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23ème dimanche – Année A – 6 septembre 2020

Évangile de Matthieu 18, 15-20

La Vie en Église

23ème Dimanche – Année A – 6 septembre 2020 – Évangile de Matthieu 18, 15-20

Pape François :
La Correction Fraternelle. (12 sept. 2014)


« Si tu dois corriger un petit défaut chez l'autre, pense tout d'abord que tu en as personnellement de tellement plus gros. La correction fraternelle est une action pour guérir le corps de l'Église. Il y a un trou, là, dans le tissu de l'Église, qu'il faut absolument recoudre. Et il faut le recoudre à la manière de nos mères et de nos grands-mères qui, lorsqu'elles reprisent un vêtement, le font avec beaucoup de délicatesse.

Si tu n'es pas capable d'exercer la correction fraternelle avec amour, avec charité, dans la vérité et avec humilité, tu risques d'offenser, de détruire le cœur de cette personne, tu ne feras qu'ajouter un commérage qui blesse.

Hypocrite, enlève d’abord la poutre de ton œil…Reconnais que tu es plus pécheur que ton prochain, mais que toi comme frère tu dois le corriger. Nous ne pouvons corriger une personne sans amour et sans charité. On ne peut en effet réaliser une intervention chirurgicale sans anesthésie : c’est impossible, parce que sinon le patient meurt de douleur. Et la charité représente comme une anesthésie qui aide à recevoir le traitement et accepter la correction.

Il faut donc prendre notre prochain à part, avec douceur, avec amour et lui parler. Il faut également parler en vérité. Il arrive si souvent que nous disions des choses à propos d’autres personnes qui ne sont pas vraies : cela s’appelle de la calomnie. Quand quelqu’un te dit la vérité, ce n’est pas facile de l’entendre, mais si cette vérité est dite avec charité et avec amour, c’est plus facile de l’accepter.

Un signe qui peut-être peut nous aider, c’est le fait de ressentir « un certain plaisir » quand l’on voit quelque chose qui ne va pas et que l’on estime qu’il nous faut exercer une correction : il faut être attentifs parce qu’alors cela ne vient pas du Seigneur. Quand cela vient du Seigneur, il y a toujours la croix, et l’amour qui nous porte, la douceur. Ne nous transformons pas en juges.

Prions afin que le Seigneur nous aide à exercer ce service fraternel, si beau mais si douloureux, d'aider nos frères et nos sœurs à devenir meilleurs, et qu'il nous aide à le faire toujours avec charité, en vérité, et avec humilité ».

Évangile de Matthieu 18, 15-20

La vie en Église


La décision cruciale est prise et Jésus ne se reprendra jamais : en route vers Jérusalem, à trois reprises, il réitère à ses disciples l’annonce de sa passion. Celle-ci est nécessaire (« il faut ») mais elle n’est point un terme final, elle portera du fruit ainsi que, dès le départ, Jésus l’a affirmé à Simon : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église et la puissance de la mort n’aura pas de force contre elle » (16, 18).

L’Église (en grec : ek-klesia = appelé à sortir hors) sera donc l’œuvre du Christ qui appellera des personnes à sortir (librement) de leurs autres idées pour confesser cette même foi et devenir ainsi comme des pierres vivantes d’une communauté universelle.

Cette communauté mondiale se concrétisera dans des cellules locales appelées elles aussi « des Églises ». Saint Paul écrit sa lettre « à l’Église de Dieu qui est à Corinthe ». Les premières générations n’ont jamais construit de bâtiments sacrés : « aller à l’Église » signifiait se rendre à la réunion de la communauté, laquelle se tenait dans la maison d’un de ses membres.

Mais en dépit de la sévère réprimande à Pierre, les disciples n’ont pas compris les annonces du maître : on le voit bien par la question qu’un jour ils lui posent : « Qui donc est le plus grand dans le Royaume de Dieu ? ». Ils demeurent convaincus que Jésus le Messie ne peut pas être tué : à Jérusalem il va triompher et inaugurer le Royaume dont il a toujours annoncé la venue. Et eux, les élus, ils seront les chefs. Alors quelle sera leur hiérarchie ? On devine que la promotion de Simon-Pierre fait grincer des dents certains : le groupe est taraudé par l’envie et le goût du pouvoir. Matthieu rapporte, dans son chapitre 18, le 4ème discours de Jésus.

