit le sens de son histoire.

Parabole des Vignerons homicides


Jésus dit aux chefs des prêtres et aux pharisiens : « Écoutez cette parabole. Un homme était propriétaire d’un domaine : il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il la donna en fermage à des vignerons et partit en voyage ».


Jésus reprend le fameux chant de la vigne dit jadis par le prophète Isaïe et qui est lu en 1ère lecture. Pour sauver le monde, Dieu a d’abord choisi un petit peuple avec lequel il a fait Alliance et qu’il a comblé de bienfaits. Non parce qu’il était le meilleur mais pour qu’il vive selon la Loi de Dieu et donne ainsi l’exemple à toutes les nations. Car la vocation n’est pas un privilège élitiste mais une mise au service pour autrui.

Quand arriva le temps de la vendange, il envoya ses serviteurs près des vignerons pour se faire remettre le produit de la vigne. Mais ils se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le 3ème. De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs : ils furent traités de la même façon.


Tout le texte insiste : la vigne reste la propriété du Maître. Dieu aime sa vigne, il n’a épargné aucun effort, il a tout fait pour qu’elle lui apporte de beaux raisins. Puis il l’a affermée à des responsables – rois, prêtres, légistes, scribes ... – afin qu’ils y travaillent de tout leur cœur et remettent au propriétaire le fruit auquel il a droit.

Mais lorsque les envoyés de Dieu, les prophètes, surviennent, il constatent les uns après les autres le désastre. Certes la Loi de Dieu est enseignée, et ses rouleaux vénérés, le Temple de Dieu est construit avec toute la splendeur possible, le culte est célébré avec solennité, les sacrifices régulièrement offerts, mais la société d’ Israël ne met pas en pratique la volonté de Dieu. Le droit n’est pas toujours rendu au tribunal, des riches élaborent de grosses fortunes, vivent dans l’opulence et exploitent les pauvres. Au lieu d’être un modèle, Israël répète les fautes des autres nations.

Amos, le premier prophète dont la Bible rapporte la prédication, crie : « Cherchez le bien et non le mal, afin de vivre ; alors le Seigneur sera avec vous » (Am 5, 14).

Osée tonitrue parce qu’Israël trahit l’Alliance : elle est comme une épouse qui se prostitue. Il rapporte la révélation divine : « C’est l’amour qui me plaît et non le sacrifice ; je préfère la connaissance de Dieu, c.à.d. son service, son obéissance, aux holocaustes » (Os 6, 6) – que Matthieu va reprendre deux fois dans son évangile (9, 13 ; 12, 7)

Isaïe dévoile le sens du chant de la vigne : « Mon bien-aimé avait une vigne...il en attendait de beaux raisins et il n’en eut que de mauvais...Il en attendait le droit et c’est l’injustice ; il en attendait la justice et il ne trouve que les cris des malheureux »(Is 5, 7). Et il transmet les violents reproches de Dieu : « Que me fait la multitude de vos sacrifices ? dit le Seigneur. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’en veux plus.. Cessez d’apporter de vaines offrandes...Vos solennités, je les déteste, je suis las de les supporter...Lavez-vous. Ôtez de ma vue vos actions mauvaises, cessez de faire le mal. Apprenez à faire le bien, recherchez la justice, faites droit à l’orphelin, défendez la pauvre veuve... » (1, 10).

Las ! Au lieu de faire pénitence et de se convertir, on refuse d’écouter ces prophètes, on les chasse, on les maltraite. Amos, le premier, se fait expulser du temple par le grand prêtre (7, 12) et même certains, comme Isaïe dit-on, seront exécutés. Mais le pire va survenir.

Finalement le propriétaire envoya son fils. En le voyant, les vignerons se dirent entre eux : « Voici l’héritier, allons-y, tuons-le : nous aurons l’héritage ». Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent ». Eh bien quand le maître viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? ». Ils répondent : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il donnera la vigne en fermage à d’autres vignerons qui lui en remettront le produit en temps voulu ».


Jésus s’est présenté dans la lignée des prophètes mais il était beaucoup plus qu’eux : « le fils ». Hélas, lui aussi sera rejeté. Pire il sera arrêté, giflé, flagellé, crucifié et il mourra « hors ville », au lieu du Golgotha. Mais astucieusement Jésus conduit ses auditeurs à reconnaître qu’ils sont les acteurs de ce drame :
N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : « La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. C’est là l’œuvre du Seigneur Dieu, une merveille sous nos yeux ». Aussi je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple qui lui fera produire son fruit. Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé et celui sur lequel elle tombera, elle l’écrasera ».
En entendant ses paraboles, les grands prêtres et les pharisiens comprirent que c’était d’eux qu’il parlait. Ils cherchaient à l’arrêter mais ils eurent peur des foules car elles le tenaient pour un prophète.


La vie des prophètes se terminait par leur échec, leur rejet et leur disparition. Reconnaissant que ces hommes étaient vraiment des envoyés de Dieu, leurs disciples conservaient par écrit leur prédication que l’on finissait par conserver dans les Écritures comme témoignage de ce que l’on aurait dû faire.

Mais il en ira tout autrement de Jésus, le Fils. Après Pâque et grâce à l’Esprit, ses disciples vont comprendre qu’il est vivant. Il a été rejeté hors ville comme une pierre inutile et inadéquate dont les bâtisseurs ne veulent pas (citation du psaume 118). Mais son Père a fait de lui « la pierre d’angle » pour construire le nouveau Temple qui n’est plus fait de pierres, de bois et de marbre mais de personnes humaines de toutes nations qui se joignent à lui par la foi et l’amour.

