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34ème dimanche
Année B – 18 novembre 2018

LE CHRIST, ROI DE L’UNIVERS

34ème dimanche – Année B – 25 novembre 2018 – Évangile de Jean 18, 33-37

Ce dimanche est le dernier de l’année liturgique. L’évangile du jour se termine par la terrible question : QU’EST-CE QUE LA VERITE ?

La Vérité n’est pas un concept, une théorie, une science, une inaccessible étoile. Elle est Quelqu’un : Jésus de Nazareth. Impuissant, nu, moqué, fouetté, crucifié, Il est Roi de l’univers.
Sa face tuméfiée est la Lumière du monde. Sa Parole nous retire des ténèbres. Nos péchés sont ses plaies et d’elles coulent notre pardon et notre vie.

« Sur la croix, Jésus a rendu témoignage à la vérité mais il n’a pas voulu l’imposer par la force.
Son Royaume s’établit en écoutant la vérité et en lui rendant témoignage ;
il s’étend grâce à l’amour par lequel le Christ, élevé sur la croix, attire à lui tous les hommes….

…La réponse de foi donnée par l’homme à Dieu doit être volontaire ; personne ne doit être contraint à embrasser la foi malgré lui… » (Concile Vatican II ; La Liberté religieuse - § 10-11)


ÉVANGILE DE JEAN 18, 33-37

LE CHRIST, ROI DE L’UNIVERS

Ce dimanche, tout ordinaire dans le calendrier civil, revêt une importance significative pour les chrétiens : dernier de l’année liturgique, il proclame et célèbre le « CHRIST ROI DE L’UNIVERS ». Dans l’histoire qui se déroule comme un affrontement de puissances tantôt écrasantes tantôt séductrices – toujours idolâtres et mortifères -, l’Eglise nous invite à reconnaître la Royauté universelle du Christ Jésus.

Mais où donc Jésus a-t-il été proclamé Roi ? Au Golgotha où, pauvre pantin ensanglanté sur la croix, il pendait sous un écriteau notifiant le motif de son exécution : « JESUS LE ROI DES JUIFS ».
Paul qui fut d’abord révulsé par cette horreur, écrira peu après, fièrement : « Nous prêchons un Jésus crucifié…Il est Christ, puissance de Dieu et Sagesse de Dieu » (1 Cor 1, 23).

Aujourd’hui Jean nous explique comment comprendre cette Royauté paradoxale et scandaleuse.


RESPONSABILITE DU SANHEDRIN

Qui est responsable de l’exécution de Jésus ? Une épouvantable méprise a fait attribuer la crucifixion aux Juifs désignés de manière absurde de « peuple déicide ». Déjà au concile de Trente mais surtout à celui de Vatican II, l’Eglise a condamné cette dénomination qui, hélas, avait conduit à des pogroms odieux et finalement à l’horreur innommable de la Shoah.

En effet, lorsque Jésus est entré à Jérusalem, les habitants ne connaissaient que par ouï-dire ce prophète qui circulait là-bas en Galilée ; quant aux dizaines de milliers de pèlerins venus, pour la Pâque, de Grèce et de Syrie, ils n’en avaient jamais entendu parler.

Selon les évangiles, c’est le Sanhédrin qui, en hâte et en bafouant la procédure, a voulu sa mort ; et d’ailleurs tous les membres, dont Nicodème, n’étaient pas d’accord. Il fallait aller vite : des gens de la mouvance zélote avaient accueilli Jésus comme le descendant de David, le roi messie qui allait rendre à Israël son indépendance. Ils n’avaient pas compris que Jésus était entré sur un ânon pour bien manifester son caractère pacifique, non-violent. Mais des extrémistes, échauffés par les cantiques de libération, étaient prêts à la révolte. Une étincelle et la ville s’enflammait.

Paniquant devant une guerre imminente, Caïphe et d’autres décidèrent l’exécution rapide de Jésus. Ne disposant pas du droit de mort, il leur fallait recourir à Pilate et comme ce Romain ne comprenait pas le sens juif de « messie », on lui présenta le prisonnier comme « roi » : accusation gravissime, crime de lèse-majesté passible de la mort la plus ignominieuse, la croix.