Le Discours sur la vie dans l’Église (Matt 18)

Jésus ne développe pas un portrait de son Église, il ne détaille pas sa structure ni son organisation. Aux hommes de le faire selon les conditions de lieux et de temps. Mais il inculque les deux attitudes de base absolument indispensables pour qu’une Église soit authentique, subsiste et remplisse sa mission.

La première, c’est le refus de la volonté de puissance (18, 1-14) et malheureusement la liturgie saute toute cette partie. En réponse à la question des disciples, Jésus place un enfant au milieu du groupe : « Le plus grand, c’est celui qui se fera petit comme cet enfant. Si vous ne devenez pas comme lui, vous n’entrerez même pas dans le Royaume ». Et il poursuit par une sévère mise en garde contre le dédain que certains se permettraient à l’égard des petits croyants : ce serait un scandale épouvantable. Il vaut mieux s’amputer le corps que de faire perdre la foi à un croyant fragile.

Et une petite parabole montre que Dieu est comme un berger qui cherche la dernière brebis de son troupeau qui s’est égarée. Il fait tout pour la retrouver et il la ramène plein de joie. « Votre Père veut qu’aucun de ces petits ne se perde ». Le dernier des derniers est l’objet d’un amour absolu et unique. Les « chefs », ceux qui savent n’ont pas à se hisser sur un piédestal.

2de Partie du Discours : le Pardon. (18, 15-35)

La seconde attitude indispensable qui sert de socle à l’Église, c’est l’absolue nécessité du pardon. Puisque Dieu est comme un Bon Berger passionné de sauver chacun, comment nous, simples disciples, devons-nous agir lorsque nous voyons qu’un frère s’est égaré ?

Nous lisons aujourd’hui la première partie de ce texte (18, 15-20) qui traite du péché contre la communauté. C’est pourquoi il ne faut pas lire « une faute contre toi » comme certains manuscrits l’ont ajouté par erreur. Le péché entre personnes sera vu dimanche prochain. Jésus propose une démarche que l’on appelle « la correction fraternelle » et elle n’est pas simple à pratiquer.

Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère.


Au point de départ, il ne faut jamais oublier qu’il s’agit d’un « frère » que la communauté a accueilli en tant qu’appelé, lui aussi, par le Christ. Il n’est pas membre d’une équipe, numéro anonyme d’une association, collaborateur que l’on renvoie pour incompétence. Il est animé par l’Esprit, membre du Corps du Christ, brebis égarée mais cherchée par le Père.

Cela le rend très précieux et en même temps souligne sa responsabilité : par sa faute, qui n’est pas précisée, il perturbe la vie de la communauté, il abîme sa réputation, il gêne la mission. On ne va pas le convoquer chez le patron, on ne va pas causer un esclandre en rapportant à tous son méfait. « Savez-vous bien ce que X...a fait ?... » : pratique courante et désastreuse.

Jésus nous enseigne la conduite à suivre: le témoin qui a constaté le péché cherche d’abord à avoir un entretien seul à seul avec l’intéressé. Sans précipitation, il attend le moment propice quand les tempéraments sont au calme. Et posément, sans en remettre, il montre à l’autre sa faute. Ce dernier peut la reconnaître, confesser qu’il faisait du tort et s’engager à se convertir. Une poignée de mains chaleureuse scellera la victoire de la vérité et de la fraternité.

S’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes afin que l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins.

Il est possible que l’autre se cabre et refuse de changer d’attitude. Dans ce cas, on cherche un ou deux disciples qui eux aussi estiment que la faute doit être corrigée et, à un moment convenable, sans irritation, on reprend un conciliabule. L’accord des trois témoins pourra amener le pécheur à être enfin convaincu de changer.

S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église.

S’il y a un nouvel échec, alors il sera nécessaire d’exposer le problème à la communauté (l’Église) qui pourra débattre, prouver au coupable que sa faute est inadmissible et qu’il est impératif pour lui de modifier son comportement.

S’il refuse d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain.

Après les trois démarches et les sollicitations répétées sans effet, alors il faudra bien déclarer au coupable qu’il ne peut plus participer aux assemblées car sa faute déforme l’Évangile, défigure l’aspect de l’Église. L’Église ne méprise personne : elle souffre qu’un de ses membres ne veuille pas consentir à la conversion qu’elle juge, elle, indispensable. Elle ne se prétend pas parfaite, elle ne rassemble pas que des membres impeccables sinon elle serait dure et pharisienne. Mais il y a de l’intolérable.

