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15ème dimanche – Année B – 11 juillet 2021

Évangile de Marc 6, 7-13

La Mission des Apôtres

15ème dimanche - Année B – 11 juillet 2021 – Évangile de Marc 6, 7-13

Pape François : La Joie de l’Évangile

1ère Exhortation apostolique – 24 nov. 2013

§ 1. « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours. Dans cette Exhortation je désire m’adresser aux fidèles chrétiens, pour les inviter à une nouvelle étape évangélisatrice marquée par cette joie et indiquer des voies pour la marche de l’Église dans les prochaines années.

Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée.

Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. Même les croyants courent ce risque, certain et permanent.

J’invite chaque chrétien à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse.

Quand quelqu’un fait un petit pas vers Jésus, il découvre que celui-ci attendait déjà sa venue à bras ouverts. C’est le moment pour dire à Jésus Christ : « Seigneur, je me suis laissé tromper, de mille manières j’ai fui ton amour, cependant je suis ici une fois encore pour renouveler mon alliance avec toi. J’ai besoin de toi....

§ 268 ...La mission est une passion pour Jésus, mais en même temps une passion pour son peuple.

Évangile de Marc 6, 7-13

La Mission des Apôtres

Dès le début de sa mission, Jésus avait appelé quatre jeunes pêcheurs du lac à tout laisser et à le suivre ; par la suite d’autres s’étaient joints au groupe. Un jour, sur une montagne (lieu de prière donc signe de décision essentielle) et, comme Israël était constitué de 12 tribus, Jésus institua « les Douze ». Son but, d’après Marc, est d’abord qu’ils « soient avec lui » c.à.d. qu’ils bénéficient d’une plus grande proximité avec Jésus, qu’ils le suivent de plus près, voient mieux et comprennent mieux ses paroles et ses comportements (3, 13). La foi est relation personnelle. Quelque temps plus tard, nouvelle décision importante : c’est l’évangile de ce jour.

Envoi des Douze


Jésus fait venir les Douze. Il commença à les envoyer deux par deux, leur donna autorité sur les esprits impurs.


Ainsi la mission ne débute pas par une initiative personnelle. Avant de se disperser, il faut se rassembler autour du Seigneur ; avant de prêcher, il faut l’écouter. Comme la circulation sanguine, la mission de l’Église part des impulsions du cœur de son Seigneur. Ainsi tout responsable ne se prendra pas pour le directeur qui organise son plan mais comme celui qui veille à l’observance des directives du Seigneur. Pour avoir oublié ce « christocentrisme », des missionnaires se sont élancés pour accomplir leurs idées personnelles, parfois même pour obéir aux délires de certains prélats, imposer une Église triomphante et une caricature de Dieu.

« Deux par deux » : car la Loi de Moïse exigeait deux témoins pour authentifier une déposition mais plus encore, puisque l’évangile est centré sur le commandement de l’amour, il est élémentaire qu’il soit annoncé par des missionnaires qui, les premiers, montrent l’exemple. La mésentente entre eux constitue un lourd obstacle à la foi : « Vous ne vivez pas ce que vous prêchez ». D’ailleurs le travail en équipe est nécessaire pour que, en périodes d’échecs ou de persécutions, les missionnaires puissent se réconforter l’un l’autre. La première Église a observé cette pratique : Pierre va avec Jean (Ac 3, 1), Paul avec Barnabé (13,2), Jude et Silas (15, 22).

L’annonce de l’Évangile ne se réduit pas à une connaissance religieuse ou à un message moral : elle effectue la lutte contre les esprits du mal qui rongent et abîment les hommes. C’est pourquoi le Seigneur communique à ses apôtres la force qu’il est seul à posséder. Faire passer les hommes dans le Royaume n’est pas une question d’argent ni de management.

Directives de Mission


Il leur prescrivit de ne rien emporter pour la route, si ce n’est un bâton ; de n’avoir ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie dans leur ceinture, mais pour chaussures des sandales et « ne prenez pas de tunique de rechange ».


