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14ème dimanche – Année B – 4 juillet 2021

Évangile de Marc 6, 1-6

Jésus Méconnu parce que Trop Connu

14ème dimanche - Année B – 4 juillet 2021 – Évangile de Marc 6, 1 - 6

Jésus à l’origine d’une Révolution


Révolution dans la vision du monde. Ce n’est plus l’impureté, la mort et le péché qui contaminent ; c’est la pureté, la sainteté qui se transmettent à ceux que Jésus touche.

Révolution dans la vision de l’homme. Jésus, en se faisant le prochain de tous, invite à la fraternité universelle ; celle-ci s’incarne dans le respect absolu de la personne humaine et l’égale dignité de tous.

Révolution dans la conception de Dieu. Dieu, le tout autre, vient par amour partager les limites de l’existence humaine et propose, en Jésus, un modèle à imiter. Avec lui la mort n’est plus menaçante et la vie triomphe. La vie éternelle devient une possibilité ouverte, une réalité.

Cette révolution impacte notre foi et notre espérance, elle change notre rapport à la vie.

Ce qui n’était qu’une promesse dans le judaïsme est accompli par Jésus en sa personne.

Renaud Silly, dominicain (La Croix 10 06 21)

Évangile de Marc 6, 1 - 6

Jésus Méconnu parce que Trop Connu


Émerveillés par la guérison de la femme et surtout par la réanimation de la petite fille de Jaïre, les spectateurs devaient sans doute supplier Jésus de prolonger son séjour parmi eux: il y avait tant de malades à guérir. On l’adulerait, on le comblerait de cadeaux, on l’inviterait partout. Mais Jésus n’est pas du genre à s’attarder sur la scène afin de goûter les applaudissements de ses « fans ». Il n’est pas venu pour réaliser des « exploits » ni pour se laisser enfermer dans une réputation. Tournant le dos aux supplications, Jésus « sort de là » (il s’agissait peut-être de Capharnaüm au bord du lac) et décide de se rendre dans son village, Nazareth. Dans Marc, Jésus est toujours en train de sortir de quelque part pour aller ailleurs. Il n’a pas de temps à perdre.

Jésus chez les siens


Sorti de là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue.


Marc n’a rien dit de l’enfance de Jésus et a commencé son évangile par le baptême conféré par Jean-Baptiste : Jésus s’y était présenté venant de Nazareth, petit village sans histoire, et il devait avoir environ une trentaine d’années. On s’était étonné de ne pas voir revenir le charpentier et plus encore quand la rumeur s’était répandue : Jésus circulait dans les villages au bord du lac, il proclamait que le Règne de Dieu s’approchait, il opérait des guérisons et des exorcismes. Des foules nombreuses venaient de partout pour l’écouter.

Aujourd’hui, pour la première fois, l’enfant du village est de retour. Comme d’autres l’ont fait avant eux, les responsables de la synagogue invitent le revenant à prendre la parole lors de l’assemblée du prochain sabbat. La synagogue est bondée, le chant des psaumes retentit puis le silence est total quand le célébrant invite Jésus à monter à la tribune pour lire une page d’Écriture et « enseigner ».

« Enseigner » : telle est l’œuvre fondamentale de Jésus depuis ses débuts à la synagogue de Capharnaüm (1, 21) : Marc le répète à 15 reprises mais, curieusement, il ne précise jamais l’objet de cette prédication. Il note seulement sa nouveauté : « Jésus parle avec autorité ». Cela ne signifie pas que Jésus crie ni commande comme un chef mais, à la différence des scribes, il ne s’appuie pas sur des citations de maîtres reconnus pour valider ses affirmations. Sa Parole tient sa force d’elle-même.

Jésus scandalise


De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet.


La plupart des assistants connaissent très bien Jésus : certains jouaient avec lui quand il était enfant, ils ont grandi avec lui dans le village. Ils ont bien connu son père Joseph qui lui a transmis son métier et qui est mort il n’y a guère, ils connaissent sa mère Marie, ses frères et ses sœurs. On sait qu’il y a débat sur cette famille : l’Église catholique croit que Jésus est fils unique de Marie et que « frères et sœurs » sont en fait ses cousin(e)s.