Cette sentence de renvoi ne signifie pas que cet homme soit rejeté et condamné : Jésus n’a-t-il pas dit qu’il n’était pas venu pour les justes mais pour les pécheurs ? N’a-t-il pas présenté son Père comme un pasteur qui ne cesse jamais de chercher la brebis égarée ? Voilà pourquoi l’Église doit aimer cet égaré et tout faire pour lui montrer qu’il est toujours attendu, qu’il manque aux autres et qu’il sera toujours accueilli avec joie.

Dans la prière et au nom de Jésus

Ce procédé de la correction fraternelle, pour être juste et échapper aux jugements personnels et trop hâtifs, doit se faire avec beaucoup de prière et la volonté d’agir réellement au nom de Jésus. D’où la finale solennelle :

Je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Encore une fois, je vous le dis : si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon Nom, je suis là au milieu d’eux.


Si on agit dans ce climat, alors les disciples peuvent être sûrs que Dieu avalisera leur décision. Le pouvoir confié naguère à Pierre sera exercé de manière communautaire. C’est Jésus qui rassemble son Église : elle doit expressément se serrer contre lui afin de pouvoir exercer cette tâche ardue en toute justice.

Conclusion

Dans la 1ère lettre aux Corinthiens, on voit Paul très fâché : il a appris que la communauté tolère en son sein un pécheur notoire et il annonce qu’il procédera à l’exclusion: « Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ? » (1 Cor 5, 1). Il faut prendre garde à la contamination du mal.

Cette correction qui était praticable en ces premiers temps de petites communautés, l’est-elle encore aujourd’hui ? Les personnes qui viennent à la célébration du dimanche ont-elles conscience d’être une « Église » ? Les conditions actuelles font que beaucoup « vont à la messe » mais pas « à leur assemblée ». On va ici ou là selon les besoins. On peut être « pratiquant régulier » et ne jamais connaître ceux qui sont des voisins mais jamais « des frères ». On ignore totalement que l’on devrait former une communauté où l’on se connaît, où l’on se soutient, où tous se sentent responsables de la mission capitale de libérer l’humanité du mal par la grâce du Messie.

L’Église ne fait rien – dit la rumeur publique. Le changement est urgent.



Frère Raphaël Devillers, dominicain

La conversion pastorale de la communauté paroissiale au service de la mission évangélisatrice de l’Église

La conversion pastorale de la communauté paroissiale au service de la mission évangélisatrice de l’Église

Présentation par Mgr. Ripa (extraits)


La Congrégation pour le Clergé vient de publier une instruction sur « la conversion pastorale de la communauté paroissiale au service de la mission évangélisatrice de l’Église ». Elle veut concrétiser, dans la vie de l’Église, l’impulsion que le Pape François ne cesse de donner en invitant à la « sortie missionnaire » (La joie de l’Évangile, n. 20-24).

« Allez ! De toutes les nations faites des disciples :» (Mt 28, 19-20). L’Église cesserait d’exister si elle n’était pas missionnaire.

Pourtant, dans un certain nombre de communautés chrétiennes, la pratique de la foi consiste surtout à vivre ensemble et à recevoir les sacrements. Certains ont tendance à réduire la mission à l’envoi au loin de prêtres et de religieuses. D’autres considèrent qu’elle est l’affaire du curé de la paroisse et de quelques laïcs qui donnent de leur temps. Il leur suffit que la messe dominicale soit assurée, que leurs enfants aillent au catéchisme, que les baptêmes, les mariages et les obsèques soient célébrés quand ils le demandent.

Ils ont cantonné leur foi dans la sphère de leur vie privée et dans quelques pratiques sacramentelles.

La conversion pastorale

Le Pape François ne cesse de rappeler que l’annonce de la foi est une exigence inscrite dans la grâce du baptême. On ne peut pas être vraiment chrétien si on ne fait pas siens « les sentiments du Christ » (Phil 2, 5) qui est envoyé par le Père pour que tous aient la vie.

Il en est de même pour l’Eucharistie, moment essentiel pour la constitution de la communauté paroissiale qui accueille la présence vivante et salvifique de son Seigneur. L’Eucharistie « contient tout le trésor spirituel de l’Eglise, c’est à dire le Christ lui-même », raison pour laquelle elle est « la source et le somment de toute l’évangélisation ». Chaque baptisé, chaque participant de l’Eucharistie doit devenir acteur de l’annonce du Christ à ceux qui l’entourent.

