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4ème dimanche de Pâques – Année C – 8 mai 2022

Évangile de Jean 10, 27 – 30

Le Père et Moi, nous sommes UN

4ème dimanche de Pâques - Année C – 8 mai 2022 – Évangile de Jean 10, 27 – 30
Jésus ne vit que de sa relation au Père de qui il reçoit tout ce qu’il est. Jésus-Christ n’est rien sans le Père et il le proclame constamment. La singularité de son être se confond avec la dépendance qui le fait Fils bien-aimé et aimant...
Plus nous contemplons le Fils et plus nous prenons conscience de notre filiation adoptive. Plus nous vivons en fils adoptifs et plus le Fils nous entraîne au sein de sa vie trinitaire...Saint Augustin a fortement insisté sur le mystère de notre union au Christ jusqu’à faire dire à celui-ci : « Ils sont moi-même ! »...
Le Fils unique de Dieu, pris en sa totalité, c’est le Verbe incarné et nous.
Nous formons avec le Fils un seul être filial. Nous sommes « fils dans le Fils »..
La vie de Fils de Dieu constitue la réalité la plus fondamentale de notre histoire...


Cardinal Roger Etchegaray

Évangile de Jean 10, 27 – 30

Le Père et Moi, nous sommes UN


Y a-t-il une seule page de l’histoire qui ne soit ensanglantée par les guerres? Sans cesse et partout, des individus sont persuadés d’apporter le bonheur à leur peuple, d’écraser les menaces des ennemis, de sauver l’honneur de leur nation. Dans cet horrible bilan, le XXème siècle a battu tous les records des tragédies : Staline, le Führer, Mao ... ont exterminé plusieurs dizaines de millions de victimes et causé des malheurs indicibles. Le sommet de l’horreur étant à jamais inscrit dans le nom d’Auschwitz. Pourquoi les peuples ont-ils si aisément écouté, approuvé, admiré, suivi de tels guides ?...

Et maintenant où va notre XXIème siècle ? Qui le guide ? « Les GAFAM – acronyme de Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft – sont devenues les plus grandes capitalisations boursières mondiales : chacune dépasse les 1000 milliards de $ US. Décriées pour leur mainmise tentaculaire sur l’économie mondiale, elles menaceraient même la souveraineté des États ».

Peu importe les noms de leurs présidents, leur but est implacable: développer sa propre puissance, accroître les rendements, transformer l’homme en acheteur, consommateur, voyageur. La violence impitoyable de l’or lamine toute résistance. Mais on voit la conséquence catastrophique de cette tyrannie anonyme : rien moins que la destruction de la planète. Il est d’une urgence vitale de stopper le réchauffement climatique et donc de changer profondément nos pratiques. Dans une société qui formate des moutons de Panurge, Jésus, lui, se présente comme le guide d’hommes responsables. La foi en lui est capitale, urgente.

Car lorsque Jésus déclare qu’il est « le bon berger », il ne s’agit pas d’une image bucolique, mielleuse et inoffensive qui nous confinerait dans la gentillesse, la piété, les bonnes manières mais d’une affirmation stupéfiante, polémique. D’ailleurs lorsqu’il se désigne de la sorte pour la première fois, lors de la Fête des Tentes, beaucoup le traitent de « possédé » (Jn 10, 1-21). A. ce moment-là, Jésus traite surtout de son comportement vis-à-vis de ses brebis c.à.d. ses disciples : il les appelle une par une, les fait sortir de leur enclos, marche à leur tête et surtout il se nomme « le bon pasteur » parce qu’il donnera sa vie pour ses brebis.

Jean poursuit aujourd’hui son récit avec la fête suivante mais la liturgie n’a hélas retenu que 4 versets. Je propose de lire l’ensemble qui donne sens.

La Fête de la Dédicace

Quelque temps après la clôture de la Fête des Tentes, en l’équivalent de notre mois de décembre, a lieu la dernière grande fête de l’année liturgique : la célébration dite de « Hanoukka » (Dédicace).