JESUS DEVANT PONCE PILATE

Jean raconte la Passion de Jésus comme une tragédie en trois actes dont le centre est la comparution de Jésus devant Pilate. Problème capital et de toujours : quel est le rapport entre le pouvoir et Jésus, entre l’Eglise et la politique ?...
Les délégués du Sanhédrin amènent Jésus à la forteresse de Pilate et refusent d’y entrer : la Pâque ayant lieu le soir même, ils se souilleraient en pénétrant dans une demeure païenne. Pilate se retrouve devant un inconnu et il va devoir sortir puis rentrer pour conduire son interrogatoire. Il est perplexe devant des autorités juives qui le pressent d’exécuter un compatriote, il ne comprend pas les raisons de leur acharnement. Car il a vite compris que Jésus n’avait rien d’un Che Guevara. Ses soldats lui ont appris que l’arrestation s’était déroulée sans résistance et que les disciples de ce Jésus s’étaient enfuis sans combattre. Il serait donc décidé à relâcher ce rêveur, ce poète, cet illuminé pour exécuter plutôt le dangereux Barabbas. Mais les accusateurs insistent, veulent la mort. « Roi » : qu’est-ce que cela signifie ?
Le petit dialogue en 7 répliques est à relire, à méditer, à prier. Car c’est notre foi en Jésus, notre comportement de citoyen chrétien, c’est l’attitude de l’Eglise devant tous les Pouvoirs qui se jouent.

Pilate rentra dans le Prétoire, appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? »
- Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ?
- Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ?
- Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici.
- Alors, tu es roi ?
- C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix.
- Qu’est-ce que la vérité ?
Ayant dit cela, Pilate sortit de nouveau à la rencontre des Juifs, et il leur déclara : « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation ».

Donc Jésus ne cherche aucune échappatoire : il revendique clairement le titre de Roi. Le gouverneur, homme de pouvoir, n’entendant ce titre qu’au sens politique, Jésus tente de lui expliquer. Ma royauté n’est pas DE ce monde. Attention ! cela ne la confine pas dans le domaine de l’âme, de la conscience et de la piété ni ne la renvoie dans l’au-delà, à la fin de l’histoire. La royauté de Jésus n’entend pas territoire, pouvoir central, armée, palais, armements, finances ; elle ne s’exerce absolument pas à la manière des puissances mondaines ; Jésus n’est pas concurrent de Pilate. Mais sa royauté s’exerce bien DANS le monde des hommes. Comment ?

Jésus fait allusion à sa mystérieuse identité : Je viens d’ailleurs, de Dieu mon Père qui m’a envoyé pour une unique mission : TEMOIGNER DE LA VERITE. Homme misérable devant la force, je manifeste le vrai Dieu. Je ne suis pas que son porte-parole : je suis sa Parole, son sens, sa signification, son amour qui s’incarne dans un homme par amour des hommes. Je suis révélation de Dieu et révélation de l’homme.

Comment participer à ce Royaume ? « Quiconque est DE la Vérité écoute ma voix ». D’où qu’il vienne, quel que soit son passé, tout humain est invité à condition qu’il accepte d’ « originer » son existence à partir de la recherche sincère de la vérité. En étant pauvre de cœur, en refusant de se blinder dans ses certitudes, de se vanter de ses qualités intellectuelles ou morales, en acceptant de se laisser remettre en question, en avouant son inachèvement, ses limites, en se dépouillant de tout orgueil. Ce n’est pas une question de nation, de famille, de culture, de science, de morale.

Alors le cœur humain devient capable d’écoute. « Celui-là écoute ma voix » : Jésus devient son Bon Berger et il se met à le suivre. Car la vérité n’est pas paquet de connaissance, évasion mystique, perfection inoxydable, échafaudage philosophique ou théologique. Elle n’est pas découverte de principes mais de Quelqu’un. Elle est dé-routante, cheminement, recherche jamais assouvie. Donc parfois égarement, chute, lassitude. Mais la brebis égarée est toujours cherchée et reconduite à la communion des autres. Car la Vérité du Royaume de Jésus se vit ensemble ; elle se purifie, elle s’affine par les confrontations, elle grandit dans l’amour mutuel et la réconciliation toujours partagée.


L’IMMENSE ERREUR DE PILATE

Pilate était un homme cultivé : pour devenir gouverneur, représentant de l’Empereur, il avait fait des études, avait cherché à acquérir la sagesse en étudiant Homère, les plus grands philosophes, les diverses religions. Il était parvenu à la conclusion de l’homme intelligent, de l’esprit fort à qui on ne la fait pas. Aussi, excédé par ce minus juif qui lui semble proférer des énormités, il lance: « Qu’est-ce que la vérité ? »….et il sort en tournant le dos à celui-là qui, seul, pouvait lui répondre.

