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2ème dimanche de Pâques – Année C – 24 avril 2022

Évangile de Jean 20, 19 – 31

Heureux ceux qui croient sans avoir vu

2ème dimanche de Pâques - Année C – 24 avril 2022 – Évangile de Jean 20, 19 – 31
Le Caravage : Thomas l’incrédule

Première Lettre de Pierre (Chapitre 1)


Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Dans sa grande miséricorde, il nous a fait renaître pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage qui vous est réservé dans les cieux. La puissance de Dieu vous garde par la foi, pour le salut prêt à se révéler au moment de la fin.

Aussi vous tressaillez d’allégresse, même s’il faut que, pour un peu de temps, vous soyez affligés par diverses épreuves. Ainsi la valeur éprouvée de votre foi – beaucoup plus précieuse que l’or – provoquera louange, gloire et honneur lors de la Révélation de Jésus Christ.

Vous l’aimez sans l’avoir vu, vous croyez en lui sans le voir encore. Aussi vous tressaillez d’une joie ineffable et glorieuse.

C’est pourquoi, l’esprit prêt pour le service, soyez vigilants et mettez toute votre espérance dans la grâce qui doit vous être accordée lors de la Révélation de Jésus Christ.

Comme des enfants obéissants, ne vous conformez pas aux convoitises d’autrefois, au temps de votre ignorance. De même que Celui qui vous a appelés est saint, vous aussi devenez saints dans toute votre conduite.

Vous avez été rachetés par le sang précieux comme d’un agneau sans défaut et sans tache, celui du Christ...

Par lui vous croyez en Dieu qui l’a ressuscité des morts et lui a donné la gloire.

Évangile de Jean 20, 19 – 31

Heureux ceux qui croient sans avoir vu


Il est sans doute très dommageable que l’Église ait allongé le jeûne initial du vendredi-saint en un long carême voué à 40 jours d’ascèse préparatoire – ce dont les Évangiles ne parlaient pas. Au contraire Luc et les Actes insistent fortement sur la cinquantaine postpascale où il s’agit moins d’accomplir des actes pour Dieu que de recevoir son Esprit qui, seul, a la force de nous accomplir en Dieu. Plus qu’un faire pour Dieu, la foi est un laisse faire.

La Cinquantaine après Pâques

Ainsi les apôtres ont eu beau multiplier les affirmations de leur fidélité à leur maître, devant la croix ils ont tous craqué et l’ont lâchement abandonné. Après la fête de la Pâque qui tombait en ce sabbat où leur foi était anéantie, tout à coup, le lendemain, le 3ème jour, Marie-Madeleine rapporte l’incroyable nouvelle : la pierre a roulé, la tombe est vide. Pierre et Jean confirment le fait. Le soir venu, le groupe s’est enfermé, toute porte cadenassée, crispé sur sa stupeur, étreint d’angoisse. Qua va-t-il se passer ? Après le maître, les autorités ne vont-elles pas tout tenter pour retrouver et arrêter ses disciples ? Ou si le Seigneur vit comme on l’assure, ne va-t-il pas surgir afin de châtier et condamner ceux qui l’ont renié ?

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils se trouvaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix avec vous ». Il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.


Il ne s’agit donc pas d’une hallucination, d’une fabulation inventée par le groupe pour compenser sa désillusion. « Jésus vient et il est au milieu » : c’est bien lui, ils le reconnaissent. Mais son état est tout autre, libéré des contraintes spatio-temporelles. Il n’éclate pas en reproches, ne déchaîne pas sa colère, n’exige pas des prosternements et des demandes de pardon.

« Shalom » : le Ressuscité chasse les peurs et donne sa paix. Et tout de suite il indique la source de cette paix : « il leur montre ses plaies et son côté ». Les hommes m’ont livré à un supplice épouvantable mais c’est ainsi que je me suis livré par amour pour vous, pour vous pardonner vos péchés, vous combler de ma miséricorde.

D’un coup, les affres des peurs et des angoisses des disciples se dissipent . Les plaies deviennent source de vie et d’une joie toute nouvelle qui plus jamais ne les quittera ainsi qu’il leur avait promis lors de son discours d’adieu: « Maintenant vous êtes dans l’affliction, mais je vous verrai à nouveau, votre coeur alors se réjouira et cette joie, nul ne vous la ravira » (Jean 16, 22)

La Recréation par l’Esprit


Jésus leur dit de nouveau : « Paix à vous. De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie ». Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit-Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus ».


La venue de Jésus sur terre n’était pas une simple manifestation mais une tâche, une mission reçue du Père : loin d’être achevée par la croix, cette mission va se poursuivre par les disciples et s’étendre dans le monde entier jusqu’à la fin des temps. Elle consiste à transmettre le Souffle, le Dynamisme, l’Amour du Père qui a animé le Fils.