Quelle conversion exige cette perspective si fondamentale ! C’est ce qu’on appelle la « conversion pastorale », inséparable de la nouvelle évangélisation.

En de nombreux pays, la déchristianisation massive de la société se poursuit depuis des décennies, si bien que ce ne sont pas seulement des personnes qui s’éloignent de la foi, mais des générations entières qui n’ont pas entendu le nom de Jésus. « Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience », écrit le Saint Père dans La joie de l’Évangile (n. 49), c’est que cette multitude qui est faite pour Dieu, souvent sans le savoir, est affamée, et « Jésus nous répète sans arrêt : “Donnez-leur vous-mêmes à manger” (Mc 6, 37) ».

Il est urgent que chaque communauté chrétienne entende cette parole du Seigneur et accepte de quitter les rives du lac pour sortir « au large », en « eaux profondes » (cf. Lc 5, 4), à la rencontre de ceux qui se sont éloignés du Christ ou qui ne le ne connaissent pas.

Ce dynamisme, qui repose sur « un choix clairement missionnaire » (n. 5), doit être le premier critère pour vérifier l’authenticité d’une vie chrétienne et d’une action pastorale.

Tel est l’esprit qui sous-tend cette Instruction. Avant même d’envisager des questions canoniques, elle développe une vérité de base : l’Esprit Saint pousse l’Eglise, chaque communauté paroissiale, chaque baptisé, à se renouveler en retrouvant le dynamisme originel qui rend compte des débuts de l’Eglise et que les apôtres Pierre et Jean ont ainsi exprimé devant le Sanhédrin : « Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu » (Ac 4, 20).

L’Instruction s’emploie donc à montrer comment concrétiser, jusque dans ses formes canoniques, l’esprit missionnaire de l’Église dans la réalité des communautés chrétiennes.

A SUIVRE

Vatican, 20 juillet 2020
Mgr Andrea Ripa
Sous-Secrétaire Congrégation pour le Clergé
Le texte intégral de l’Instruction et celui de Mgr Ripa
est disponible sur le site « Eglise catholique de France » 28 août 2020

Après son succès sur France 3, Thérèse de Lisieux débarque dans les kiosques

Après son succès sur France 3, Thérèse de Lisieux débarque dans les kiosques

Sainte Thérèse de Lisieux n’en finit décidément pas de faire l’actualité. Après l’émission à succès sur France 3 à heure de grande écoute le 4 mai dernier, place à la Une du magazine Secrets d’Histoire en kiosque dès ce jeudi 20 août.

L’émission « Secrets d’Histoire » de Stéphane Bern consacrée à Thérèse de Lisieux diffusée le 4 mai dernier a réuni quelque 2,45 millions de téléspectateurs, soit 10% de part d’audience. Un beau carton que la production a décidé de reproduire en la déclinant en magazine, à raison de quatre numéros par an et quelques hors-séries. C’est donc dans le nouveau numéro sorti ce jeudi 20 août que l’on retrouve en Une la petite Thérèse.

Cette annonce a réjoui de nombreux fans de l’émission, comme on peut le découvrir sur la page Facebook de l’émission, avec déjà des centaines de messages enthousiastes. « Enfin une bonne nouvelle qui va arriver dans ma boite aux lettres », « je vais courir l’acheter », « Reçu ce matin dans ma boîte à lettres ! Je sais ce que je fais de ma soirée », écrivent les uns, alors qu’une autre téléspectatrice témoigne « Je suis justement en train de lire « Histoire d’une âme » écrite par sainte Thérèse , suite à l’émission sur elle ». Après un succès d’audience, un succès de presse écrite ?

