Mgr De Kesel, archevêque de Bruxelles
L’Eglise semble traverser une longue crise. Comment décririez-vous l’état du christianisme en Belgique ? Est-il en train de disparaître ?
Non je suis absolument convaincu que ce n’est pas le cas. Il s’agit de bien comprendre la crise et l’épreuve que les catholiques traversent. A la suite de la modernité, qui commence pour moi le 24 octobre 1648 avec la Paix de Westphalie qui institue la tolérance religieuse, le christianisme a perdu son statut de religion culturelle.
Certains voient dans la perte de ce statut, puis dans la sécularisation, l’origine de tous nos maux. Je ne partage pas cet avis. Le christianisme ne peut pas être pleinement lui-même lorsqu’il est la religion hégémonique. Que l’Église traverse donc une crise est indéniable, mais affirmer qu’elle s’achemine vers sa fin est inexact. Elle a changé de statut et doit être à l’écoute des signes des temps pour repenser la façon d’accomplir sa mission. Je suis donc persuadé que la sécularisation offre à l’Église une place plus ajustée à ce qu’elle doit être…
( Cardinal J. De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles – vient de publier « Foi et religion dans une société moderne (éd. Salvator) – interview dans « La Libre » 26 05 21)