D’autres prennent les nominations à la lettre.

Toujours est-il que Jésus, comme chacun de nous, est cadré parmi les siens et dans sa profession. Tous savent qu’il est un homme ordinaire, qu’il n’a reçu que l’instruction habituelle sans faire d’études supérieures. Contrairement aux affirmations de certains farfelus, il n’est jamais parti en Égypte ou ailleurs pour être initié à un savoir ésotérique ou apprendre des formules magiques.

Alors comment se fait-il que son enseignement révèle une telle sagesse ? Par quel pouvoir réalise-t-il ces guérisons qui ont eu tant de témoins ? Le prédicateur que l’on découvre ne correspond absolument pas à la connaissance que l’ensemble du village a de lui. Et loin de se réjouir de ce changement, on est choqué, on le trouve anormal. Le scandale est général.

Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. »
Et là il ne pouvait accomplir aucun acte de puissance; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonna de leur manque de foi.


Le constat de Jésus devant ce mur d’incrédulité est dur, notamment pour la famille dont Marc avait déjà pointé les résistances. A Capharnaüm, « des gens de sa parenté vinrent pour s’emparer de lui car ils croyaient qu’il avait perdu la tête » (3, 21). Marc enchaîne avec le jugement des scribes : « Il a le diable au corps »(3, 22). Et il poursuit avec le retour de sa mère et de ses frères qui, empêchés par la foule, font appeler Jésus et, au lieu d’obéir, celui-ci répond sèchement : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui font la volonté de Dieu » (3, 35).

Après Marc, Matthieu et Luc adouciront quelque peu cette critique en supprimant « sa parenté ».

Et la preuve que Jésus n’est pas un magicien qui opère des exploits pour manifester sa puissance et s’attirer des disciples, c’est qu’il est seulement réduit à guérir de rares malades par l’imposition des mains. Il y a un lien profond entre son action et la foi : si celle-ci manque, si elle n’est qu’attente d’un spectacle, si elle tient Jésus enfermé dans l’idée qu’on se fait de lui, elle empêche l’action. La non-foi, le scepticisme ne permet pas la guérison puisque le but de celle-ci est précisément de révéler la connaissance profonde de Jésus.

Les siècles ont passé et la grande majorité de la « patrie » de Jésus – Israël – ne l’a toujours pas reconnu. Mais nous-mêmes, les bons catholiques, n’avons-nous pas tendance, nous aussi, à enfermer Jésus dans un certain portrait ? L’éducation familiale, le catéchisme nous ont inculqué quelques idées, la pratique de certains rites, une moralité honnête mais acceptons-nous que Jésus passe, repasse et nous entraîne toujours ailleurs, toujours plus loin ? Ne sommes-nous pas arrêtés à une conception figée ? Nous voulons que l’Église demeure celle que nous avons découverte dans l’enfance, que l’Évangile reste un message tel que nous l’avons accepté jadis ? Si Dieu est venu dans l’histoire, c’est bien pour nous montrer que la fidélité est dans le changement.

Martin Luther disait : « Il vaut beaucoup mieux pour toi que le Christ vienne par l’Évangile. S’il entrait maintenant par la porte, il se trouverait chez toi, et tu ne le reconnaîtrais pas ».

Primat de l’Enseignement


Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.


Ni fier de son succès à Capharnaüm ni découragé par son échec à Nazareth, Jésus reprend son itinérance et à chaque occasion, il enseigne. Invité dans les synagogues, il commente les Écritures : à l’instar des prophètes, il montre comment Dieu réalise son projet dans l’histoire, il encourage à obéir à sa volonté, il dénonce les manques de justice, défend les droits des pauvres. Il se situe dans le droit fil des prophètes qui rappelaient les exigences de la Loi.

Au bord du lac et partout où des gens l’interpellent, il ne perd aucune occasion de parler du Royaume. Il ne fait pas des conférences à un public d’intellectuels, il s’adresse aux gens de tous milieux, sans exiger ni argent ni test de moralité. Lui, le simple charpentier, il a plus que les maîtres le génie des paraboles. Le grain de blé, une lampe, le sel, le rapport des ouvriers à leur patron, même la filouterie d’un intendant, la fugue d’un fils : les moindres réalités du quotidien, les petits événements de la vie lui servent, bien mieux que les abstractions des scribes, à introduire dans la réalité du Royaume de Dieu.

