header2

2ème dimanche de Pâques – Année B – 11 avril 2021

Évangile de Jean 20, 19-31

Dimanche de la Miséricorde

2ème dimanche de Pâques - Année B – 11 avril 2021 – Évangile de Jean 20, 19-31

Pape François : La Miséricorde


« La Miséricorde est le mot-clé pour indiquer l’amour de Dieu envers nous. Son amour n’est pas seulement affirmé, mais il est rendu visible et tangible. D’ailleurs, l’amour ne peut jamais être un mot abstrait. Par nature, il est vie concrète.

La Miséricorde de Dieu est sa responsabilité envers nous. Il se sent responsable, c.à.d. qu’il veut notre bien et nous voir heureux, remplis de joie et de paix.

L’amour miséricordieux des chrétiens doit être sur la même longueur d’onde. Comme le Père aime, ainsi aiment les enfants. Comme il est miséricordieux, ainsi sommes-nous appelés à être miséricordieux les uns envers les autres.

La Miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Église....La crédibilité de l’Église passe par le chemin de l’amour miséricordieux.

Sans le témoignage du pardon, il n’y a qu’une vie inféconde et stérile...Le temps est venu pour l’Église de retrouver la joyeuse annonce du pardon. »

François : Ouverture du Jubilé de Miséricorde - § 9.

Évangile de Jean 20, 19-31

Dimanche de la Miséricorde


Lorsque quelqu’un, même par inadvertance, nous a causé quelque tort, nous aimons lui rappeler sa responsabilité, mettre sous ses yeux le dommage subi, en exagérer même les proportions afin que l’auteur ne se disculpe pas trop vite : « Regarde ce que tu m’as fait. C’est de ta faute ». Pâques révèle aux disciples que le Seigneur agit tout au contraire de nous : la croix sur laquelle ils l’ont laissé mourir devient la source de leur pardon.

Paix et Joie du Ressuscité

Terrés dans la maison d’un ami à Jérusalem, au lendemain du sabbat, les disciples vivent dans la tourmente et la perplexité.. Les autorités qui ont jugé et exécuté Jésus ne vont-elles pas fouiller partout pour retrouver et arrêter ses collaborateurs ? Par ailleurs Marie Madeleine, hors d’elle, est survenue ce matin pour assurer que le tombeau est vide, que le cadavre a disparu : plus stupéfiant encore, elle est revenue affirmer qu’elle avait vu Jésus ressuscité et qu’il l’avait envoyée à eux.

Que va-t-il se produire ? Les hommes se souviennent de leur vie avec le Maître : comme ils ont été lourdauds ! Que de fautes ils ont commises : leur manque de confiance envers lui, leur lenteur à le comprendre, leurs rivalités jalouses pour occuper les premières places : « Qui est le plus grand ? ». Enfin et surtout leur lâcheté ignoble : tous avaient juré de donner leur vie pour lui...et tous ont fui comme des lâches à l’approche des soldats. C’est même l’un d’eux qui l’avait dénoncé. Et Pierre avait juré ne pas même connaître ce prisonnier.

Les disciples qui voulaient tant libérer Israël étaient à présent prisonniers, tremblant de peur et écrasés par la culpabilité. Ils se sentaient impardonnables, voués à la haine des hommes et à la vengeance de Dieu. Or ...
Le lendemain du sabbat, au soir, 3ème jour après la mort de Jésus, premier jour de la semaine juive, dans la maison aux portes verrouillées, Jésus vient et se tient au milieu d’eux. Il leur dit : « Paix à vous – Shalom ». Et en leur parlant, il leur montre ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie.

Tout à coup une présence au milieu. Ils ne l’appelaient pas puisqu’ils la craignaient. Le Vivant n’émanait pas du groupe comme une projection consolatrice : il venait. Il devenait « leur milieu ».

Au lieu de déchaîner reproches et courroux, et sans même exiger de pénitence, il dit « shalom ». Ce n’est plus seulement le salut habituel : c’est un don qui montre sa source : les plaies. Ma croix, subie dans l’horreur, je la fais croix sur vos péchés. Ma croix, infligée par les hommes, devient miséricorde pour les hommes. Aussitôt, avec la surprise jaillit un torrent de joie dans leurs cœurs libérés, comme il le leur avait promis lors du dernier soir : « Je vous reverrai, votre cœur alors se réjouira ; et cette joie, nul ne vous la ravira » (16, 3)

Croire à la résurrection, c’est d’abord recevoir le pardon, si nombreux et si lourds soient nos péchés. Le « milieu » de l’Église est le visage souriant de la Miséricorde. La fausse projection, c’était la terreur devant un Dieu vengeur.