On peut imaginer la tête – sinon les grimaces - de ces hommes recevant des ordres d’une telle exigence. Accompagner le Maître vénéré par les foules et être admirés comme ses proches collaborateurs, c’était un honneur. Mais maintenant le quitter, s’en aller à l’aventure, dépouillés de tout !???...Ces hommes n’étaient pas des savants, des scribes, mais des gens du peuple : pêcheurs, employés de douane, ...

Pourquoi cette dureté ? Jésus, le premier, avait opté pour cette vie itinérante et dépouillée. Celui qui proclame que Dieu s’est approché, que son Règne sur terre commence, que ce Dieu est vraiment « Notre Père », se doit non seulement de le dire mais de le manifester par sa conduite. Il ne s’agit pas d’ascèse, de mépris des réalités du monde, de haine de la propriété. D’ailleurs Jésus n’imposera jamais de telles conditions drastiques aux personnes qui commencent à croire en lui. Certes il mettra en garde contre l’idolâtrie de l’argent et la passion des possessions mais il sait que les hommes doivent assumer des responsabilités familiales, professionnelles, citoyennes : il faut entretenir la maison, élever les enfants, gagner sa vie.

Mais le Messie et ses envoyés directs, en se présentant démunis du strict nécessaire, constituent par là-même un appel à leurs auditeurs : si vous nous faites confiance, si vous croyez en la Bonne Nouvelle, cette ouverture de foi doit se traduire par l’ouverture de cœur et même l’ouverture de votre maison. La pauvreté des envoyés sollicite l’hospitalité, provoque la charité. La foi ne reste pas un vague « oui » mais l’accueil d’une personne : elle oblige au passage à l’acte.

Dernière remarque. A la différence de Matthieu et Luc, Marc autorise la prise d’un bâton et le port de sandales. C’est sans doute une référence au rituel de la Pâque antique qui précisait que les esclaves hébreux devaient manger le repas pascal « la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez à la hâte » (Ex 12, 11). La mission est la Bonne Nouvelle qui accomplit le nouvel et définitif exode : il faut se hâter de croire, se dépouiller du superflu car le Seigneur est en train de nous libérer de l’esclavage du mal et de l’égoïsme. Les apôtres deviennent les meneurs d’un nouveau peuple en marche qui tourne le dos à la dictature et prend le chemin de la liberté.

Accueil et Refus


Quand vous trouvez l’accueil dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez en secouant la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage.


Accueilli dans une maison, voilà que l’apôtre est sollicité par une autre famille : il goûtera meilleure chair, dormira sur une couche plus douillette. Attention, prévient le maître : demeurez là où vous êtes d’abord entrés, ne cherchez pas des gâteries. Et ne soyez pas surpris d’être parfois rejetés, couverts de sarcasmes. La foi ne s’impose pas : elle se propose. Ne pas s’incruster, ne pas chercher à convertir à tout prix, ne pas se lamenter. Mais par le geste habituel de l’époque (on s’en va en secouant la poussière des pieds), on prévient les gens : vous refusez le don de la vie que nous vous apportions ? Vous resterez donc dans le domaine de la poussière et de la mort. Réfléchissez donc avant qu’il ne soit trop tard !

Conversion et guérisons


Ils partirent et proclamaient qu’on se convertisse. Ils chassaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades et les guérissaient.


On devine les inquiétudes de ce moment, les peurs, les larmes, la tristesse de quitter le Seigneur. Jésus désintègre son groupe mais c’est pour commencer à accomplir l’intégration de l’humanité entière dans l’amour de Dieu.

Leur mission première et toujours fondamentale est celle-là même que Jésus avait tout de suite accomplie au point de départ (1, 14) : proclamer, comme des hérauts, annonciateurs officiels, la « metanoia » c.à.d. le changement, le retournement des conceptions et des actes. Tirer conséquence de l’événement radical : en Jésus, Dieu propose aux hommes d’accepter son règne qui approche, donc de croire à la Parole de Jésus, donc de lui faire confiance.

La prédication en paroles s’accompagne de signes qui manifestent la présence du Règne : les apôtres réalisent des exorcismes, ils libèrent les croyants des forces du mal qui les aliénaient.