Il va retrouver les délégués, il proclame à nouveau qu’il ne voit aucune raison d’exécuter ce prisonnier, il fait même une tentative pour le libérer à la place de l’autre prisonnier, Barabbas, dangereux émeutier. Alors les soldats jouent une parodie du couronnement en affublant leur prisonnier d’une couronne de ronces et d’un vieux manteau rouge d’officier et en giflant celui qu’ils saluent en ricanant : « Salut roi des Juifs ». Puis on sort Jésus, Pilate l’installe sur le siège où il rendait la justice et s’amuse à lancer à la foule : « Voilà votre roi ». Mais quand on menace de le dénoncer à César et de ruiner sa carrière s’il relâche Jésus, alors il cède et signe l’arrêt de mort de Jésus. Après tout un Juif de plus ou de moins, quelle belle affaire ? Et, avec son petit sourire sceptique, pour montrer son mépris des Juifs, il fait rédiger l’écriteau que l’on fichera en haut de la croix : « Jésus roi des Juifs ».

Le sceptique raffiné, le juge intègre peut en venir à condamner à mort un homme qu’il dit innocent. Refuser d’être « de la vérité » pour être « de l’ambition », « de la richesse », « de la tranquillité » conduit au déni de l’homme et au crime.

Mais c’est alors, ô merveille, au milieu de cette tempête de cris, de haine, de mensonges que va se manifester la Vérité :

« Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son fils non pas pour condamner le monde mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » [Jean 3, 17].

Retrouvés bientôt par le Christ vivant qui leur pardonne leur lâcheté et leur trahison, les disciples vont se disperser dans le monde pour annoncer la Bonne Nouvelle dont nous vivons encore : Jésus est le Messie qui a opéré la libération authentique, celle de la miséricorde, il est la Vérité, Il est le Roi, le Seigneur.

Ainsi se termine notre année chrétienne. Conscients du mal dont nous, les hommes, sommes capables mais émerveillés de l’Amour que Dieu nous dispense par son Fils, nous repartons pour une année nouvelle, éclairés par la Vérité, à l’écoute de la Parole de Celui qui s’est laissé projeter au fond de notre gouffre afin de nous en extraire et nous conduire à la Vérité éternelle.
Il nous revient d’être une Eglise débarrassée de ses atours, purifiée de ses envies de grandeur : comme son Roi, moquée et condamnée, elle sera au service de son amour.

DOSTOÏEVSKI

LE SENS DE L’HOMME EST LIÉ AU SENS DU CHRIST

Chez Dostoïevski, le sens de l’homme est lié au sens du Christ.

Sur l’échafaud, quelques instants avant le simulacre de pendaison, il s’approche de son ami Spechniov et lui souffle à l’oreille en français : « Bientôt nous serons avec le Christ ».

À 33 ans, il choisit encore le Christ. Au bagne, écrit-il, « je me suis compris… J’ai compris le Christ… J’ai compris l’homme russe… Ne me dites pas que je ne connais pas le peuple… Je le connais, c’est de lui que j’ai reçu de nouveau dans mon âme le Christ, que j’avais connu dans la maison paternelle lorsque j’étais enfant, mais que j’avais perdu. »

Dostoïevski est fasciné par l’humanité du Christ, par sa nature humaine parfaite. « J’ai composé mon Credo, dans lequel tout est clair et saint. Il est très simple, le voici : croire qu’il n’y a rien de plus beau, de plus profond, de plus attrayant, de plus raisonnable, de plus fort et de plus parfait que le Christ… Mieux encore, si quelqu’un me démontrait que le Christ n’est pas dans la vérité, et qu’effectivement la vérité n’est pas en lui, j’aimerais mieux rester avec le Christ plutôt qu’avec la vérité. »

Archéologie : la pierre qui prouve que Ponce Pilate a bien existé

Nous connaissons tous évidemment Ponce Pilate et son rôle dans la Passion du Christ. Toutefois, nous en savons bien peu sur la personne, hormis son arbitrage dans le jugement du Christ. Nous savons qu’il était le préfet romain qui a régné sur la Judée pendant le règne de l’empereur Tibère (14-37 après JC). Mais à part sa présence dans les Évangiles, de brèves références d’historiens romains et quelques pièces de monnaie prétendument frappées par le préfet, il y a très peu de preuves que Pilate n’ait jamais existé.