Site Aleteia 21 8 2020

“Le désespoir d'un prêtre est quelque chose de particulièrement triste”

“Le désespoir d'un prêtre est quelque chose de particulièrement triste”

Interview de Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes



Sur Twitter, vous écrivez : « En deux jours, j'apprends le suicide de deux prêtres que je connais, de la même génération (la cinquantaine). Des pasteurs donnés à leur ministère. Alors pourquoi ? Nous, les responsables, avons-nous su entendre leur souffrance? »…

J'ajouterais une troisième question. En apprenant le deuxième suicide, j'ai tout de suite pensé à ce qu'avait dit Mgr Lebrun, à la suite de celui de Jean-Baptiste Sèbe, prêtre de son diocèse, il y a deux ans : « Qu'est-ce que je n'ai pas fait ? » « Avons-nous su entendre leur cri ? »

La première question que les gens nous posent, c'est si nous avions remarqué des points d'ombre… Ce qui m'amène à la question suivante : ne sommes-nous pas tellement préoccupés par des problématiques d'administration ecclésiale, que nous ne sommes plus assez attentifs aux personnes ? Je ne mets personne en cause, cette question je me l'adresse d'abord à moi-même. Il faut bien reconnaître que nous sommes confrontés à des situations difficiles dans beaucoup de diocèses.

Nous sommes travaillés par notre conscience épiscopale qui nous interroge sur notre mission d'évangélisation : comment parler à tous ceux qui se sont éloignés ? Avec quels moyens ? C'est un souci noble ! Mais ayant à ce point l'esprit et le cœur pris par cette lourde charge, avons-nous un coin de disponibilité dans notre tête et notre cœur pour penser à nos plus proches collaborateurs ? ……….

Faut-il alléger les évêques d'une partie de leur charge pour qu'ils retrouvent une plus grande disponibilité ?

Dans sa Lettre au peuple de Dieu, le pape François dit aux chrétiens qu'ils doivent prendre part à la mission de l'Église. Il est moins difficile à l'évêque d'assumer sa mission dès lors que le peuple y prend part, encore faut-il aussi qu'il le permette. Il ne suffit pas de s'entourer de collaborateurs de confiance, il faut aussi faire confiance à ceux qui nous sont donnés, confiance aussi dans le sacerdoce des baptisés pour ce qui est des laïcs.

C'est-à-dire ?

Je perçois bien que beaucoup de chrétiens se préoccupent des prêtres et je leur rends hommage pour cela, mais les prêtres s'appuient-ils suffisamment sur les laïcs ? Surtout dans les moments difficiles, savent-ils s'appuyer sur eux ? Il persiste parfois une sorte de réserve : là où il y a des rapports simples, où les laïcs ont pris conscience de leur responsabilité dans la participation à la vie de l'Église, les choses vont bien. Mais quand la distance demeure, quand les laïcs se perçoivent comme « au service » du prêtre, comment voulez-vous que le prêtre puisse se confier à ceux qui travaillent avec lui ?

Que vous disent les prêtres que vous rencontrez du malaise actuel ?

Les prêtres souffrent de l'image de l'Église et de l'image des prêtres. Ils en souffrent parce que les gens qui sont plus à distance ne font pas dans le détail : c'est l'ensemble des prêtres qui est coupable des abus commis par certains. Répondre à cette accusation ne sert à rien, car l'institution est coupable aussi, il faut le reconnaître, et chercher à se justifier ne changera pas l'opinion publique. Les prêtres souffrent aussi de la désaffection un peu générale. Pendant la crise sanitaire, beaucoup de prêtres ont pris conscience du lien qui les unissait à leurs fidèles chrétiens.

Il n'en reste pas moins : quel sens l'Église a-t-elle pour les gens ? Il y a quelque chose de neuf à construire dans cette relation. On parle d'un monde nouveau après le confinement, mais c'est à nous de le créer par nos efforts. C'est une mission stimulante. J'aimerais transmettre cette espérance aux prêtres et aux chrétiens.

Cet enthousiasme, beaucoup de prêtres qui ont mis fin à leurs jours, l'avaient : qu'est-ce qui a pu éteindre cela ?

C'est le grand mystère. Cela peut être lié à des chutes de tension spirituelle, à un trop fort degré de solitude, à une trop grande fatigue, à un excès de travail, à la lourdeur du travail… Il y a des antidotes : la prière, la fraternité entre prêtres et la proximité avec les laïcs vers qui on est envoyés, le sport, la vie sociale, des lectures. Mais chacun le gère à sa façon. On ne peut pas donner de conseils. Le droit canon préconise un mois de vacances mais chacun le gère selon ce qu'il est.

N'y aurait-il pas une réflexion à mener en urgence au niveau de l'Église de France?

Cette question, nous nous la posons déjà, mais il reste encore du travail, c'est évident… Le désespoir d'un prêtre est quelque chose de particulièrement triste : quelque chose de beau est abîmé, et c'est tout le corps qui souffre.

Publié dans La Vie - le 27/08/2020 - Extraits

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