« On célébrait alors à Jérusalem la fête de la Dédicace. C’était l’hiver. Au temple, Jésus allait et venait sous le portique de Salomon ».


Alors qu’il était englobé dans l’empire syrien, Israël fut l’objet d’une terrible persécution: le roi Antiochus Épiphane IV, désireux d’helléniser tous ses peuples, avait décidé de supprimer la singularité juive : il interdit d’avoir la Torah, de pratiquer tous les rites, il profana le temple en dressant une idole païenne sur l’autel. Les martyrs furent très nombreux. Sous la direction de Judas Maccabée, les résistants juifs parvinrent à reconquérir Jérusalem, à démolir l’autel souillé et à en rebâtir un nouveau dont on décida de commémorer désormais la Dédicace par 8 jours de fête joyeuse (cf. 1 Macc 4, 36 ; 2 Macc 1, 9 ; 10, 1)

En dépit des menaces de plus en plus précises, Jésus est remonté dans la capitale : à nouveau il circule ouvertement et reprend son enseignement à la foule.

Le Berger Fiable parce que Fils


Les Juifs firent cercle autour de lui : « Jusqu’à quand vas-tu nous tenir en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le nous ouvertement ! ». Jésus leur répond : « Je vous l’ai dit et vous ne croyez pas. Les œuvres que je fais au nom de mon Père témoignent de moi mais vous ne me croyez pas parce que vous n’êtes pas de mes brebis.
Mes brebis écoutent ma voix et je les connais, et elles me suivent. Et moi je leur donne la Vie éternelle et elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher de ma main. Mon Père qui me les a données est plus grand que tout, et nul n’a le pouvoir d’arracher quelque chose de la main du Père. Moi et le Père nous sommes un ! ». Les Juifs à nouveau ramassèrent des pierres pour le lapider.


Prenons garde à l’antisémitisme : comme souvent chez Jean, l’appellation « les Juifs » ne désigne pas le peuple (où Jésus, qui est lui-même juif, compte des hommes qui le croient) mais seulement la part des autorités qui lui en veulent. Excédés par les paroles et le comportement de ce charpentier inconnu, ses adversaires le somment à nouveau d’affirmer son identité profonde. Qu’a répondu Jésus ?
  • D’abord qu’il ne fait pas une révélation nouvelle : il a dit à plusieurs reprises qu’il était le Messie mais ils ne l’ont jamais cru.
  • Si cette affirmation leur semble incroyable, ils pourraient au moins réfléchir aux œuvres étonnantes que Jésus a accomplies devant tous. Elles témoignent qu’il est davantage qu’un guérisseur et elles peuvent conduire à pressentir qu’il a un lien spécial avec Dieu son Père.
  • Mais leur refus foncier est dû au fait qu’ils ne veulent pas faire partie de la communauté que Jésus appelle et conduit.
Ensuite, positivement, Jésus réexprime son lien avec ses brebis et son Père :
  • Jésus n’embrigade personne, il ne cherche pas à séduire, il ne force pas, il parle et sa parole est invitation à toute liberté. Tout vrai disciple est quelqu’un qui a écouté son enseignement, qui s’est senti librement interpellé par cette Parole et qui a décidé de s’engager sur la voie tracée par l’Évangile. Lorsqu’il affirme qu’il « connaît ses brebis », il s’agit évidemment non d’une simple identité mais, au sens du verbe dans la bible, d’une communion profonde. L’existence qui met au mieux en pratique l’Évangile est le test de la foi.
  • Le don unique et immense que Jésus fait à ses disciples est la Vie éternelle, la participation à la Vie de Dieu.
  • Jésus sait que l’attachement de ses disciples à sa personne n’est pas le fruit de son travail ou de son prestige mais un cadeau de son Père : c’est pour cela qu’elles lui sont si précieuses jusqu’à donner sa vie pour elles.
  • Il rassure ses disciples qui, par leurs faiblesses, leurs péchés, les attaques subies, pourraient douter de leur persévérance : par la foi ils sont solidement tenus et par le Père et par le Fils et aucune puissance n’a pouvoir de les leur arracher. Seul le disciple lui-même, que jamais la foi ne ligote, peut de son plein gré renier ce qu’il a cru. Et cependant les mains du Père des miséricordes et les mains clouées du Fils demeurent toujours tendues pour accueillir celui qui s’était perdu.
Et Jésus conclut par l’affirmation solennelle :
« MON PÈRE ET MOI NOUS SOMMES UN ! »...A nouveau les Juifs ramassèrent des pierres : « Nous voulons te lapider pour un blasphème : parce que toi qui es un homme, tu te fais Dieu ! ». Jésus répondit : « Le psaume 82, 6 dit « Vous êtes des dieux ». Et nul ne peut abolir l’Écriture. Or à celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous dites : « Tu blasphèmes ! ». Croyez au moins dans mes œuvres. Ainsi vous connaîtrez et vous connaîtrez de mieux en mieux que le Père est en moi comme je suis dans le Père ».
Ils cherchèrent à l’arrêter mais il échappa de leurs mains. Et il s’en retourna au Jourdain, au lieu de son baptême ».