L’Église est donc missionnaire par nature et elle ne peut l’être qu’à la façon du Fils, non en étalant sa splendeur, non en s’imposant de force mais en proposant d’enlever le péché, l’obstacle qui sépare l’homme de Dieu, et en lui offrant l’Esprit qui le restitue enfant du Père. Cette mission évidemment s’effectue dans la liberté, elle se propose, elle persiste avec une infinie patience, ne s’étonne pas des réticences, des doutes, des colères. Rejetée pendant un temps, elle revient avec douceur ; elle ne condamne jamais ; elle fait comprendre la tristesse du plus grand malheur : être séparé de Dieu. Elle est contagieuse dans la mesure où elle se manifeste dans la joie des disciples. Le sérieux de la foi ne transparaît pas dans des cérémonies ennuyeuses ni sur la morosité des visages fermés. Ne refermons pas les cadenas que le Ressuscité a fait sauter.

L’incroyance de Thomas


L’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie « jumeau ») n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres lui disent : » Nous avons vu le Seigneur ! ». Mais il répliqua : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je n’y croirai pas ».
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient alors que les portes étaient verrouillées et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ». Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt et vois mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté ; cesse d’être incrédule, sois croyant ». Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».


L’épisode de Thomas a pour but de corriger la multitude indéfinie de ses « jumeaux » qui continuent à affirmer : « Je ne croirai pas si je ne vois pas ! ». D’abord il souligne l’énorme difficulté de faire accepter le message de la Résurrection. Tous les apôtres ont beau asséner leur certitude et manifester leur joie nouvelle : rien n’y fait, Thomas reste inébranlable. Ne nous étonnons donc pas de nos échecs dans la transmission mais toutefois ne cessons pas d’essayer et d’affirmer notre foi.

Ensuite le fait qu’il faille attendre 8 jours pour retrouver le groupe au complet montre qu’à l’époque de Jean, les chrétiens ont adopté le nouveau rythme de la semaine. Le 3ème jour après la crucifixion, le lendemain du sabbat, jour où Jésus est apparu vivant, est devenu le pivot de la vie de l’Église. C’est le Jour du Seigneur, domenica dies en latin, dimanche en français : jour de la réunion de la communauté, jour de l’Église qui n’exige pas de voir mais reconnaît son Seigneur dans le partage du Pain eucharistique.

Il est remarquable que le Ressuscité ne condamne pas vertement son disciple incrédule, comme s’il comprenait sa résistance. Et contrairement à la peinture hyperréaliste du Caravage, il n’est pas dit que Thomas obéisse à l’invitation de Jésus et touche les plaies. Bien plutôt il proclame la plus haute des confessions de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu » : ainsi il couronne toute la recherche de l’évangile qui s’interroge sur la personnalité de Jésus et il fait écho au Prologue : « Au commencement était le Logos, et le Logos était Dieu...Tout fut par lui...en lui était la vie et la vie était la lumière des hommes... ».

Et tout le récit se termine sur une béatitude : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ». Après des siècles, les croyants ont une foi de même valeur que les apôtres. Alors comment recevoir ce bonheur ?: en lisant et relisant l’évangile. C’est ce que Jean proclame dans la conclusion de son livre.

La conclusion finale de l’Évangile de Jean


Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-là y ont été mis pour que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que par votre foi vous ayez la Vie en son nom. »


A la différence des autres évangiles, Jean n’emploie jamais les mots miracles ou actes de puissance. Jésus a fait des « signes » c.à.d. que le lecteur ne doit pas s’arrêter au côté spectaculaire qui l’arrête dans l’admiration stérile ou le perd dans le dédale des doutes mais il doit s’interroger sur la personnalité de l’auteur de ces actions.

Jean n’a pas écrit une biographie complète : il a opéré un choix de 7 signes qui conduisent à la réflexion et peuvent faire naître la foi. Tel est le but : le récit ne s’impose pas, il porte « une signification » qui oriente la décision. Celle-ci est essentielle puisque par la foi, le lecteur aura la vraie Vie au nom de Jésus vivant reconnu comme Messie, Fils de Dieu.

Il y a certes à la suite un chapitre 21 mais il a été ajouté par des disciples.

Le Dimanche de la Miséricorde

Le pape François a instauré ce 2ème dimanche après Pâques comme « Dimanche de la Miséricorde ». En effet, le Ressuscité apparaît immédiatement non comme le juge implacable de ses apôtres lâches et infidèles mais il leur montre ses plaies comme le signe authentique de son pardon. Ma croix est votre pardon : croyez-le et vous serez comblés de ma Paix, libérés de la prison de vos scrupules et de votre honte. Alors cette paix vous remplira de la joie pascale et vous deviendrez une communauté missionnaire.

A tout homme, vous offrirez cette paix et cette joie. Vous ne condamnerez plus vos confrères incrédules, vous aurez à leur égard la patience que le Seigneur a eue pour vous. En approfondissant les signes écrits dans l’évangile, vous deviendrez serviteurs à l’image du Seigneur : la miséricorde vous rapprochera des petits, des pauvres, des malades.

Votre joie dans le service de la miséricorde témoignera de la vérité de la croix libératrice et de la révélation de la Résurrection.

Fr Raphael Devillers, dominicain.

Pape François : La Joie de l’Évangile

Pape François

La Joie de l’Évangile § 49


Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ.

Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités.

Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures.

Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie.

Plus que la peur de se tromper j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mc 6, 37).

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