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18ème dimanche – Année B – 1er août 2021

Évangile de Jean 6, 24-35

Quelle faim nous habite ?

18ème dimanche - Année B – 1er août 2021 – Évangile de Jean 6, 24-35
Secrétions de manne

La Manne = La Question


« La manne est littéralement la question, le questionnement : « Qu’est-ce ? »...La violence, de manière générale, est le refus de poser encore et encore les questions.

La violence, c’est considérer que nous avons déjà un savoir sur l’Autre, sur le monde.

La manne, le « qu’est-ce ? » n’est pas un jeu ; ce n’est pas non plus une vaine spéculation prétentieuse et vide sur des significations verbales sans contenu. La question surgit pour déranger l’être dans sa quiétude, dans l’évidence du « tout est normal », dans le fait de considérer que « tout est réglé »....

Le « ma » ou « la manne » est l’attitude interrogative primordiale, originaire, qui fait de l’homme un Homme...

Le questionner ne porte pas sur une question particulière, ne porte pas « sur ». Le questionner ne s’intéresse pas d’abord à l’objet, mais avant tout à l’homme qui interroge. Je questionne, c’est-à-dire je me questionne, je me dérange »

Marc-Alain OUAKNIN (« Lire aux éclats », p.215)

Évangile de Jean 6, 24-35

Quelle faim nous habite ?


Dans l’évangile de Jean, ce que l’on a coutume d’appeler « la multiplication des pains », loin de rester le récit d’un événement surprenant qui enchaîne sur d’autres, conduit aux révélations les plus hautes sur la personnalité de Jésus et le mystère de l’Eucharistie. Quatre dimanches montreront comment l’enthousiasme de la foule pour un bienfaiteur qui lui a donné à manger gratuitement se transforme en scandale et en son rejet quand il propose son Pain de Vie. Il est évident d’admirer l’abbé Pierre, le bienfaiteur qui donne du pain : il l’est beaucoup moins de croire en Jésus qui se donne comme Pain.

Quel Jésus cherchez-vous ?

Nous avons vu que, fuyant la foule prête à le couronner roi, Jésus s’est enfui dans la nuit. Le lendemain, on constate que ses disciples sont partis : leur barque n’est plus là. D’autre part des barques viennent de Capharnaüm et ramènent les gens en ville. Et là tout à coup surprise :

En ce temps-là, quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus. L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? »
Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la Vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »


Jésus n’est pas dupe : cette ruée des gens pour le retrouver est motivée par le don gratuit du pain la veille. Nourrir des affamés est en effet une nécessité : Jésus l’a fait lui-même alors même que les gens ne lui demandaient rien. L’homme a besoin d’une nourriture pour son corps : elle est normale, nécessaire pour sa santé, elle offre les plaisirs du goût mais elle est par nature périssable. Elle ne nous donne qu’un sursis temporaire d’existence et ne nous empêchera jamais de mourir.

Jésus invite à découvrir qu’il existe une autre nourriture : elle n’empêche pas la mort du corps mais elle offre la Vie divine. Et Jésus se présente comme le Fils de l’homme qui, dans la célèbre vision de Daniel, vient sur les nuées, s’approche de Dieu « et il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté ...et sa royauté ne sera jamais détruite »(Dan 7, 13 ...). C’est lui, lui seul, qui donnera « la nourriture qui demeure en Vie éternelle ».

Que faire pour avoir la Vie divine ?

Puisque Jésus a prescrit aux gens de « travailler » pour obtenir cette nourriture, ils lui demandent de préciser en quoi consiste ce « travail ».

Ils lui dirent alors : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » . Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »


En fidèles de la Torah, ils connaissaient la réponse évidente que Moïse avait solennellement déclarée à la fin de ses discours : « C’est la vie et la mort que j’ai mises devant vous, c’est la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la Vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en habitant sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères Abraham, Isaac et Jacob » (Deutér.30, 19). L’œuvre que Dieu demande est de vivre en pratiquant ses commandements.

Étonnamment, et sans contredire cette déclaration fondamentale d’Israël, Jésus ose prétendre que le service de Dieu se récapitule et se centralise maintenant dans la foi en sa propre personne car il est vraiment l’Envoyé de Dieu.

De la manne au vrai Pain de Dieu


Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ?...Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : « Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. »
Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel : c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »


Pour être convaincus que toi, Jésus, tu n’es pas seulement un prophète parmi d’autres mais l’Envoyé spécial auquel Dieu appelle à croire, il nous faudrait, disent les gens, des preuves manifestes et répétées. Ainsi nos ancêtres nous ont transmis la foi en Moïse parce que, au cours de la longue marche à travers le désert, il leur a donné, de jour en jour, « un pain venu du ciel ». On devine la demande implicite qui s’ensuit : « Tu nous as donné du pain hier : recommence aujourd’hui et continue pour que nous vivions toujours ».

« Amen, amen » : la réponse de Jésus est à nouveau catégorique et solennelle. Dans la Torah, ce n’est pas Moïse mais Dieu lui-même qui a fourni la manne. Cette manne ne venait pas du ciel. Dieu, le Père de Jésus, donne l’authentique pain qui vient du ciel c.à.d. de Lui-même. Ce pain divin donne la vie non seulement aux Hébreux dans le désert mais au monde - c.à.d. à l’humanité tout entière.

Promesse à l’allure prodigieuse ! Existerait-il vraiment une telle « potion magique » ? Peut-être narquoise, en tout cas avide, la foule lance tout de go sa demande d’être comblée.

Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. ». Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »


A plusieurs reprises dans l’évangile de Jean, Jésus exprime son mystère en se confondant avec ses dons et fonctions : il est ce qu’il donne, il est ce qu’il effectue : « Je suis le bon berger...la porte...la vérité et la vie...la résurrection ... ».

Il avait partagé les pains à la foule enthousiaste qui ne demandait qu’une chose : la répétition du miracle. A présent il révèle que le don authentique de Dieu n’est pas un cadeau, une grâce mais que ce don est lui-même : le donateur. Il faut le chercher pour lui-même, venir à lui et croire en lui. Il ne satisfait pas toujours nos besoins terrestres : il comble notre désir d’infini et d’amour.

La prière n’est pas que demande de grâces, supplication pour obtenir (même si elle est aussi cela) mais essentiellement elle est recherche de Quelqu’un. La foi n’est pas une vague croyance, un instinct religieux bercé par des rites : elle est amour, tendresse, relation avec quelqu’un.

Jésus est la faim de l’homme parce qu’il est sa « fin ». On lui demande la santé alors qu’il est le salut.

Mais n’oublions pas que, au point de départ, Jésus a été bouleversé à la vue de ces gens démunis et il a, d’abord, « travaillé » à calmer leur faim corporelle et à partager les pains quotidiens.

Conclusion

D’abord une note sur la manne.

Libérés d’Égypte, les Hébreux ont dû traverser la péninsule du Sinaï afin de gagner la terre que Dieu leur avait promise. Ils y découvrirent de petites secrétions de tamaris piqués par des insectes, des grumeaux à l’apparence blanchâtre et au goût sucré que les Bédouins appelaient « man ».

Cette modeste découverte naturelle allait prendre des proportions énormes dans l’imaginaire d’Israël. Dans l’histoire de l’Exode, les rédacteurs racontèrent que Dieu avait fait pleuvoir du ciel, chaque jour, une sorte de pain en quantité si abondante qu’il avait tenu le peuple en vie jusqu’à son arrivée à destination. L’étonnement de la découverte lui donna son nom hébreu : « man hou ? », qui signifie « Qu’est-ce que c’est ? ».

A la suite des sages qui avaient déjà démythologisé cette légende (Sagesse 16, 23), Jésus avait bien compris le sens profond de la manne, symbole de l’enseignement de Dieu, lorsqu’il citait le Deutéronome : « Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra mais de toute Parole sortant de la bouche de Dieu » (Matth 4, 4)

*
L’évangile de ce dimanche semble difficile à expliquer mais il ne faut pas oublier qu’il n’est que le début du grand enseignement qui se poursuivra pendant 3 dimanches - en fait 2 à cause de la fête du 15 août.

Que la grande question « Qu’est-ce que c’est ? » continue à nous travailler. Trop souvent nous attendons des définitions précises qui calment notre inquiétude et nous bardent de certitudes. Et si la foi était plus question que solution, recherche plus qu’installation ?

C’est en posant l’interrogation quotidienne « man hu ? – qu’est-ce que ? » que le peuple a réussi son exode. La recherche incessante du Seigneur Jésus et de son Pain de Vie nous provoque toujours à avancer.

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.
La Fraternité est une Révolution

La Fraternité est une Révolution

C’est quoi la fraternité ?
Un symbole, une devise gravée dans la pierre, une belle idée de l’humanité qui nous rend fiers… ?
Mais ça ne doit plus rester une promesse en l’air.

La fraternité maintenant, il faut la faire et ce n’est pas facile.
La fin de la pauvreté n’est pas pour demain, on ne va pas se mentir.
Mais laisser faire, laisser tomber, ce serait encore pire.
Alors il faut pouvoir regarder en face ceux qui ne trouvent plus leur place,
leur dire qu’on est tous solidaires, que ça pourrait être nous dans la galère.

Alors c’est quoi la fraternité ?
Un enfant qu’on accompagne dans sa scolarité ?
Une grand-mère qui se sent utile et aimée ?
Un coin de terre, un bout de jardin où l’on peut encore se sentir bien ?
Une main que l’on tend dans les crises et les tempêtes ?
Un large sourire qui dit « C’est bon, ça y est, vous y êtes » ?
Ou la chaleur d’un bon café pour se poser, pour tout raconter ?
C’est tout ça la fraternité,
C’est refuser les inégalités ou la précarité.

Peu importe ce qu’on fait ou ce qui nous pousse à le faire.
L’important est d’agir, de montrer qu’on est tous frères.
Même si c’est peu, même si ce n’est pas tout le temps.
Le jour où vous commencerez sera toujours le bon moment.

Vous pensez que la fraternité ne va rien régler ?
Nous, on propose juste un truc : et si on essayait ?
Parce qu’il suffirait qu’on le décide. Vous, nous, maintenant
Et ça changerait la vie de millions de gens.

La fraternité n’est pas une promesse en l’air, c’est une révolution
Et ensemble on peut la faire.

Rejoignez la #REVOLUTIONFRATERNELLE
Revolutionfraternelle.org.
Secours catholique – Caritas France
18eme-dimanche-2021-3
1275 pages – coll. Bouquins – éd. R. Laffont – 32 euros

« Ce dictionnaire réconcilie le Jésus de la foi et celui de l’histoire. Un véritable monument »
(La Famille chrétienne »)

« Éblouissant par son ampleur, sa précision et son érudition »
(Figaro magazine)

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