Galilée, Copernic, Mendel, Lemaître, autant de noms qui évoquent les progrès scientifiques au cours des siècles. Certains ont été combattus par l’Église, d’autre en ont été des clercs. Alors que comprendre du positionnement de l’Église par rapport aux sciences ?
Une opposition de principe ?
La condamnation de Galilée en 1633 est souvent invoquée pour montrer l’existence d’une opposition entre la foi et la science : au nom de la Bible, des hommes d’Église auraient entravé le progrès de la science en condamnant celui qui avait mis en évidence la rotation de la Terre autour du Soleil. Cette généralisation ne rend cependant pas justice au soutien que l’Église a constamment accordé à l’entreprise scientifique.
Par exemple, l’institution universitaire est née au début du XIIIe siècle grâce à l’impulsion de l’Église et a donné naissance à diverses facultés (philosophie, théologie, droit, médecine). Parmi les grands hommes de science, beaucoup furent des ecclésiastiques : Nicolas Copernic (XVIe siècle) à l’origine du système héliocentrique, Gregor Mendel (XIXe siècle) fondateur de la génétique, Georges Lemaître (XXe siècle) pionnier de la cosmologie moderne.
L’idée d’une Église opposée par principe aux progrès scientifiques est donc un mythe. Il faut néanmoins reconnaître que des points de friction ont existé entre l’Église et les scientifiques. Cela s’explique d’abord par le fait que la foi chrétienne ne peut pas être purement et simplement réductible à ce qui est accessible à la raison.
Il existe des mystères : par exemple la Trinité (un seul Dieu en trois personnes) ou le Christ vrai Dieu et vrai homme. Ces vérités sont reçues de Dieu. Elles ne s’opposent pas à la raison et comportent une cohérence mais elles ne peuvent pas être démontrées. Celui qui pense que tout est scientifiquement démontrable se heurtera donc aux mystères de la foi parce que la science n’est pas le seul critère de vérité.
Celui qui pense que tout est scientifiquement démontrable se heurtera aux mystères de la foi.
Sciences naturelles ou philosophie
Les points de friction s’expliquent également par la spécialisation des savoirs et en particulier par la séparation entre les sciences naturelles et la philosophie. La philosophie s’interroge sur l’origine des choses, qui est ultimement le Dieu Créateur. Celui-ci n’est connu de manière complète que par la foi chrétienne mais son existence peut être découverte par la raison.
Au contraire, la science s’interroge sur les causes les plus immédiates, c’est-à-dire sur les différents processus à l’œuvre dans la nature. Alors que jusqu’au XVIIe siècle les savants étaient à la fois philosophes et scientifiques, la spécialisation a séparé ces disciplines. Or c’est d’abord la philosophie qui amène à admirer l’œuvre de la nature et donc à voir l’harmonie entre sciences et foi chrétienne, même si cette dernière reçoit des lumières plus importantes de la révélation de Dieu lui-même.
Comme le dit le livre de la Sagesse, « à travers la grandeur et la beauté des créatures, on peut contempler, par analogie, leur Auteur » (Sg 13, 5). Pour le scientifique, foi et raison sont donc appelées à s’enrichir mutuellement : mieux comprendre l’aidera à mieux croire et mieux croire l’invitera à mieux comprendre.
Fr. Ghislain-Marie Grange, dominicain
Diplômé de l’École Polytechnique
Licencié en philosophie et en théologie
Cet article est tiré d’un n° de la revue française : Initiales : « Foi et Science, un mariage impossible ? », datée de septembre 2022. Initiales, c’est une revue trimestrielle qui s’adresse aux animateurs de catéchèse, d’aumônerie de l’Enseignement public, en pastorale scolaire dans l’Enseignement catholique, animateurs de mouvements, ou à tout adulte qui souhaite se nourrir d’une réflexion et cherche des outils d’animation pour annoncer Jésus Christ aux adolescents et les aider à entrer dans l’expérience croyante de l’Eglise. – cf site INITIALES.