header2

3ème dimanche de Carême – Année C – 20 mars 2022

Évangile de Luc 13, 1-9

Lire les Signes des Temps et se convertir

3ème dimanche de carême - Année C – 20 mars 2022 – Évangile de Luc 13, 1-9

Concile Vatican II


L’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. Il importe donc de connaître et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique ...
Le genre humain vit aujourd’hui un âge nouveau de son histoire, caractérisé par des changements profonds et rapides qui s’étendent peu à peu à l’ensemble du globe. Provoqués par l’homme, ils rejaillissent sur l’homme lui-même, sur ses jugements, sur ses désirs, individuels et collectifs, sur ses manières de penser et d’agir. À tel point que l’on peut déjà parler d’une véritable métamorphose sociale et culturelle dont les effets se répercutent jusque sur la vie religieuse.
L’Église dans le monde. § 4

Les prêtres ont à veiller à ce que chaque fidèle parvienne, dans le Saint-Esprit, à l’épanouissement de sa vocation personnelle selon l’Évangile, à une charité sincère et active, et à la liberté par laquelle le Christ nous a libérés. Des cérémonies, même très belles, des groupements, même florissants, n’auront guère d’utilité s’ils ne servent pas à éduquer les hommes et à leur faire atteindre la maturité chrétienne. Pour arriver à cette maturité, les prêtres sauront les aider à devenir capables de lire dans les événements petits ou grands, ce que réclame une situation, ce que Dieu attend d’eux. On formera encore les chrétiens à ne pas vivre pour eux seuls, mais à savoir, selon les exigences de la Loi nouvelle de charité, mettre au service des autres la grâce reçue par chacun.
Le Ministère des Prêtres. § 6

Évangile de Luc 13, 1-9

Signes pour une conversion


« Oh que Jésus parle bien ! On n’a jamais entendu d’aussi belles paraboles ! Dommage que mon mari n’était pas là : ça lui aurait fait du bien ! ...Ah si nos dirigeants voulaient bien appliquer ce qu’il dit... » : l’effervescence était grande lorsque Jésus passait et prêchait dans un village. Et surtout quand il avait accompli l’une ou l’autre guérison de malades ou d’handicapés. On l’acclamait, on était fier de l’inviter à la maison, on rêvait d’un nouveau monde. Mais qui se sentait concerné ? Qui prenait pour lui ses instructions ?... Qui commençait à vivre comme il l’exigeait ?

Jésus, lucide sur ces compliments superficiels, nous répète aujourd’hui que l’écoute doit entraîner l’acte, que l’Évangile n’est pas un projet irréalisable, un horizon incertain, un programme réservé à une élite.

Luc nous présente son exhortation en 4 parties : les deux premières ne sont pas lues en liturgie.

1. Reconnaître le temps aujourd’hui


Jésus dit aux foules : « Quand vous voyez un nuage se lever au couchant, vous dites : « La pluie vient », et elle arrive. Quand le vent souffle du midi, nous dites : « Il va faire très chaud »et ça arrive. Hypocrites, vous savez reconnaître l’aspect de la nature, comment ne savez-vous pas reconnaître le temps présent ?


Le bulletin météo dans les médias attire, on le sait, un intérêt considérable : « Beau temps : je vais travailler au jardin...Chéri, on annonce de la pluie : prends ton parapluie... ». Tel type d’annonce provoque en conséquence telle sorte de comportement. Eh bien, poursuit Jésus, pourquoi n’en faites-vous pas autant avec ce qui se passe maintenant ? Vous êtes, au sens biblique, des « hypocrites » : vous m’acclamez, vous paraissez m’approuver mais vous ne changez pas de conduite.

2. Régler ses problèmes tant qu’il est temps


« ...Quand tu vas avec ton adversaire devant le magistrat, tâche de te dégager de lui en chemin, de peur que l’on ne te traîne devant le juge qui te livrera au garde qui te jettera en prison....Tu n’en sortiras pas avant d’avoir payé jusqu’au dernier centime ».


Il arrive que, même entre chrétiens, des contentieux éclatent et l’imbroglio est tel qu’ils décident de s’en remettre à un juge. Mauvaise solution car l’un ou l’autre pourra le payer très cher. Il est bien préférable et urgent de stopper la procédure et de rouvrir le débat afin arriver à un arrangement, même boiteux.

La situation est bien plus grave envers Dieu : qui que tu sois, tu as certainement commis des péchés et tu ne veux pas les reconnaître. Or tu parviendras un jour devant Dieu, le juste Juge. Aujourd’hui moi, Jésus le Sauveur, je passe parmi vous : tu peux devant moi reconnaître tes fautes, si nombreuses et si lourdes soient-elles, et t’engager sincèrement à éviter ces chutes et à vivre comme je le demande. En effet le Fils de l’homme a pouvoir de remettre les péchés. Profite donc sur le champ de la grâce qui t’est offerte, comme elle l’est à tous.