C’était jusqu’à la découverte en 1961 de la « pierre de Pilate », un morceau de calcaire sculpté avec le nom de Pontius Pilate. L’archéologue et docteur italien Antonio Frova et son équipe ont découvert la « pierre de Pilate » en fouillant un ancien théâtre romain à Césarée, en Israël, construit par le décret du roi Hérode, vers 10 avant JC. UCatholic.com explique que Pilate exerçait ses fonctions à Césarée, ville qui a remplacé Jérusalem en tant que capitale administrative de la Judée en 6 après JC.

Bien que la pierre ait été abîmée par le temps, des fragments de l’inscription sur le calcaire peuvent encore être distingués. D’après ce que les archéologues peuvent lire, cela semble être une pierre de dévotion. Il est inscrit :
Pour le Divin Augusti Tiberieum
… Pontius Pilate
… préfet de Judée
… a consacré

Cette découverte confirme la position de Pilate en tant que préfet de Judée, ainsi que l’époque à laquelle il exerçait ses fonctions. UCatholic note que d’autres sources laïques mentionnent le préfet, comme les écrits de Flavius Josèphe dans les Antiquités juives vers 94, Philon d’Alexandra dans Ambassade auprès de Caligula, ou encore Publius Cornelius Tacitus (Tacite), l’un des historiens romains les plus connus.

Cependant, ces travaux ont tous été écrits plusieurs décennies après que Pilate a été démis de ses fonctions de préfet de Judée. La « pierre de Pilate » est donc à ce jour la seule preuve directe de l’existence de Pilate qui, littéralement, a gravé sa valeur historique dans la pierre.

À LA RUE, DES MERES EN DETRESSE

De plus en plus de jeunes mères se retrouvent sans abri avec leurs enfants, notamment en Seine-Saint-Denis où la situation devient intenable. Face à cette précarisation, des associations se mobilisent.

Le 4 septembre dernier, l’association Interlogement 93 lançait l’alerte. Dans son communiqué intitulé Des bébés sans abri : le cri du cœur du 115 de Seine-Saint-Denis, la structure alarmait sur la situation explosive du département en termes d’accueil d’urgence pour les femmes enceintes ou les jeunes mères. « Ce mercredi 29 août, indique le communiqué, deux femmes ont été contraintes de quitter les maternités où elles avaient accouché pour se retrouver à la rue avec leurs nouveau-nés. » Sur l’année 2017, l’association a ainsi recensé 653 mères sans abri après la maternité, trois fois plus qu’en 2014.

« Les chiffres sont exponentiels d’un mois à l’autre », confirme Anne-Laure Joly, directrice du centre mère-enfant Asmae-Association Sœur Emmanuelle à Bobigny (93). « Le nombre de nuitées hôtelières a atteint son maximum pour les familles, il n’y a plus de place. » Beaucoup de femmes avec enfants – pourtant prioritaires pour trouver un hébergement – ne tentent même plus leur chance au 115 et se tournent vers les urgences des hôpitaux ou les gares. En journée, les structures d’accueil qui leur sont réservées sont prises d’assaut. « Pour elles, c’est un parcours du combattant permanent »,décrypte la directrice d’Asmae à Bobigny.


Des réflexes de survie

Orientées vers différentes associations qui leur fournissent ici un colis alimentaire, là des vêtements, ou encore un espace hygiène avec douches et lave-linge, « elles passent leur temps à aller chercher de quoi vivre pour elles et leurs enfants »,conclut Anne-Laure Joly. Sans compter un risque de prostitution qui s’aggrave pour ces mères en très grande précarité qui « ont développé au fil du temps des réflexes de survie »

(LA VIE - 12 11 18)


COMMENTAIRE : On annonce d’autre part que le nombre de millionnaires ne cesse de croître et que le commerce des produits de luxe bat des records de vente. L’écartèlement de la société se poursuit. (diable signifie « diviseur »)

Bruno Cadoré : « La prédication, c’est l’annonce que Dieu s’approche »

6.000 frères, 10.000 moniales, 30.000 sœurs apostoliques et 200.000 laïcs : c’est le nombre de ceux qui sur les cinq continents, vivent la spiritualité de saint Dominique. Bruno Cadoré est le 86ème Maître de l’Ordre des prêcheurs. Au moment où son mandat touche à sa fin, il prend la parole dans un livre d'une grande densité spirituelle "Écouter avec Lui l'envers du monde". Entretien.

