Ce mercredi 13 mars, le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, a donné une conférence en l’église de l’abbaye de la Cambre, à Bruxelles. Répondant aux questions du chanoine Eric de Beukelaer, il est notamment revenu sur son parcours de foi et sur les grands défis auxquels sont confrontés l’Eglise catholique en RDCongo et dans toute l’Afrique.
C’est dans une église remplie que le cardinal Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, a donné sa « conférence de carême », comme l’a nommée le chanoine Eric de Beukelaer. Celui-ci a abordé différentes thèmes avec celui qui est également président du SCEAM (Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar).
Partant de son parcours spirituel personnel, qui l’a amené à devenir prêtre au sein de l’ordre des Capucins, l’archevêque a parlé des immenses défi de l’Eglise catholique à Kinshasa, mégapole africaine de 17 millions d’habitants, tristement caractérisée par une « misère généralisée« . Dans cet immense archidiocèse, comme dans toute la RDCongo, l’Eglise « a choisi le camp du peuple, et essaie de l’accompagner dans sa misère« , indique le cardinal. « L’Eglise est une réalité présente, dynamique, une réalité qui inspire confiance et qui donne de l’espérance à la population.«
« L’homme congolais a toujours été considéré comme un outil de production »
D’où vient le malheur du peuple congolais? « Le malheur de notre pays, c’est que l’homme congolais n’a jamais été au cœur des préoccupations de ceux qui étaient appelés à prendre de grandes décisions« , explique Fridolin Ambongo. Avant comme après la colonisation, « l’homme congolais a toujours été considéré comme un outil de production, pas comme un être humain avec une dignité intrinsèque à promouvoir. Et c’est cette logique qui continue aujourd’hui dans notre pays« .
A la misère généralisée, le cardinal voit, en résumé, deux raisons principales. En premier lieu, la mauvaise gouvernance, l’ »égoïsme révoltant » de ceux qui ont dirigé le pays depuis l’indépendance en 1960 « L’exercice du pouvoir est compris essentiellement comme une occasion de jouissance« , précise-t-il.
L’avidité des grandes puissances
La deuxième raison de la misère, « c’est l’avidité des grandes compagnies minières pour les matières premières, des grandes puissances qui ont besoin d’avoir la mainmise sur Congo« . L’essentiel des mines au Katanga n’est aujourd’hui plus au mains des Occidentaux, mais de la Chine. Mais pour l’archevêque congolais, l’Occident semble chercher aujourd’hui à avoir à sa disposition un territoire à l’Est du pays, où se trouve le minerai stratégique. « A notre grand étonnement« , déclare le cardinal Ambongo, « l’UE a signé un accord de collaboration avec le Rwanda, qui est en guerre avec le Congo, qui a occupé une partie du Congo en soutenant le M23, pour un minerai qui ne se trouve pas au Rwanda, mais au Congo. On a donc l’impression que l’UE veut créer une zone de désordre à l’est du pays, pour continuer à exploiter le minerai du Congo à partir du Rwanda.«
Après ces problématiques brûlantes, le cardinal Ambongo, président du SCEAM, a également abordé les différents défis de l’Eglise catholique en Afrique, notamment le dialogue avec les autres Eglises et les autres religions. Il a également parlé du synode sur la synodalité, et sur le rôle du Conseil des cardinaux, dont il est membre.
Retrouvez l’intégralité de la conférence du cardinal Ambongo :