Affirmation jamais dite, affirmée, dit Jean, par Jésus qui priait en disant « Abba ! Père », écrite et hardiment répétée par des membres d’un peuple dont la confession de foi fondamentale est « Écoute, Israël : le Seigneur Dieu est Seigneur UN ». Mais prétention Incroyable, inacceptable pour des multitudes infinies sans doute jusqu’à la fin des temps. Ce sera la cause première de la condamnation à mort de Jésus puis celle de milliers de martyrs.

« Le Père m’a consacré » dit Jésus en cette fête de la « dédicace », c.à.d. de la consécration du nouvel autel et du temple par les Macchabées...mais qui, à nouveau seront détruits lors de la guerre contre les Romains en 70. Déjà, au début de l’évangile, Jésus avait lancé : « Détruisez ce temple et je le relèverai en 3 jours » et Jean avait expliqué : « Il parlait du temple de son corps » (2, 19).

Jésus accomplit toute la liturgie

Jean et sa communauté sont confiants : l’édifice du temple de pierres, l’autel consacré, les sacrifices d’animaux n’ont plus lieu d’être. Toute la liturgie d’Israël s’accomplit en Jésus : il est l’agneau immolé, sa croix est l’autel de sa donation, sa résurrection sera la naissance de son Corps, l’Église. Parce qu’il est le Fils, UN avec son Père.

Bien peu nombreux étaient les premiers chrétiens qui découvraient ces merveilles et ils savaient quelles avanies et quelles souffrances les attendaient. Néanmoins ils vivaient dans une confiance inébranlable : avec le Bon Berger, ils ne manquaient de rien, ils continuaient les œuvres de Jésus, leur assurance était totale puisqu’ils étaient tenus dans les mains du Père et du Fils.

C’est ce témoignage qui assure encore la Vérité de l’Évangile.



Fr Raphael Devillers, dominicain.

La Guerre en Ukraine, Notre capacité à regarder le malheur

La Guerre en Ukraine
Notre capacité à regarder le malheur

Née en 1947, Catherine Chalier est philosophe, professeur émérite à l’université de Paris. Ancienne élève d’Emmanuel Levinas, elle est devenue spécialiste de son œuvre. Elle est l’auteur de plusieurs ouvrages et a publié récemment « Comme une clarté furtive. Naître, mourir » (éd Bayard 2021), « Découvrir l’asymétrie » (éd. Bayard 2020) ; « Lire la Torah »(éd. du Seuil » ; etc...). - Extraits de l’interview parue dans La Croix du 9 4 22)

***

« ... La réflexion sur le mal est peu mobilisée dans les analyses actuelles de ce conflit et je le comprends. On ne voudrait pas, sous prétexte de réfléchir au mal, laisser croire qu’il s’agit d’une fatalité, contre laquelle on ne pourrait ni penser ni agir. Cela serait effectivement une erreur.