Recréation par l’Esprit


Alors à nouveau, Jésus leur dit : « La paix à vous. Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie ». Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et dit : « Recevez l’Esprit-Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus »

Le Ressuscité met fin à tout confinement car il ne crée pas un groupe clos sur lui-même. Anticipant la Pentecôte racontée par Luc, Jean montre le lien immédiat et insécable entre le Jésus pascal et l’Esprit de Dieu. Celui-ci est donné sur le champ par le Ressuscité.

On sait en effet aujourd’hui les tentations de parler de « spiritualité » pour désigner des émotions et des faits miraculeux qui n’ont rien à voir avec la vérité de l’Évangile. C’est bien la foi dans le Christ ressuscité - parce qu’il a été crucifié - qui autorise à croire que l’on vit de l’Esprit. Pratique de la Parole évangélique, croix, résurrection, don de l’Esprit : l’enchaînement révèle qu’il n’y a qu’une mission qui vient du Père, s’accomplit par le Fils pascal et s’épanouit dans l’histoire par l’Esprit. Toute inspiration n’est pas celle de l’Esprit.

Et la mission n’est pas un ordre, une obligation que certains ont à assumer. « Jésus souffle sur eux » : le geste symbolique s’exprime de la même manière que dans le récit de la création au 2ème chapitre de la Genèse (2, 7) et en outre il évoque la célèbre scène du peuple écrasé en exil et comparé à des ossements desséchés sur lesquels Dieu ordonne d’envoyer le souffle : « Souffle sur ces morts et ils vivront...Le souffle entra en eux et il vécurent, ils se tinrent debout...Ainsi parle le Seigneur Dieu : je vais ouvrir vos tombeaux, je vous ferai remonter de vos tombeaux... Alors vous connaîtrez que je suis le Seigneur qui parle et accomplit » (Ez 37, 9 ...).

La mission est donc comme un fleuve unique : Père, Fils, apôtres ...avec une destination unique : le monde. Elle n’est pas prosélytisme acharné, désir de recrutement, obsession de la perdition, comptabilité des effectifs, comparution devant le bureau de douane (pape François). Elle est offre d’hommes et femmes libres à des hommes et femmes libres. Elle est proposition d’Évangile par des envoyés qui débordent de la joie d’avoir eux-mêmes été pardonnés et qui désirent offrir la même joie aux autres.

Elle est mouvement universel de re-création. Le salut du monde ne sera jamais œuvre d’hommes mais de la puissance récréative de l’Esprit de Miséricorde.

La rage de voir

Rien ne montre mieux la difficulté de la mission que la scène célèbre de Thomas. Absent de la communauté au soir de Pâques, il refuse catégoriquement de croire aux affirmations unanimes de ses collègues. Il veut voir et toucher.

Devant l’échec, une solution : demander à l’incrédule de se joindre à la communauté lorsqu’elle se réunira « huit jours plus tard ». Affirmation la plus forte faite à tous ceux qui doutent : la foi ne naît pas de discussions intellectuelles mais à partir d’une démarche. Demander l’accueil de la communauté le premier jour de la semaine (qui n’est pas le lundi mais le dimanche), jour de la résurrection, donc jour du Seigneur, donc jour de l’assemblée qui rayonne de la joie inaltérable du pardon en partageant la Parole du Seigneur et en rompant son Pain qui donne la Vie éternelle.

Alors, s’il en est ainsi, si l’incrédule découvre non un assemblage de gens recueillis et pieusement moroses, mais des croyants qui manifestement rayonnent de la joie du pardon et sont une communauté ressuscitée par l’Esprit, alors il lui est possible de ne plus chercher à voir les plaies de Jésus mais à voir des croyants dont les plaies du péché sont guéries par l’Esprit.

Et l’admirable, c’est que le plus réticent à croire va être celui qui ira le plus loin dans la foi en confessant le sommet de l’évangile : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Accepterons-nous d’être « dépassés » bientôt par ces nouvelles générations sceptiques devant l’Église et qui peut-être vont comprendre que la victoire sur tous les confinements et le don de la joie authentique sont donnés par le Seigneur présent au milieu de ceux qui chantent sa Vie ? Les nouveaux ne nous demanderont pas de retourner en arrière mais de sortir de nos ornières et, avec eux, d’inventer du neuf.