La prédication est un énorme point faible de notre Église. Alors que le monde a prodigieusement changé, que le champ des connaissances s’est élargi, que les études bibliques ont ouvert à de nouvelles lectures des Écritures, que des religions diverses se rencontrent, des multitudes de pratiquants en restent à un vague sentiment religieux et n’écoutent pas ce que Pierre disait aux premiers chrétiens : « Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte » (1 Pi 3, 15).

L’Eucharistie n’est pas qu’un moment sacré où l’on consacre et consomme le Pain et le Vin : elle est un repas familial auquel le Christ nous invite. La moindre politesse est de se sentir très honoré d’y être invité, de se presser pour y arriver à l’heure, d’attiser son désir d’écouter la Parole qui éclaire, Les paroissiens se doivent de demander des conditions d’écoute parfaite, de se plaindre de lectures incompréhensibles. Le peuple peut-il s’exprimer en-dehors des chants ? La question se pose depuis longtemps.

Des multitudes de pratiquants prennent énormément de temps devant leur écran, pour s’informer de politique ou de sport, se distraire devant les « séries », être à l’affut des annonces publicitaires. Combien s’abonnent à des médias chrétiens qui les renseignent sur la vie de l’Église, les aident à réfléchir sur les enjeux de la foi aujourd’hui ?

J’assume ma part de responsabilité dans les défaillances de l’ « enseignement » de l’Église puisque j’ai été accepté dans l’Ordre des Frères Prêcheurs.

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.
Véronique Devise, à la tête du Secours catholique France

Véronique Devise, à la tête du Secours catholique France

Véronique Devise, 56 ans, doit succéder ce mardi 15 juin à Véronique Fayet à la présidence du Secours catholique. Originaire du Pas-de-Calais, cette assistante sociale de formation est réputée pour son écoute et son efficacité.

Quand on lui parle de ce nouveau poste à la tête du Secours catholique elle désamorce d’un sourire : « Au Secours catholique on ne prend pas de responsabilité, on répond à un appel ». Elle y voit surtout « l’aboutissement de quinze ans d’engagement au sein du Secours catholique ». « J’ai dit oui pour continuer à lutter contre la pauvreté et ses causes mais j’ajouterai avec les pauvres. Avec et à partir des pauvres ».

Quinze ans au Secours catholique

Véronique Devise, 56 ans, mère de quatre enfants et grand-mère de bientôt cinq petits-enfants, a constamment choisi d’orienter sa vie vers les plus démunis. Par son métier d’assistante sociale d’abord, qu’elle exerce depuis une trentaine d’années. elle travaille en milieu hospitalier en pédiatrie, où elle accompagne des familles avec des enfants atteints de maladie incurable. Puis enchaîne avec une expérience dans une structure d’insertion professionnelle, une autre d’aide à la personne et une dernière consacrée à l’accueil des personnes handicapées.

« Les parents étant souvent en situation de pauvreté, quand on a des enfants porteurs d’un handicap, parfois le handicap a une origine sociale et non génétique. Elle prend son origine dans la pauvreté des familles ...Je trouvais qu’on ne comprenait pas toujours assez la complexité de ces familles que l’on condamnait un peu vite. »

Une vie professionnelle riche, tournée vers les plus fragiles, à laquelle il faut ajouter ses nombreuses activités bénévoles et associatives. Bénévole dans une prison elle a par la suite lancé un groupe de parole pour les personnes atteintes de longue maladie incurable.

« Et les orientations du Secours catholique permettent vraiment de réfléchir à comment accompagner, comment remettre les gens debout ». Véronique parle calmement, doucement. « Si on regarde dans les évangiles, songez que les trois-quarts des textes sont liés à des personnes exclues ! ». Parmi les figures qui l’inspirent on retrouve saint François d’Assise « qui a su défendre les plus pauvres avec une grande humilité ». Mais aussi le pape François « qui a connu toutes les pauvretés dans son pays et qui a une profonde sensibilité aux plus pauvres ».