3. Le malheur n’est pas un châtiment de Dieu


A ce moment survinrent des gens qui lui rapportèrent l’affaire des Galiléens surpris en train d’offrir un sacrifice et exécutés par Pilate. Il leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que les autres pour avoir subi un tel sort ? Non, je vous le dis, mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même.
Et ces 18 personnes sur lesquelles la tour de Siloé s’est effondrée et qu’elle a tuées, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les habitants de Jérusalem ? Non, je vous le dis, mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière ».


Tout au long de son histoire ancienne, Israël se débat avec « le problème du mal » : s’il arrive malheur à quelqu’un, c’est sans doute que Dieu veut ainsi le punir de sa faute. Par contre l’homme heureux et enrichi mérite sans doute la récompense de Dieu. La rétribution temporelle permettait ainsi de sauver la justice de Dieu.

On connaît les cris de révolte de Job écrasé tout à coup par une terrible série de désastres qui lui enlèvent ses enfants, ses biens, sa santé. Ses amis, de grands sages, sont persuadés, selon la tradition, qu’ il paie ainsi des péchés qu’il ne veut pas avouer. Job est fou furieux et hurle son bon droit. « Pourquoi moi ? »

Ainsi alors qu’on parlait des Galiléens qui avaient été surpris par les Romains en train d’offrir un sacrifice (pour la libération) et qui avaient été exécutés, certains y voyaient une faute que Dieu avait châtiée. Jésus se dresse avec force contre ce diagnostic délirant. Et il évoque un fait-divers tragique récent : si une tour s’était effondrée, il ne fallait pas y voir une punition de Dieu contre les constructeurs. Donc que les mamans, énervées par la désobéissance de leur bambin en larmes, cessent de lui lancer : « Le bon Dieu t’a puni ! ».

Le passage à ne jamais oublier pour nous désencombrer de ces supputations est celui de Jean 9, 3 : Devant un mendiant né aveugle, les apôtres demandent à Jésus : « Qui donc a péché pour qu’il soit dans cet état ? ». Et Jésus à nouveau bondit : « Ni lui ni ses parents. C’est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui ». Le « Pourquoi ? » est laissé à la médecine ou au hasard et devient le « Pour quoi ...? ». Le malheur de l’homme est cause de l’action pour celui qui le rencontre.

Donc conclut Jésus, cessez de débattre sur la culpabilité des victimes et décidez : si de telles choses arrivent, comment dois-je vivre ? Le bulletin d’informations de la tv doit devenir pour le chrétien un appel à la formation à la foi, à la décision, au changement.

4. La Parabole du Figuier


Jésus dit une parabole : « Un homme avait une vigne plantée dans sa vigne. Il vint y chercher du fruit et n’en trouva pas. Il dit alors au vigneron : « Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier et je n’en trouve pas. Coupe-le. Pourquoi faut-il encore qu’il épuise la terre ? ». Mais l’autre lui répondit : « Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche tout autour et que je mette du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Si non, tu le couperas ».


Souvent, au cœur de leur vignoble, les propriétaires plantaient un figuier dont l’ombrage des larges feuilles permettait des pauses rafraîchissantes aux ouvriers mais qui surtout offrait des fruits succulents. A quoi bon alors laisser un figuier stérile ? Mais l’intendant intervient et propose un dernier délai en retravaillant l’arbre.

Depuis que les prophètes (Isaïe 5, Jér 2, 21) avaient comparé Israël à une vigne magnifique que Dieu avait choisie et comblée de bienfaits, il était courant de comparer le temple de Jérusalem au figuier planté au centre. Reprenant cette comparaison, Jésus explique que le propriétaire, Dieu, est ulcéré : ce temple, avec ses prélats, son faste, ses sacrifices, ses illuminations a belle apparence mais il ressemble à un figuier stérile. Tout le système fonctionne mais ne produit pas des croyants qui construisent une société de droit et de justice. Comme le figuier, le temple n’est pas un élément décoratif mais doit produire des fruits.

Mais voilà que survient le Fils et, plein de miséricorde, il propose une année où il va tout faire pour opérer le changement. Certes ça fera mal, ses propos seront tranchants, ses exigences secoueront, il tancera vertement les responsables du culte, il dénoncera leur hypocrisie, il fouaillera dans les consciences assoupies. Mais tout cela pour sauver l’arbre avec une certaine espérance : « Peut-être donnera--il du fruit ??? ».

Hélas on refusera la conversion et le perturbateur finira cloué sur un arbre mort. Tandis que la révolte juive entraînera la destruction de Jérusalem et de son temple, la croix deviendra paradoxalement l’arbre de vie. La Bonne Nouvelle libérée franchira toute frontière et donnera des fruits dans tous les pays jusqu’à la fin du monde.