But de l’Évangile

Et voici la conclusion finale de l’évangile de Jean car le chapitre 21 qui suit dans nos éditions est manifestement l’œuvre de disciples de Jean qui l’ont ajouté à son livre. Ces quelques lignes sont très importantes car l’auteur y note sa méthode et son but.

« Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Ceux-ci y ont été mis par écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, en croyant, vous ayez la Vie en son Nom ».

Donc Jean a fait un tri dans les paroles et œuvres de Jésus et il en a choisi quelques-unes en tant que « signes ». Donc l’évangile n’est pas la biographie de Jésus rédigée par un historien mais une rédaction qui « signifie », qui tente d’orienter le lecteur vers la découverte de la personnalité de Jésus et de l’inviter à croire qu’il est bien Messie, Fils de Dieu et donc à lui faire confiance. Ainsi en interprétant les signes, le lecteur pourra croire et il recevra la Vie de Dieu.

Conclusion

Au milieu des disciples le Seigneur diffuse son pardon et sa paix. Et il nous souffle à la rencontre de tous les hommes pour agir comme lui : consoler, soigner, relever, nourrir, révéler le Père, ouvrir les yeux, faire entendre la vérité.

Pandémie, pauvreté grandissante, planète en péril, conflits partout, gaspillage : la tâche est immense. Mais l’Esprit est puissant et nous fait traverser la mort. Heureux ceux qui croient sans avoir vu le Ressuscité et qui le voient encore souffrant sa passion chez les pauvres.

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.
Pape François : Partager les vaccins avec les pauvres

Pape François :
Partager les vaccins avec les pauvres

Ni « fantôme », ni « mirage », ni « échappatoire », le Christ ressuscité est « espérance » et « réconfort ». En présidant la bénédiction « Urbi et Orbi » – à la ville et au monde – en ce jour de Pâques, 4 avril 2021, le pape François a invoqué la bonne nouvelle de la résurrection pour tous ceux qui souffrent de la pandémie. Il a appelé notamment à accélérer les campagnes de vaccination, « un instrument essentiel pour cette lutte ».

Le Christ ressuscité, a-t-il dit, est espérance « pour les malades et pour ceux qui ont perdu une personne chère » : « Que le Seigneur les réconforte et qu’il soutienne les efforts des médecins et des infirmiers. »

Le pape a également évoqué les jeunes « qui ont été contraints de passer de longues périodes sans aller à l’école ou à l’université ni partager le temps avec leurs amis » : « Nous avons tous besoin de vivre des relations humaines réelles et pas seulement virtuelles, particulièrement à l’âge où se forme le caractère et la personnalité », a-t-il souligné.

Internationalisme des vaccins

Pour sortir de la crise sanitaire, il a souhaité un “internationalisme des vaccins”, exhortant la Communauté internationale « à un engagement partagé afin de surmonter les retards dans leur distribution et en favoriser le partage, en particulier avec les pays les plus pauvres ».

La pandémie, s’est aussi attristé le pape argentin , « a malheureusement augmenté dramatiquement le nombre de pauvres et le désespoir de milliers de personnes ». Il a souhaité que la résurrection soit « un réconfort pour ceux qui ont perdu leur travail ou traversent de graves difficultés économiques et qui sont privés de protections sociales adéquates ».

« Que le Seigneur inspire l’action des autorités publiques afin qu’à tous, en particulier aux familles les plus nécessiteuses, soient offertes les aides nécessaires à une subsistance suffisante », a-t-il ajouté.
Marche pour le climat

Marche pour le climat

La loi Climat du gouvernement n’est pas à la hauteur. C’est ce qu’ont clamé les manifestants du dimanche 28 mars dans toute la France. 110 000 personnes (selon les organisateurs, 44 000 selon la police) ont répondu à l’appel de nombreuses associations comme Alternatiba, Greenpeace, Oxfam France et ATD-Quart monde.