En outre, à la manière des guérisseurs qui utilisaient de l’huile pour soigner plaies et souffrances (cf le Bon Samaritain), ils opèrent des onctions qui guérissent les malades. Ainsi la Mission est Bonne Nouvelle totale : elle comble le cœur de vérité et de joie, elle chasse le mal de l’âme, elle guérit le corps. St Jacques encouragera les communautés à poursuivre ces onctions – germe du « sacrement des malades » ( Jac 5, 14)

Conclusion

Notre texte raconte un événement ancien et concerne les Apôtres et ceux qui leur succèdent. Mais il continue d’éclairer notre vie croyante et notre devoir missionnaire. Voici quelques pistes.

L’Église n’est pas une sélection d’élus mis de côté pour pratiquer certains rites et une morale de gentillesse et d’honnêteté. Ceux qui font confiance au Christ deviennent du coup des envoyés vers les autres. Chacun selon son âge et son état. Point de départ qui ne doit jamais être oublié : « être avec Jésus ». Écouter ses paroles, s’entretenir avec lui, approfondir la relation. Une lampe qui cesse d’être branchée n’éclaire plus.

Travailler en équipe, avec d’autres que l’on n’a pas choisis, se laisser aider, réconforter ceux qui tombent.

La mendicité n’est plus praticable aujourd’hui, il faut gagner sa vie et assumer ses responsabilités citoyennes. Mais devant la pression de la consommation effrénée et la sollicitation de divertissements et de voyages, le chrétien doit s’imposer des limites. Non par ascèse d’ermite mais parce que le style de vie moderne écrase des multitudes de pauvres et conduit le monde au désastre.

Si Jésus oblige les apôtres à dépendre, c’est pour que les croyants tissent entre eux des relations de voisinage, des liens d’hospitalité, une paix qui ne se réduit pas à la poignée de mains à la messe. Mais sans illusion : il y aura aussi refus, moquerie, échec. Même près des siens.

La mission est une lutte terrible contre les forces du mal ; elle propose un changement de vie, une nouvelle orientation du cœur mais aussi elle est humble service, soin des corps souffrants.

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.
Pape François : La Joie de l’Évangile

Pape François : La Joie de l’Évangile

1ère exhortation apostolique – 24 nov. 2013


— Toujours à lire, relire, méditer. —

§ 49 - ..... « Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Je répète ici pour toute l’Église ce que j’ai dit de nombreuses fois aux prêtres et laïcs de Buenos Aires : je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités.

Je ne veux pas une Église préoccupée d’être le centre et qui finit renfermée dans un enchevêtrement de fixations et de procédures. Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience, c’est que tant de nos frères vivent sans la force, la lumière et la consolation de l’amitié de Jésus-Christ, sans une communauté de foi qui les accueille, sans un horizon de sens et de vie.

Plus que la peur de se tromper, j’espère que nous anime la peur de nous renfermer dans les structures qui nous donnent une fausse protection, dans les normes qui nous transforment en juges implacables, dans les habitudes où nous nous sentons tranquilles, alors que, dehors, il y a une multitude affamée, et Jésus qui nous répète sans arrêt : « Donnez-leur vous-mêmes à manger » (Mc 6, 37).

Prière finale à Marie

Marie, obtiens-nous maintenant
une nouvelle ardeur de ressuscités
pour porter à tous l’Évangile de la vie
qui triomphe de la mort.
Donne-nous la sainte audace de chercher de nouvelles voies
pour que parvienne à tous
le don de la beauté qui ne se ternit pas.




Pape François : La Joie de l’Evangile – éd. Fidélité - 10 €

Lettre ouverte à la presse religieuse en France

Lettre ouverte à la presse religieuse en France

Extraits – 24 juin 2021


Il est admis qu’aujourd’hui la pratique dominicale, comme marqueur d’appartenance active à l’Église catholique romaine, est tombée à environ 2 % de la population en France, contre 25 à 30 % il y a soixante ans. C’est dire qu’un nombre considérable de personnes, et pas uniquement parmi les plus jeunes, s’est détaché, souvent sur la pointe des pieds, de l’Église Il catholique.

Parmi cette masse, certains sont devenus des athées du Dieu de leur enfance, des agnostiques sévères ou des indifférents tranquilles. Chacun s’y reconnaîtra. À côté, il y a pourtant une population non négligeable qui cherche, elle, une autre manière de croire, une autre façon de se comporter comme chrétiens.

