LE VRAI SENS DU CARÊME
Les apôtres et les premières générations chrétiennes n’ont jamais « fait carême ». Groupes minuscules perdus dans les multitudes païennes, ils se rassemblaient chaque premier jour de la semaine (Jour du Seigneur = Dimanche) et, au printemps, ils célébraient Pâques, la grande fête de la Résurrection du Seigneur qu’ils préparaient par trois jours de jeûne et qu’ils prolongeaient par les 50 jours joyeux de la Pentecôte.
Ce temps Pâques-Pentecôte reste le sommet de l’année liturgique.
Plus tard, en souvenir douloureux de la croix, on allongea le temps de pénitence d’abord à toute la semaine, dite « semaine sainte », puis peu à peu aux semaines précédentes.
Et comme il était depuis toujours strictement interdit de jeûner le dimanche – Jour du Seigneur, jour de joie et d’allégresse -, on remonta jusqu’au mercredi précédent afin d’obtenir une période de 40 jours. Le mot latin « quadragesima » donna le mot français carême dont l’entrée fut symbolisée par le rite de l’imposition des cendres.
Le carême n’est donc pas d’abord un temps d’ascèse, un ramadan chrétien, mais un chemin orienté vers son terme : Pâques. C’est en décidant de mieux communier au Christ mort et ressuscité que l’on décide de la façon de « faire carême » donc de « faire pénitence ».
Et il faut rappeler que le mot « pénitence » ne veut pas dire d’abord effort pénible, punition, privation, flagellation, souffrance…mais « conversion », changement d’orientation.
Cette conversion est une bonne nouvelle, une merveille de la foi judéo-chrétienne : elle affirme que l’homme n’est pas prisonnier dans la prison de ses fautes passées, dans le carcan de ses habitudes.
Elle remplace le « remords » qui ronge et décourage par le « repentir » qui espère à bon droit que du neuf est toujours possible.