Des « cortèges de croyants »

Du côté des chrétiens, certaines organisations catholiques et protestantes avaient bien l’intention de se montrer solidaires de ce mouvement. Ainsi, les Chrétiens unis pour la Terre (CUT), la Mission populaire évangélique, le Mouvement du christianisme social, la Fédération protestante de France, le CCFD-Terre solidaire, le Ceras, le Réseau Foi & Justice Afrique Europe et les Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes de France ont appelé conjointement à constituer un « cortège des croyants ». Un petit groupe d’une trentaine de personnes a ainsi répondu à l’appel à Paris. D’autres groupes d’une dizaine de personnes se sont formés à Valence, Nîmes, Strasbourg, Nice et Rennes.

Coïncidence : le jour de la manifestation correspondait au dimanche des Rameaux. Pour marquer le coup, les chrétiens étaient invités à venir marcher avec leurs rameaux bénis. « Les rameaux sont un signe de la gloire de Dieu, explique Priscille de Poncins, C’est un symbole d’espoir. Si tous les hommes de bonne volonté s’unissent, on peut changer la donne. Cela signifie aussi que c’est l’ensemble de la Création qui doit être sauvé, et pas simplement les humains. »

Thibault, 28 ans, poursuit le parallèle entre la commémoration de la Passion et le combat politique pour l’écologie : « Cette crise qui nous touche est la mort de la société actuelle. Nous espérons, avec le Christ, faire advenir une nouvelle société, plus sobre et plus heureuse ».

Un signe pour les politiques

Les Rameaux, c’est aussi le signe de la foule, fait remarquer Alexia, elle voit dans cette marche pour le climat « l’occasion de s’unir entre chrétiens sur des valeurs communes que nous ne mettons pas assez au centre de nos vies ».

Mais au-delà du symbole spirituel, le cortège des croyants a un sens plus politique. C’est la conviction de Laura Morosini :« C’est d’abord un signe pour les autres croyants, pour leur montrer qu’ils ont une place dans ces manifestations. C’est aussi un signe pour les politiques : pour qu’ils sentent que les croyants ne se mobilisent pas que « pour la boutique », pour leur demander de réparer les églises, pour manifester sur la bioéthique ou pour les écoles catholiques. Enfin, c’est un signe pour le monde militant. Parmi eux, beaucoup finissent par se décourager et laisser tomber le militantisme…

« J’assume la référence à Laudato si’ »

L’ancienne ministre de l’écologie Delphine Batho, aujourd’hui député des Deux-Sèvres, reconnaît le rôle que peuvent jouer les chrétiens. N’a-t-elle pas intitulé son manifeste politique « Écologie intégrale » en 2019 ? « J’assume la référence à Laudato si’ », confie-t-elle en marchant, reconnaissant dans le texte du pape « une des contributions les plus importantes et les plus profondes à la réflexion sur le lien entre la destruction de la nature et les inégalités sociales ».

Elle ajoute : « Moi qui suis athée, j’assume totalement la dimension spirituelle de la transformation écologique : l’humilité, le refus du sur-consumérisme, l’importance donnée aux valeurs morales par rapport à la possession des choses. »

Une voie étroite

Le fondateur de « Coexister » S. Grzybowski, qui a rendu visite au pape quelques jours plus tôt le confirme : « Beaucoup de croyants sont engagés sur ces questions mais ils ne le font pas de façon « identitaire », ils sont disséminés un peu partout. Sur la question écologique, je ne vois pas l’intérêt de participer à un cortège des croyants. En revanche, cela a du sens de se structurer au sein de nos communautés pour les faire bifurquer vers l’écologie. »

Action locale et réflexion intellectuelle

Laura Morosini et les Chrétiens unis pour la Terre semblent se contenter de leur rôle : être présent dans les cortèges. « On est convaincu que même à 10, avec une banderole ou des gilets, c’est très utile. »

Le renfort d’une prise de parole officielle des Églises, notamment des évêques, serait une bonne ressource pour la cause. « Il faut que les Eglises prennent la parole, estime Laura Morosini. Le pape ne peut pas faire tout le boulot ! On a dix ans pour changer. »

Par Sixtine Chartier
Publié le 30/03/2021 dans LA VIE (extraits)

Ce qui est essentiel,
ce n’est pas ce que nous disons
mais ce que Dieu nous dit.

Mère Térésa

Cliquez-ici

Abonnement gratuit sur simple demande adressée à r.devillers@resurgences.be

Merci de préciser vos nom, prénom, ville, pays et engagement éventuel en Église.

Toutes les homélies sont toujours visibles à l'adresse :

https://resurgences.be