Ceux qui le font visiblement se rattachent, à des degrés variés et sous des stratégies propres, à la Conférence catholique des baptisés francophones (ccbf), au Réseau des Parvis, à l’association Nous sommes aussi l’Église (nsae), au courant historique Témoignage chrétien, à la communauté des lecteurs de Golias.

La question en vient alors à se poser : à l’intérieur du christianisme catholique, qui aujourd’hui représente qui ? Qui parle pour qui ?

Dans notre pays, la situation est dans une situation médiatique qui n’est pas des meilleures....À tous les niveaux des médias, on n’y lit, on n’y voit ou on n’y entend quasiment jamais ceux qui essayent de vivre et de penser un christianisme alternatif...L’Église catholique romaine institutionnelle ne représente pourtant qu’une face du christianisme et de sa tradition. ( ...) C’est ce qu’on appelle dans la Bible la tradition sacerdotale, celle du Temple et de la Loi, menacée sans cesse par le ritualisme et le légalisme, et dont Jésus combattit les profondes déviations.

L’autre tradition, c’est celle du mouvement, d’un rapport jamais fermé à la vie et à l’évolution des sociétés, d’une adhésion aux changements culturels et aux mouvements de libération des opprimés de la vie. C’est la tradition représentée par les prophètes de la Bible juive (Esaïe, Élie, Jérémie, Malachie…) et par le maître de Nazareth. Un homme qui n’était pas un prêtre mais un laïc, pour qui la guérison de l’humain était plus importante que les préceptes juridiques hérités d’époques révolues et qui portait l’idée d’un Dieu « dont la gloire est l’homme vivant » (saint Irénée). Cette mouvance promeut une autre théologie, une autre manière de parler de l’existence chrétienne. ...

La question est de savoir comment susciter une prise de conscience parmi ceux qui ne sont pas totalement endormis dans leurs certitudes et comment soutenir ceux qui s’interrogent encore sur un christianisme d’avenir, et qui frôlent parfois la désespérance ; comment établir une meilleure liaison entre ceux qui pensent qu’il est encore possible de transmettre un message d’une grande richesse ; comment inventer une nouvelle théologie comme vient de le suggérer Christoph Theobald, professeur au Centre Sèvres à Paris, ou comment produire un nouveau récit de la foi dans notre culture du XXIe siècle. (cf note ci-dessous)

Le changement est pour partie entre les mains de ceux qui, à la télévision, à la radio, dans la presse, dans l’édition, pressentent ou comprennent l’urgence de sortir de la répétition et de l’enfermement actuel, et envisagent la possibilité de donner à d’autres que ceux que l’on voit, que l’on entend ou que l’on lit habituellement, la possibilité de s’exprimer et de débattre. Notre appel sera-t-il entendu ?

Robert Ageneau, Robert Dumont et Jacques Musset,
de l’équipe « Pour un christianisme d’avenir »

En note : « Une recherche monolithique ne peut pas nous conduire très loin. Nous avons besoin d’avoir une approche théologique plurielle. Nous sortons d’une époque durant laquelle nous avons eu peur de tout ce qui était différent… Nous sommes à un moment charnière, tout particulièrement en Europe. Développer une prospective est essentiel, alors que l’Église est anesthésiée par le nombre moindre des vocations, par les questions éthiques de la société, par la pandémie. Il n’y a pas de vision face à l’incertitude, alors même que nous devrions vivre de cette vertu centrale qu’est l’espérance et développer, comme dans la Bible, des rêves d’avenir ». Interview de Christoph Théobald par Christophe Henning, recueillie le10 mai 2021 et publiée dans la version numérique de La Croix, le jour suivant.

Lire ensemble l’Écriture,
c’est entendre Dieu qui parle entre les lignes
du récit évangélique.
Dieu caché, mais Dieu vivant
qui a passé par la mort et qui se donne à nous
dans l’apparence d’un texte
à découvrir, à écouter,
à en percevoir l’appel.


Jean Radermakers, jésuite, exégète, décédé ce 12. 6 . 21
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