Quand la guerre est là, on ne peut que souhaiter que toute l’attention soit centrée sur la manière de contrer ce mal-là. Cela étant, je pense bien sûr qu’on est ici devant une expression du mal. Le mal comme une puissance extrême d’affirmation de son être. Sur ce point, un penseur comme Emmanuel Levinas nous aide à raisonner. Selon lui, le mal équivaut à la dureté implacable de l’être qui cherche à s’accroître aux dépens des autres, contre eux, en mettant toute sa passion pour se développer. Il se distingue par cette approche, car la philosophie a très souvent pensé le mal comme un manque, une déficience, un néant. D’après Levinas, la puissance d’être, passionnée, est une expression du mal.
  • Avons-nous cru qu’on pouvait en finir avec le mal extrême grâce au droit et aux relations économiques ?
Les démocraties et l’humanisme dont elles se prévalent sont fragiles. Faire du commerce, c’est mieux que de faire la guerre, mais ce n’est pas le tout de l’être humain. L’Europe a maintenu globalement la paix depuis 1945 mais le paysage européen est devenu spirituellement un peu désertique.

Sans doute est-ce une faute collective d’avoir laissé périr cette dimension spirituelle de l’être humain. La question du mal n’est pas seulement une question politique, elle concerne chacun d’entre nous. J’étudie beaucoup les textes de la tradition hassidique et je suis frappée par la manière dont ils insistent sur cette lutte qui doit être la nôtre avec notre « yetser hara », notre penchant au mal, notre manière d’être pour nous-mêmes. C’est une question profonde car on ne répond pas au mal par des slogans, tel « plus jamais ça » ni par des idéologies. On y répond par une réflexion approfondie et en commençant par soi-même.
  • Avez-vous le sentiment qu’on s’est privé de ressources spirituelles ?
....Ce qui me paraît fondamental dans la Bible juive - et la Bible chrétienne, le reprend - c’est l’affirmation que ce qui est bon précède ce qui est mauvais.

Aussi néfaste, aussi profond, aussi dévastateur soit le mal, il ne peut pas effacer l’alliance pré-originelle avec la bonté énoncée au début de la Genèse. C’est grâce à elle que l’on peut penser la repentance, la réconciliation, la réparation, ce « quelque chose » qui nous redonne de l’élan pour réparer le mal que nous avons fait ou que nous avons subi.

Nombreux sont les philosophes qui pensent, avec Freud, que la pulsion humaine est d’abord négative, agressive, mortelle. Mais comment arriver à la paix si l’on pense cela ? La Bible nous enseigne autre chose. Elle ne dit pas que nous sommes bons, mais qu’il y a en nous cette possibilité de renouer avec la bonté pré-originelle. C’est un travail quotidien pour chacun.
  • ...Dans l’histoire et la pratique juives, quel rôle joue l’expression de la souffrance. ?
Dans la Bible, le rôle du prophète est d’abord de dénoncer le mal fait par les hommes, et en particulier le mal fait par les puissants à l’encontre de ceux qui sont faibles. Les prophètes dénoncent l’injustice, la violence et l’hypocrisie. Je pense en particulier au livre d’Isaïe, chapitre 8...Je me rappelle avoir discuté avec Emmanuel Levinas du fait qu’il n’y a plus de prophète aujourd’hui. Il m’avait répondu que les prophètes, à présent, pouvaient être des journalistes, mais aussi chacun d’entre nous.

Nous sommes appelés à cette vocation prophétique, que le texte biblique réveille. La répétition des textes bibliques n’a de sens que pour chercher à les entendre autrement chaque fois. « Le texte nous lit » dit Kierkegaard. Il est comme un miroir dans lequel nous pouvons découvrir les mouvements intérieurs qui nous habitent....

Sondage sur les Français et la Sobriété

(réalisé en mai 2021)


Comment allez-vous faire évoluer votre consommation ?

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Pour l’extension du saint Évangile,
je suis prêt à aller au bout du monde
et à vivre jusqu’au jugement dernier.

Charles de Foucauld

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