Conclusion

Le carême est un temps de repentance, de prise de conscience de nos fautes mais attention de nous limiter à un vague sentiment de culpabilité. Il vaut mieux parler de temps de conversion, mot qui traduit l’hébreu « shoub » qui signifie retourner, changer de direction. Il s’agit de décider de rompre avec tel comportement, de s’engager sur une autre route. Travail incessant, sans cesse à reprendre vu notre faiblesse, et qui nous démarque du comportement de la multitude toujours emportée par les trois tentations.

Aujourd’hui Jésus nous exhorte à déceler les signes de Dieu dans les événements. La météo, les procès, les guerres, les accidents : tous les événements peuvent nous solliciter à nous convertir pendant qu’il en est temps. Ne nous contentons pas « d’être au courant » : courons pour revenir sur le chemin de la vraie Vie.

Et ne nous fions pas aux succès de nos liturgies et de nos rassemblements : ce qui seul importe, c’est que nous donnions du fruit. Au sens vrai, un « pratiquant » n’est pas un pilier d’église mais quelqu’un qui met en pratique, dans toute la mesure de ses forces, ce qu’il apprend dans l’Évangile et dans l’actualité.

Fr Raphael Devillers, dominicain.
Il est possible, en agissant maintenant, de préserver notre avenir

Rapport du 28 février 2022

Il est possible, en agissant maintenant, de préserver notre avenir

«Ce rapport lance un avertissement très sérieux sur les conséquences de l’inaction», a déclaré Hoesung Lee, président du GIEC. «Il montre que le changement climatique fait peser une menace grave et grandissante sur notre bien-être et la santé de la planète. Les mesures prises aujourd’hui façonneront l’adaptation de l’humanité et la réponse de la nature aux risques climatiques croissants.»

Le monde sera confronté à de multiples aléas climatiques inéluctables au cours des deux prochaines décennies avec un réchauffement planétaire de 1,5 °C (2,7 °F). Le dépassement, même temporaire, d’un tel niveau de réchauffement entraînera des conséquences graves supplémentaires, dont certaines seront irréversibles

Il est urgent d’agir face aux risques croissants

La multiplication des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations excède déjà les seuils de tolérance des végétaux et des animaux. Du fait qu’ils surviennent simultanément, ces extrêmes météorologiques ont des répercussions en cascade de plus en plus difficiles à gérer. Ils exposent des millions de personnes à une insécurité alimentaire et hydrique aiguë, notamment en Afrique, Asie, Amérique centrale et Amérique du Sud, dans les petites îles et en Arctique.

Si l’on veut éviter de perdre toujours plus de vies humaines, de biodiversité et d’infrastructures, la prise accélérée de mesures ambitieuses est requise tout en réduisant rapidement et fortement les émissions de gaz à effet de serre. À ce jour, les progrès en matière d’adaptation sont inégaux et les écarts se creusent entre l’action engagée et ce qui est nécessaire.

«On insiste sur l’urgence de prendre des mesures immédiates. Les demi-mesures ne sont plus possibles.»

Un avenir viable n’est possible qu’en préservant et consolidant la nature.

« Esprits pervertis !
Comment ne savez-vous pas reconnaître les signes du temps ? » (Evangile)

Pape François : Encyclique « Loué sois-tu » (5. 2015)


Un changement dans les styles de vie
pourrait réussir à exercer une pression saine
sur ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique et social.
C’est ce qui arrive quand des mouvements de consommateurs
obtiennent qu’on n’achète plus certains produits
et deviennent ainsi efficaces
pour modifier le comportement des entreprises....
Quand les habitudes de la société affectent le gain des entreprises,
celles-ci se trouvent contraintes à produire autrement.
Cela nous rappelle la responsabilité sociale des consommateurs.
« Acheter est toujours aussi un acte moral » (Benoît XVI)

Mesure insignifiante, disent certains. Et si, parmi les 2, 2 milliards de chrétiens dans le monde, ceux qui en ont les moyens régulaient leurs achats ? ( Population du monde : 7, 9 milliards)

A lire :
« Métanoïa ». La grammaire de la vie chrétienne.
– Le frère John, de la communauté de Taizé, revisite la foi chrétienne autour de la notion de « conversion » ( éd. Presses de Taizé, 14 e.)

Ce vendredi 25 Mars : Annonciation du Seigneur


Marie, apprends-nous à écouter
ce que le Seigneur nous dit.
A chasser nos craintes et à accepter sa joie.
A chercher à comprendre.
A reconnaître que tout est possible à Dieu.
A lui répondre :
« Je viens te servir ;
Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit »
Cliquez-ici

Abonnement gratuit sur simple demande adressée à r.devillers@resurgences.be

Merci de préciser vos nom, prénom, ville, pays et engagement éventuel en Église.

Toutes les homélies sont toujours visibles à l'adresse :

https://resurgences.be

Email Marketing Powered by MailPoet