« Pour moi c’est le vrai message : l’Église doit aller aux périphéries et notamment dans ces lieux où personne ne va », reprend-t-elle.

L’ancien Président du Secours catholique de 2008 à 2014, François Soulage, a lui aussi marqué Véronique Devise. « En voyant sa manière d’agir en tant que chrétien au niveau politique, j’ai réalisé qu’il fallait que je travaille cela, que je réussisse à assumer et témoigner de mes convictions religieuses ». D’ailleurs, pas question pour elle d’enlever le terme « catholique » du nom de l’association. « Dans le Secours catholique, le « catholique » est important ! On se pose régulièrement la question de l’enlever mais cela dit quelque chose de qui nous sommes. Il faut l’assumer tout simplement. »

C’est la parabole du Bon Samaritain que Véronique évoque spontanément lorsqu’on lui demande un passage de la Bible qui l’a nourri particulièrement. « Il y a deux messages importants dans ce texte », détaille-t-elle. « Je retiens que le plus important est d’aller vers son prochain, vers la personne souffrante ». « Ensuite, tout simplement, nous ne sommes pas seul. Le Bon Samaritain fait appel à l’aubergiste. Au Secours catholique nous fonctionnons en réseau, nous ne sommes pas isolés les uns des autres. Dans les situations les plus complexes on a besoin des autres. Seul, on ne peut y arriver ».

Deux certitudes fondatrices pour Véronique Devise : « Il ne faut pas réduire les personnes à leurs difficultés, leurs fautes ou leurs incompréhensions. En chacun de nous on peut appeler ce fond de l’homme qui est bon et qui peut donc nous donner l’espérance que le monde sera meilleur demain. Et je pense qu’il est en route ».

(Dans Aleteia 16 juin 2021)
Échos du Monde

Échos du Monde

82,4 millions, c’est le nombre de personnes fuyant les guerres, les persécutions et les exactions, souligne le rapport annuel l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) publié vendredi 18 juin. Ce chiffre, qui compte le nombre de réfugiés, de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et de demandeurs d’asile, est deux fois plus élevé qu’il y a dix ans. Aujourd’hui, 1% de l’humanité est déplacé et il existe deux fois plus de « personnes déracinées » qu’il y a dix ans quand le nombre total atteignait environ 40 millions. (in Aleteia 20 6 21)

17 juin, Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, l’Unicef alerte. En Afrique, plus de 220 millions d’enfants et leurs familles ne disposent pas d’eau potable. L’impact est croissant: 58 % des enfants d’Afrique orientale et australe et 31 % des enfants d’Afrique occidentale et centrale vivent dans des zones où la vulnérabilité à l’eau est élevée, voire extrêmement élevée. La situation ne fera qu’empirer, car le changement climatique entraîne des phénomènes météorologiques extrêmes et imprévisibles et la croissance démographique a des répercussions sur les ressources en eau en raison de l’augmentation de la demande et de la concurrence pour l’eau. (Cathobel 18 6 21)

Terre solidaire. Comité catholique contre la faim - En Amérique latine, 1 % des plus riches concentrent 40 % des richesses. Ils ne partagent qu’à 3, 8 % des recettes publiques. L’Amérique latine est la région la plus inégalitaire du monde.- Il est impérieux d’instaurer un impôt sur la personne. – Notre action de solidarité repose sur des partenariats avec des organisations locales. Chaque année, nous avons un impact positif sur la vie de plus de 2, 4 millions de personnes dans le monde. (Communiqué 23 6 21)

Gand – Belgique. Une professeur de l’université a ouvert la première clinique belge pour chats et chiens obèses. Nombre d’animaux de compagnie souffrent en effet de surpoids (Journal « La Libre » 28 05 21).

Parfois, pour accumuler de la richesse,
on ne prête pas attention à son origine,
aux activités plus ou moins légales qui l’ont engendrée
et à la logique d’exploitation qui peut la sous-tendre...
Dans certaines régions, on touche de l’argent
et on se retrouve avec du sang sur les mains,
le sang de ses frères »

Pape François
( Discours devant les inspecteurs anti-blanchiment du Conseil de l’Europe – 8 10 21 )
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