Homélies et commentaires par fr. Laurent Mathelot OP

Résurgences

Fra Angelico  : la Transfiguration

Au XVe siècle, le dominicain Fra Angelico a peint l’épisode de la Transfiguration dans une cellule de son couvent. Une scène sobre et dépouillée, inondée de lumière. L’œuvre est commentée par l’historien de l’art Venceslas Deblock.

Dans le calme du couvent Saint-Marc, les cellules peintes par Fra Angelico au XVe siècle proposent une méditation artistique sobre et puissante. Dans la Transfiguration, le décor est ainsi réduit à sa plus simple expression : un monticule rocheux issu des icônes orientales. Fra Angelico met en valeur la lumière divine qui est au cœur même de l’épisode. Par des couleurs claires, des ombres réduites et un fond d’ocre jaune, sur lequel se dessine une blanche mandorle, il donne la priorité à la portée spirituelle de la Transfiguration.

Tout conduit vers le Christ : la composition pyramidale dont il est le sommet, le rocher peint comme un socle, sa haute stature et la mandorle qui l’entoure en signe de manifestation divine. Au cœur de la lumière, il en est comme la source, illustrant la parole de l’évangéliste Jean : « Je suis la lumière du monde ». Ses bras dessinent déjà la forme de la Croix, la Transfiguration étant liée dans les Écritures aux premières annonces de la Passion. Mais c’est ici une croix de lumière, paisible et déjà porteuse de résurrection. La lumière du Christ envahit toute l’œuvre et entoure les personnages, illustrant la promesse du Christ : « Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. »

Le mystère du Christ transfiguré est destiné à l’humanité entière et traverse les temps. Il illumine le passé, représenté par les visages d’Élie et de Moïse, identifiable aux rayons de lumière surgissant de sa tête. Il illumine les plus proches de Jésus, les apôtres : Pierre, plein de crainte, qui est prêt à fuir. Jacques, ébloui par la lumière resplendissante comme le soleil, et Jean, agenouillé devant la révélation de l’identité divine du maître. Il illumine l’Église de tous les temps symbolisée par Marie, et l’ordre dominicain auquel appartenait Fra Angelico, représenté par saint Dominique.

« N’ayez pas peur », dit le Christ aux témoins de sa Transfiguration. Assurément, Fra Angelico n’a pas peur de son Seigneur qu’il peint comme une douce figure de salut, écrivant de son art : « Si l’on travaille pour le Christ, il faut vivre sans cesse près du Christ ».

Venceslas Deblock, le 01/11/2022


Publié le

dans

,

par