Et ainsi naît et grandit dans le monde l’authentique Demeure de Dieu dans laquelle est rendu le véritable culte où l’amour de Dieu rayonne en amour des frères. Et ainsi Dieu est glorifié parce qu’il reçoit les fruits qu’il attendait.

Mais alors qu’en est-il d’Israël ? La dure parole de Jésus : « le Royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à un peuple » a, trois fois hélas, été mal comprise comme constituant le rejet d’Israël et son remplacement par l’Église. En parlant de l’Église « nouvel Israël », et en accentuant de plus en plus le mépris puis la haine contre ce peuple qui a tué le Sauveur – jusqu’à lui donner ce nom absurde de « peuple déicide », on a amplifié outrageusement un antijudaïsme qui va faire des ravages et causer des actions tragiques. Jusqu’à la tragédie du 20ème siècle, comme on sait.

« Le Royaume vous sera enlevé », Jésus s’adresse aux chefs, aux responsables qui n’ont pas accompli leur mission et ont transformé le temple en « caverne de bandits » où se célébrait un culte hypocrite. « ...et il sera donné à un peuple qui donnera du fruit » : il ne s’agit pas du rejet définitif d’Israël et du choix d’une autre nationalité puisque Jésus, tous les apôtres, la presque totalité des premiers disciples seront des Juifs. Très vite des païens d’autres peuples vont se convertir et former la majorité des communautés. Et des disputes très âpres vont éclater jusqu’à aboutir à la séparation entre la synagogue et l’Église.

Il faut se réjouir qu’un des plus grands textes du concile Vatican II (« Nostra Aetate » sur les religions) ait enfin exprimé le repentir de l’Église et ouvert un dialogue fraternel qui se développe heureusement.

Conclusion

Soyons lucides : si Matthieu raconte cette histoire, c’est aussi parce qu’il constate que les péchés dénoncés par Jésus recommencent à se commettre dans les communautés chrétiennes.
Hypocrisie du culte, refus de la conversion, pharisaïsme, piété sans miséricorde : le cancer guette toutes les religions – y compris la nôtre.



Frère Raphaël Devillers, dominicain

27eme-dimanche-2020-2

Les talents et l’implication de tous sont nécessaires
pour réparer les dommages causés par les abus humains
à l’encontre de la création de Dieu. »


Pape François
Message vidéo aux Chefs de tous les États du monde
réunis en ligne ce samedi 25 septembre 2020
pour le 75ème anniversaire de la fondation de l’O.N.U.
Pendant qu’il en est encore temps
lire, méditer, appliquer
la grande Lettre du pape François du 24 mai 2015


Laudato Si : Loué sois-tu


Laudato si’, mi’Signore : chantait François d’Assise.
Il nous rappelait que notre maison commune est aussi
comme une sœur avec laquelle nous partageons l’existence,
et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts.
Cette sœur crie en raison des dégâts que nous lui causons
par l’utilisation irresponsable
et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle.

Début de la Lettre du Pape François sur l’écologie :
LAUDATO SI – éd. Fidélité – 6 euros.

Le Pape préconise les petits gestes porteurs d’avenir


« Accomplir le devoir de sauvegarder la création par de petites actions quotidiennes est très noble : il est merveilleux que l’éducation soit capable de les susciter jusqu’à en faire un style de vie.

Éviter l’usage de matière plastique et de papier,
Réduire la consommation d’eau,
Trier les déchets,
Cuisiner seulement ce que l’on pourra raisonnablement manger,
Traiter avec attention les autres êtres vivants,
Utiliser les transports publics
ou partager le même véhicule entre plusieurs personnes,
Planter des arbres,
Éteindre les lumières inutiles :
Tout cela fait partie d’une créativité généreuse...
Le fait de réutiliser quelque chose au lieu de le rejeter rapidement peut être un acte d’amour exprimant notre dignité...Il ne faut pas penser que ces efforts ne vont pas changer le monde ... »

(Laudato Si. § 211 -212)
27eme-dimanche-2020-3
Collection « Tracts », éd. Gallimard 2020, n°17 – 3, 90 euros.
« Il est urgent que nous cessions de nous raconter des histoires : nous allons devoir prendre vraiment au sérieux ce que nous savons depuis longtemps mais faisions jusqu’à aujourd’hui semblant de ne pas croire.

Il va notamment falloir prendre à bras-le-corps la question de l’environnement, en ouvrant nos oreilles aux discours des chercheurs qui tirent le signal d’alarme depuis des années. Tous les indicateurs sont au rouge, répètent-ils. Toutes les projections sont inquiétantes, qu’elles concernent le changement climatique d’origine anthropique, la diminution des espaces de vie, la raréfaction des ressources, l’effondrement de la biodiversité, la pollution des sols, de l’eau et de l’air, ou encore la déforestation....

Le covid-19 vient de nous le rappeler, les grandes pandémies récentes et à venir sont des « zoonoses » c.à.d. des infections virales brisant la barrière inter-espèces pour se propager de l’animal à l’homme.......... »



E. Klein, philosophe des sciences,
directeur de recherches au commissariat à l’énergie atomique.
Auteur de plus de 30 ouvrages.
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