C’est en 2010 que les Dominicains ont choisi pour Maître ce Français aux racines où se mêlent les terres de Bourgogne et de Martinique. Sa formation originale, qui réunit la médecine et la théologie, lui a permis d’apporter un regard profond dans la recherche et l’enseignement en bioéthique et dans sa participation au Conseil national du sida, tout en exerçant la responsabilité du Provincialat. Et c’est à l’heure de quitter la tête de l’Ordre que Frère Bruno a décidé de prendre la parole à la fois pour rappeler la mission de la famille dominicaine dans le monde contemporain et inviter tous les chrétiens à cette joie de savoir que Dieu voudrait parler dans le monde.

Aleteia : L’ordre des prêcheurs a été fondé il y a 800 ans. Comment peut-il évangéliser dans le monde du XXIe siècle ?
Bruno Cadoré : C’est une question importante ! Évidemment tellement de choses ont changé… Et en même temps, rien n’a changé ! L’évangélisation, c’est toujours et avant tout une rencontre. L’enjeu d’aujourd’hui, c’est celui de savoir comment les prêcheurs vont annoncer l’Évangile aux hommes de notre temps. Évangéliser c’est d’abord se mettre en silence et s’effacer derrière la Parole de Jésus. Il est important de mesurer à quel point les paroles humaines se montrent bien fragiles pour Lui faire écho avec justesse.

Être un bon prêcheur, c’est se mettre à l’écoute de Dieu ?
Il me semble que la réponse se trouve auprès de celui qui a le goût des rencontres vraies avec les gens. Celui qui, avant même de se demander ce qu’il faudra dire ou faire, veut aller à la rencontre de l’autre. La prédication, c’est cela, rien du prêcheur et tout de Lui. Long ou bref, peu importe, le silence fonde le mystère, tel qu’il s’impose après la communion ou dans l’homélie.

Faut-il être familier de Dieu comme l’était saint Dominique pour aller à la vraie rencontre de l’autre ?
Dieu est tellement différent et autre que nous ! Et en même temps, il est tellement proche ! La prédication, c’est l’annonce que Dieu s’approche. C’est le message du prêcheur, et celui de Jésus aussi. Dieu, tellement grand, haut et différent s’approche de nous. C’est le message le plus important de l’Évangile.

Comment s’est passé votre propre cheminement vers les Dominicains ?
J’ai rencontré les prêcheurs… sans les avoir vraiment cherché ! Bien-sûr, je souhaitais rencontrer Dieu, vivre quelque chose avec Lui. Je me souviens surtout du jour où j’ai visité une communauté dominicaine. Je me suis senti chez moi, tout simplement. À la maison. L’important, c’est ce sentiment, au moment d’une rencontre, qu’on est arrivé au bon endroit. Même si vous n’avez pas préparé particulièrement cette rencontre, il y a un moment où les choses se mettent en place. Elles se préparent souvent de longue date, même pour ce qu’on n’a pas cherché particulièrement.

Que signifie pour vous vivre en frère dans une communauté ?
Nous partageons le même destin. Le frère partage mon destin, ma vie, mes soucis, mes goûts, mes inquiétudes, mes joies. C’est comme si nous étions à égalité de destin. Ce qui ne veut pas dire qu’il est comme moi. Nous restons différents, mais nous partageons ce qui arrive aux uns et aux autres. Ce qui inquiète un frère m’inquiète, ce qui le réjouit me réjouit.

Et l’obéissance ?
Pour moi, l’obéissance, c’est l’écoute de la Parole de Dieu, l’écoute de la Parole de Celui qui dit qu’Il vient, qu’Il s’approche. L’obéissance humaine s’enracine dans cette première écoute fondamentale, celle de la Parole de Dieu : « Je viens ». L’obéissance dans la fraternité nous permet de nous mettre chacun à la disposition de cette Parole. Entre les frères, l’obéissance, c’est aussi confier sa propre vocation à ses frères. Faire confiance aux autres pour qu’ils nous aident et nous apprennent comment écouter cette Parole qui s’approche, et comment lui répondre. C’est confier notre désir d’écouter la Parole à la vigilance des autres. (à suivre)

Écouter avec Lui l’envers du monde - Editions du Cerf, novembre 2018

Paru dans ALETEIA 15 11 2018
La seconde partie de cet entretien paraîtra dans notre n° suivant.

Télécharger le texte de l'homélie

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